Partners : jeunes loups ou vieux schnocks ?

 

Une étude réalisée par le cabinet Wit Associés passe en revue les âges de 325 associés de dix cabinets de conseil en stratégie actifs en France. Majoritairement quadras, la démographie n’est pourtant pas la même d’un cabinet à l’autre. Revue des troupes.

 

19 Avr. 2021 à 16:54
Partners : jeunes loups ou vieux schnocks ?

 

Chacun le sait : dans le conseil en stratégie, l’accès au rang de partner est l’aboutissement d’une carrière souvent entamée à la sortie de grandes écoles de commerce et d’ingénieur. Au cours de laquelle on a résisté à de lourds horaires. Où l’on a vaincu les évaluations annuelles pour se hisser d’un rang à l’autre plus au moins rapidement.

Enfin, au bout de dix années (en moyenne, relire notre article) de ce parcours d’obstacles, les Highlanders du conseil en stratégie sont cooptés par leurs pairs.

On n’imagine donc, a priori, que partner n’est pas une option de début de carrière, mais plutôt, dans le meilleur des cas, un objectif de milieu/fin de carrière. Les cabinets que Consultor avait pu interroger sur ce point par le passé donnaient des estimations qui allaient dans le même sens : chez Bain, 37 % des associés avaient plus de 50 ans quand Oliver Wyman nous expliquait que « 15 % ont plus de trente ans d’expérience » (relire notre article).

Qu’en est-il dans le détail ? Wit Associés (dont les associés sont actionnaires à titre personnel de Consultor) a compilé pour Consultor l’âge des 325 associés actifs à date dans les dix premiers cabinets du classement Consultor 2019 (cette compilation a été faite antérieurement à la parution de notre classement 2020).

20 04 2021 infographie ages partner

45,7 ans en moyenne, mais des trentenaires très nombreux

Il en ressort que les associés scrutés ont en moyenne 45,7 ans. Les quadras prédominent dans le panel dont ils représentent une moitié. Ils ne sont plus que 87 sur la tranche 50-60 ans, et une poignée au-delà de 60 ans.

Ce qui témoigne d’une règle implicite (parfois totalement explicité comme chez Kea où on ne peut plus être partner passé 58 ans, relire notre article) : la quarantaine est l’âge roi pour devenir associé et au-delà on est plutôt doucement amené vers la sortie.

Ceci dit, les moins de 40 ans ne sont pas loin d'être une centaine dans notre panel et sont plus nombreux que les quinquagénaires. Voilà pour la photographie d’ensemble. Avec plusieurs facteurs de variation notables.

Comment les âges ont-ils été déterminés ?

Estimations

  • à partir d’un âge connu à une date donnée
  • à partir des dates de diplomation.

Les femmes plus jeunes que les hommes

Le genre d’abord. Les femmes du panel, bien moins nombreuses (sur ce point relire nos articles sur la parité dans le secteur) ont, en moyenne, 42,6 ans. Cinq ans de moins que leurs homologues masculins qui, eux, sont en moyenne âgés de 47,1 ans. Plusieurs pistes d’explication sont envisageables : Des profils en moyenne plus brillants ? Des promotions favorisées dans une logique paritaire ? Dur dur d'établir une réponse univoque sur ce point.

Des partnerships plus vieillissants que d’autres

Le cabinet ensuite. La moyenne d’âge d’un partnership à l’autre varie de sept ans entre McKinsey (42 ans) et Kea (49 ans). Sur ce point précis apparaît une claire différence de ce qu’il est attendu d’un associé, qui varie beaucoup d’une maison à l’autre.

Chez McKinsey ou au BCG, les associés bénéficient d’un temps d’acclimatation beaucoup plus long, pour développer leur réseau et leur capital intellectuel. Ce qui autorise donc des promotions beaucoup plus jeunes.

Là où dans d’autres firmes ne seront promus que des profils clairement en capacité de vendre au jour 1 de leur passage au grade de partner.

Il n’y a d’ailleurs dans le panel de l’étude que des associés McKinsey aux âges de 31 ans et 32 ans, et des associés McKinsey et BCG à 33 ans et 34 ans. Il faut aller jusqu’à 35 ans pour voir apparaître les premiers profils d’associés ailleurs, chez Advancy, Bain et Oliver Wyman.

Les principales caractéristiques du panel

  • 325 associés (275 hommes/50 femmes).
  • 149 ont fait une école d’ingénieur.
  • 120 ont fait une école de commerce.
  • 13 sont allés à l’université.
  • 11 sont allés à Sciences Po.
  • 6 sont diplômés d’une école normale supérieure.
  • 24 autres écoles (école à l’international).
  • En moyenne, ils ont démarré dans le conseil en l’an 2000.
  • Le plus récemment entré dans le conseil, en 2021, est Jean-Patrick Yanitch, le monsieur secteur public d’Oliver Wyman.
  • Le taulier : Olivier Fainsilber a démarré en 1984.
  • Les partners du panel ont travaillé 224 mois en moyenne dans le conseil (18 ans et demi).
  • Ils ont travaillé en moyenne dans 2 cabinets (7 pour les plus changeurs (relire cet article à ce sujet).

Même variation concernant l'âge moyen des premières nominations au rang de partner : à peine 35 ans chez Advancy, 40 ans chez Kearney. Là également les facteurs d’explication sont pluriels. La promotion d’un fast tracker (ces profils qui vont plus vite que la moyenne pour progresser dans la hiérarchie du cabinet) peut ne pas être représentative d’une politique d’ouverture au partnership plus précoce ou a contrario plus conservatrice.

En un mot comme en cent, le statut de partner recouvre des profils très divers. Il n’y a qu’à voir l’amplitude démographique des 325 profils analysés. Le plus âgé, un homme, compte 63 ans. Il a trente-deux ans d’écart avec le benjamin de la promotion : Axel Esqué. Ce dernier est né en 1989 et a tout récemment été promu chez McKinsey (relire notre article). CQFD.

Consultor.fr

 

Advancy Bain & Company Boston Consulting Group Kéa McKinsey Oliver Wyman Axel Esqué Jean-Patrick Yanitch
19 Avr. 2021 à 16:54
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commentaires (4)

Alumni
11 mai 2021 à 19:59
Merci pour l'analyse et le commentaire ajouté.
Cependant, cela nécessite quelques précautions
Exemple : chez Parthenon, un partner france n'est qu'un grade intermédiaire avant le partnersip.
De plus dans ce même cabinet, un ex-OC&C pouvait passer partner à 38 ans. Aujourd'hui, avec l'absorption par EY, j'en doute. Idem pour d'autres cabinets...

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Consultor2004
20 Avr 2021 à 16:54
Merci de votre vigilance.



Le graphique « âge moyen de la première nomination » renvoyait à l’âge moyen auquel les associés du moment au sein de chaque cabinet sont passés partner pour la première fois au cours de leur carrière de consultant. Il n’était donc pas contradictoire que cet âge moyen soit inférieur à l’âge du plus jeune des associés chez Kea à l’heure actuelle. Ceci dit, comme votre réponse le souligne, ce graphique pouvait manquer de clarté, voire prêter à confusion. Nous avons choisi de le sortir de l’infographie.

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prop
19 Avr 2021 à 17:18
Pour l'âge des femmes en moyenne plus bas c'est assez simple, il y a 10 ans il n'y avait presque que des hommes. Les partners les plus vieux sont donc plutôt des hommes. Là où sur les partners les plus jeunes on est plus proche de la parité.

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menfin
19 Avr 2021 à 17:16
Comment peut-on avoir un âge moyen de la première nomination à 37 ans par exemple chez Kea alors que l'âge minimum est de 39 ans !?

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