« Renouveler l’offre chaque trimestre » : le défi d’eleven selon Ambroise Huret
Positionné sur « la révolution de l’IA », eleven a vu son partnership doubler en un an alors que le secteur fait grise mine. Consultor a rencontré l’un de ses deux managing partners, Ambroise Huret.
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S’il ne fait pas partie des cofondateurs en 2008, Ambroise Huret a rejoint le cabinet en 2013 après avoir cofondé une première start-up cédée à Monster et débuté dans le conseil en strat’ chez Booz & Co. Cofondateur de deux autres start-ups revendues à Dassault Systèmes et Bearing Point, il croit dur comme fer au centre de gravité d’eleven – et le fait valoir.
Digital, data science : eleven a déjà su surfer sur plusieurs technologies et courants d’innovation. Celui de l’IA/genAI est-il différent ?
 Les innovations de rupture, d’un développement plutôt linéaire dans le passé, sont en train d’entamer une courbe d’ordre exponentiel. La vague de la genAI, et plus encore celle de l’agentique, sont beaucoup plus puissantes que celle du digital. Elles arrivent par rafales : ChatGPT, DeepSeek, Manus. La prochaine sera « quelque chose » d’ici quelques semaines ou quelques mois, mais pas quelques années.
Les innovations de rupture, d’un développement plutôt linéaire dans le passé, sont en train d’entamer une courbe d’ordre exponentiel. La vague de la genAI, et plus encore celle de l’agentique, sont beaucoup plus puissantes que celle du digital. Elles arrivent par rafales : ChatGPT, DeepSeek, Manus. La prochaine sera « quelque chose » d’ici quelques semaines ou quelques mois, mais pas quelques années.
Grâce à un positionnement adopté très tôt sur ces sujets et à son volontarisme, eleven a une carte à jouer tout en restant humble : nous allons nous aussi nous faire disrupter ! Voilà pourquoi nous nous disruptons déjà nous-mêmes : impossible, par exemple, d’expliquer aux fonds d’investissement que le travail de recherche des due diligences stratégiques prend toujours le même temps, avec autant de juniors mobilisés. Si les gains d’usage de la genAI peuvent conduire à une baisse de tarifs sur certains segments de l’activité de conseil, ils stimulent le développement d’autres propositions pour nos clients.
Devoir s’adapter en permanence à l’accélération tech, n’est-ce pas très « coûteux » ?
Cela nécessite un énorme travail de veille technologique et stratégique sur l’IA, d’une part, et de formation d’autre part. Chaque vendredi matin, toute la team y participe. À la fin de l’année, cela représente des semaines de production. C’est le prix à payer pour avoir des consultants capables de coder dans les langages souhaités par nos clients – ou qu’ils solliciteront bientôt. Si nous voulons être en avance par rapport à eux, nous devons avoir formé notre équipe en amont. Sachant que notre offre actuelle aurait paru futuriste il y a encore un an !
Ses grands éléments sont la genAI factory – parce que les programmes de data factory que nous menions chez de grandes sociétés du CAC40 se sont mués en grande partie en programmes de genAI factory. Notre travail consiste souvent à « leverager » des LLM [Large Language Models, ndlr] et à trouver des applications à très fort ROI chez nos clients.
Par ailleurs, lors de nos conversations commerciales, il y a beaucoup de sujets liés à l’IA agentique, dans le cadre de spécificités métiers. Si les premiers chatbots d’IA ont pu décevoir les entreprises au niveau des gains réels, l’impact de l’IA agentique sera bien supérieur. Ces « agents » sont capables de prendre la main sur les ordinateurs, de réaliser de façon autonome toute une série de tâches mobilisant des programmes distincts et de créer eux-mêmes des programmes à une vitesse inatteignable par l’être humain, y compris des équipes entières.
Dans une optique de confort, on pourrait être nostalgique de l’époque où Bain développait le Net Promoter Score ou Simon-Kucher, son outil de stratégie de pricing, qui allaient leur assurer des dizaines d’années de succès et dont ils tirent toujours un business important. Mais l’environnement d’eleven est différent, et son offre doit être revue chaque trimestre.
Quid de la concurrence ?
La totalité de notre équipe est dédiée à servir les directions générales autour de ces innovations majeures. Notre ADN est donc très différent de celui d’un cabinet généraliste qui va faire des stratégies Achats, des programmes de restructuring… avec une practice seulement portant sur ces sujets.
Entre le corporate et le private equity, nous voyons une grande variété de concurrents – cabinets généralistes ou pure players locaux ayant un positionnement autour de la data science exclusivement. Ces derniers sont peu nombreux.
Qui dit renouvellement de l’offre dit peut-être, aussi, évolution des profils à l’entrée ?
Tout à fait, bien que notre spécificité, à savoir intégrer des profils dotés d’une double formation, business et code/tech, reste inchangée. Nous y œuvrons via notre implication académique auprès des double diplômes X/HEC et Centrale/ESSEC. Notre programme de formation interne va toutefois s’intensifier dans les mois qui viennent, tout comme le travail de veille et de révolution de l’offre
Nous allons par ailleurs développer une seconde équipe, eleven factory, dédiée à l’industrialisation de tous les sujets sur lesquels travaille l’équipe initiale eleven strategy. La raison d’être d’eleven factory sera le passage à l’échelle chez nos clients.
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L’IA sait faire beaucoup de choses en théorie, mais les fait-elle déjà en pratique ? Les entreprises et les technologies sont-elles mûres pour le passage à l’échelle ? Et pour quel type d’usages et de transformations ? Des experts d’Avencore, Eight Advisory, Eleven, PMP Strategy et Strategy& partagent leurs points de vue sur l’état du marché et les cas d’usage pertinents.
Cela s’inscrit dans un mouvement, à savoir livrer des briques de genAI ready to use – que nous rendons sur mesure pour créer des édifices chez nos clients. Un exemple : sur le volet candidatures, pour la DRH d’un grand groupe ou d’une participation d’un fonds de PE, en quelques semaines, nous allons mettre en place un agent dédié répondant au besoin. Il suffira ensuite de mentionner différents critères de recherche dans le prompt pour obtenir un tableau comparatif et une fiche de recos des top ten profiles.
Pour autant, eleven ne fait pas de logiciel et ne prétend pas être un acteur Saas.
Quatre partners ou senior partners de plus en un an, pour un total de neuf désormais : eleven va-t-il poursuivre à ce rythme ?
Précisément, dans l’optique du passage à l’échelle chez nos clients, nous accueillerons très bientôt un nouveau partner en provenance de l’un des leaders mondiaux du conseil en stratégie, dont la particularité est d’avoir un profil dédié aux DSI.
Pour ceux nous ayant rejoints en 2024 ou tout début 2025, il y a un équilibre entre des compétences d’ordre vertical et horizontal. Thierry Quesnel, par exemple, apporte une expertise acérée des services financiers, idem pour Jean-Charles Ferreri sur les TMT. Sébastien d’Arco et Simon Georges-Kot stimulent des horizontales de compétences en data/IA/informatique quantique. Sous peu, ce sera donc au tour de la stratégie pour les DSI. Et d’autres profils montent actuellement en puissance en interne.
Quant aux équipes, malgré des évolutions dans les modes de travail, les changements induits chez nos clients mobilisent énormément de conseil – en stratégie, gestion du changement et mise à l’échelle. Cela va se traduire par de nombreux recrutements. C’est notre pari, notre vision stratégique.
Nous nous focalisons sur la construction de l’équipe qui va « avec » nos senior partners et partners, sur la croissance du chiffre d’affaires et de la base clients. eleven devrait d’ailleurs boucler l’année 2025 avec une centaine de consultants en son sein – le cabinet comptant actuellement 75 personnes, associés inclus.
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