« Les big Four constituent une vraie concurrence, et contribuent à nous pousser vers le haut » François Dalens, managing director au bureau de Paris du BCG
360 consultants à Paris, c’est beaucoup pour un cabinet de conseil de direction générale à Paris, mais il s’agit du même effectif qu’il y a 18 mois.
L’honneur reste cependant sauf, puisque le BCG continue de devancer ses deux principaux concurrents, McKinsey et Bain & Company. Deux années après sa nomination en tant que managing director, François Dalens nous livre sa vision du secteur. Pour cet ancien officier de réserve de la Marine nationale, qui file volontiers la métaphore militaire, la suprématie du BCG ne fait aucun doute.
- Info Consultor - Olivier Scalabre nouveau patron du BCG à Paris
- Qui est la deuxième femme à prendre la présidence d’un CA du CAC 40 ?
- De l’armée au conseil : « J’aide toujours mon pays, mais dans le domaine économique »
- Du tractage de semi-remorque au conseil en stratégie : la folle histoire d'une reconversion
- Chef d’état-major puis consultant : interview de Pierre de Villiers sur sa collaboration avec le BCG
- Anciens militaires devenus consultants : « J’avais envie de nouveaux challenges »
- Jean-Christophe Mieszala, directeur général de McKinsey France, répond à Consultor.fr
- Ma plus belle mission : « Rien ne sert d’avoir la meilleure idée au monde, si l’on est incapable de la délivrer de façon efficace » - Grégoire de Vogüé

Quel regard portez-vous sur le marché actuel ?
Un peu à contre-courant de ce que l’on entend, j’aimerais d’abord faire du french celebrating. 31 entreprises françaises figurent dans le Fortune Global 500 : la France occupe la 4e place après les États-Unis, la Chine et le Japon, alors que l’Allemagne n’est que 6e avec 28 entreprises représentées. Il faut s'en féliciter !
Ces sociétés françaises sont nos clients, puisque nous travaillons avec 60 % du CAC 40, et ce, dans la durée. L’un de mes indicateurs préférés est notre part de chiffre d’affaires réalisée grâce aux clients qui nous font confiance depuis plus de cinq ans : elle s’élève à 75 %.
2014 sera une bonne année pour le BCG puisque sa croissance mondiale va dépasser les 15 %, avec une croissance à deux chiffres en Asie-Pacifique, en Amérique latine et aux États-Unis. Les consumers goods ont progressé de 15 % cette année, devenant la première practice du cabinet. À Paris, le modèle de croissance se situe plutôt autour de 8-10 % et nous serons cette année dans le bas de la fourchette ce qui est un excellent résultat au vu de la conjoncture économique européenne.
Depuis votre arrivée à la tête du bureau parisien du BCG, en quoi les demandes du client ont-elles évolué ?
J’identifie aujourd’hui trois grands besoins sur lesquels nous concentrons notre réflexion et notre innovation. La croissance d’abord, qui est le driver numéro 1 de la création de valeur. Elle est au cœur de l’agenda de nos clients. La croissance, c’est s’interroger sur la stratégie, réfléchir à de nouveaux business models, mais aussi rechercher une efficacité opérationnelle accrue. Ce dernier point, par exemple, s’est matérialisé il y a un an par la création de huit « ops centers », des pools de ressources réunissant à la fois des consultants traditionnels du BCG et des experts issus de l’industrie. Nous avons noué un partenariat avec Procter & Gamble afin de partager les idées et méthodes de production system de P&G. Nous sommes également en train de bâtir un partenariat avec l’École CentraleSupélec pour tester de nouvelles idées opérationnelles en matière de lean, de production system, de mise en place de nouveaux standards industriels...
Cette démarche ne correspond pas à l’image du BCG. A-t-elle bonne presse en interne ?
Nous avons le souci d’être leading edge sur tous les sujets que nous traitons. Sur la place de Paris, nos équipes sont certainement celles qui ont le plus visité d’usines dans le monde. La démarche est valorisée en interne, car il s’agit de projets à fort impact, qui rapportent des centaines de millions d’euros et sont suivis de près par les directions générales.
Quels sont vos deux autres axes d’investissement ?
La recherche de l'efficacité opérationnelle est l’un d’entre eux. Outre l'optimisation des coûts, nous travaillons également à l’optimisation des prix (Pricing). Nous avons beaucoup investi au niveau mondial sur des outils de big data et d’analyse marketing. Nous disposons de trois pricing enablement centers dans le monde, dont l’un est à Paris.
Troisième axe d'investissement: la transformation digitale et ce, pour toutes les industries. Depuis le rachat de Digital Venture, nous avons créé des digital innovation factories, dont l’objectif est de développer en temps réel des idées et prototypes qui peuvent être exposés en interne ou au client. Nous n’avons pas vocation à déployer ces solutions, mais à avoir un rôle d’orchestrateur et de stratège.
Quel regard portez-vous sur l’arrivée des Big Four dans le conseil ?
Il s’agit d’une vraie concurrence, qui contribue à nous pousser vers le haut. Le différentiel de prix étant significatif, cette concurrence nous force à continuer à être très innovants et à avoir plus d’impact. Mais, il faut garder en tête qu’être à la fois dans l’audit et dans le conseil revient à faire cohabiter en interne deux populations – voire davantage si l’on compte les métiers de l’expertise comptable et du conseil juridique et fiscal – qui n’exercent pas le même métier. Se pose également un problème de portefeuille. Si du fait de la séparation de la clientèle en channel 1 et channel 2, l'activité de conseil se coupe de près de la moitié du CAC 40, la valeur ajoutée du métier, qui est d’apprendre en travaillant sur l’ensemble de l’écosystème, perd en intérêt. Ce n’est donc pas un modèle simple à opérer.
Envisagez-vous une croissance externe ?
Le rachat d’une société de conseil n’est pas à l’ordre du jour. Le BCG s’appuie à la fois sur un modèle de compagnonnage – avec un leverage de 7 à 8 consultants par partner qui nous permet de former en interne – et de up or out pour nos consultants.. La culture de notre société est très forte et les rapprochements ne seraient pas forcément vertueux.
Vous avez recruté plusieurs partners de Roland Berger récemment. Comment vont-ils devenir des partners du BCG ?
Un certain nombre de partners de Roland Berger, surtout de l’aérospatiale et de la défense où nous avions besoin de nous renforcer, nous ont rejoints. Ce sont des experts dans leur domaine, avec une grande capacité à former les jeunes. Leurs premiers mois au sein du BCG sont très prometteurs, tant du point de vue business que de leur adaptation.
Quelles menaces identifiez-vous pour l’avenir ?
Notre métier est le conseil en stratégie de direction générale. Il faut donc que les directions générales restent en France. Nous devons également continuer à attirer et recruter les meilleurs. Nous sommes classés troisièmes des entreprises les plus attractives pour les jeunes diplômés par Fortune. Mais le marché évolue très vite, beaucoup de sociétés sont attractives, et nous devons le rester.
Si l’on vous compare aux deux autres grands cabinets que sont McKinsey et Bain, quelles sont les spécificités du BCG ?
Au sein du BCG, Paris est le plus gros bureau, c’est une pièce centrale de la flottille, l’équivalent d’un porte-avions. C’est un pôle d’attraction des talents, qui ensuite irrigue et dissémine vers les autres bureaux. Il y a donc un niveau d’expertise à Paris qui n’est pas le même que celui de nos concurrents. Par ailleurs, nous avons un portefeuille extrêmement bien équilibré en termes de practices industrielles et fonctionnelles, qui nous permet de mieux passer les cycles.
Gaëlle Ginibrière pour Consultor
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
France
- 25/07/25
Baisse des effectifs en France, vague de départs d’associés, fin de l’activité secteur public, image dégradée : Clarisse Magnin aurait pu espérer un meilleur bilan - et un contexte global moins ardu.
- 25/07/25
Roland Berger fait appel à Angie pour accompagner son bureau France en matière de relations médias/relations publiques et dans sa stratégie sur les réseaux sociaux.
- 21/07/25
Fin mars 2025, EY-Parthenon annonçait la réunion de ses équipes transactions et stratégie. Vivront-ils heureux, auront-ils beaucoup d’enfants ? Eux y croient, et nous expliquent pourquoi. D’autres sont plus réservés. Mais sur le fond, tout le monde est d’accord : deal et strat ont intérêt à vivre ensemble.
- 15/07/25
Qui dit « McK », dit culture du secret. Signe d’un malaise palpable, d’anciens partners ont accepté d’évoquer les raisons de leurs départs du bureau parisien.
- 09/07/25
Selon le décompte de Consultor, Danny Dagher est le dix-septième associé – en moins d’un an – à quitter le cabinet, et Frédéric Remond, qui change « d’adresse », le dix-huitième.
- 09/07/25
Un cabinet coté en bourse, un ADN frenchy devenu européen, le goût des défis : bienvenue chez Wavestone. Le cabinet est piloté depuis 35 ans par son cofondateur Pascal Imbert, stratège, pragmatique et jovial, volontiers facétieux.
- 07/07/25
Il avait intégré le bureau de Roland Berger à Montréal il y a près de 10 ans, le senior partner Dominique Gautier a fait son come-back au sein du bureau parisien. Quant au partner spécialisé Consumer Goods, Nicolas Saïah, près de 13 ans chez Mars & Co, il rejoint le cabinet alors qu’il était à la tête du développement commercial et de l’innovation du groupe Nestlé.
- 02/07/25
Belle semaine successfull pour le consultant de Roland Berger, Marwane Taoufiki, 30 ans. Il vient à la fois d’être promu manager au sein de la plateforme Regulated & Infra (qui regroupe les Transports, le Service Public, et l’Énergie) du cabinet, et de battre un record personnel et sportif, en force athlétique, en soulevant une barre de pas moins de 300 kg.
- 01/07/25
Malgré un marché du conseil en strat atone, Arthur D. Little revendique une croissance continue lui permettant « de doubler de taille tous les 4 ou 5 ans ». Le point avec son pilote pour la France et le Maroc.