Quand 27 étudiants défient le comex de Danone : retour sur l’ABC 2025 d’Accuracy
Lors de la finale de l’Accuracy Business Cup 2025, 27 étudiants représentant 9 pays ont relevé le défi stratégique et financier posé par Danone et Accuracy à Paris. Débrief avec le partner en charge de la compétition, deux équipes de candidats et des membres du comex du géant français de l’agroalimentaire.

Fêter ses 10 ans a toujours une saveur particulière. D’autant plus quand l’organisateur – le cabinet de conseil financier Accuracy, doté d’une branche stratégie depuis 2010 – retrouve le grand groupe qui fut son partenaire lors de la première édition, à savoir Danone.
Comme l’indique Antoine Guttinger, SVP Strategy, Transformation & Performance, « s’associer à la vitrine qu’est l’ABC, avec des participants du monde entier qui apportent des perspectives nouvelles aux défis que nous rencontrons », permet à la fois « d’établir un lien direct avec les étudiants et de leur donner un aperçu de Danone en tant qu’employeur ».
La 10e édition de l’ABC en chiffres
En 2025, l’Accuracy Business Cup a vu concourir plus de 700 équipes regroupant au total 2 000 étudiants issus de 130 universités : lors de la finale mondiale au siège parisien d’Accuracy, 9 équipes finalistes sont venues d’Allemagne, d’Italie, des Pays-Bas, d’Espagne, du Royaume-Uni, du Canada, d’Inde, du Maroc et de France.
AND THE WINNER IS… L’équipe du Royaume-Uni – composée de Sheralyn Tan, Thomas Wang et Tristan Wong de l’University College London (UCL).
Le business case soumis aux finalistes fut le suivant : « Proposez une innovation – produit, ESG… – répondant à la mission de Danone, à savoir : Bringing health through food to as many people as possible ».
Comme l’explique le pilote de la compétition et associé d’Accuracy Jérémie Israël, les participants ont eu « une dizaine de jours pour préparer une présentation de 7 minutes mobilisée lors de la demi-finale – objectif : pitcher leur idée. Les 4 meilleurs ont ensuite réalisé une présentation de 15 minutes devant le jury ». Les étudiants ont également dû tourner une vidéo de type réseaux sociaux pour se présenter.
Selon les membres du jury/membres du comex de Danone, « les niveaux de présentation correspondaient parfaitement aux attendus d’un comité exécutif ».
Jérémie Israël mesure le chemin parcouru. « Il y a 10 ans, un peu moins de 200 étudiants avaient candidaté au total ». Selon lui, cela témoigne « de la réussite de l’événement et de l’envergure internationale prise par Accuracy ». Le fait d’organiser l’ABC avec des groupes du CAC 40 comme partenaires illustre aussi « la confiance et les liens que le cabinet sait créer » avec ces clients.
« Résoudre des problèmes de façon efficace, mais aussi identifier le “bon” problème à résoudre »
Voilà en quoi consiste le conseil en stratégie selon les vainqueurs de l’ABC venus de l’University College London, tous trois étudiants en première année de licence en économie.
Bien décidés à saisir l’opportunité « de se tester dans un cadre professionnel tout en apprenant comment les consultants de haut niveau opèrent », ils ont découvert au cours de la compétition « l’importance d’une recherche exhaustive ». Ou, plus exactement, l’importance « de bien comprendre la mission, le processus de réflexion et la philosophie qui sous-tendent la vaste gamme de biens et services fournis par Danone, et de les mettre en balance avec la viabilité financière afin de proposer des initiatives qui apportent une valeur ajoutée significative à l’entreprise ».
De leur côté, les membres de l’équipe espagnole, qui étudient tous les trois à l’Université Pompeu Fabra (UPF) de Barcelone et appartiennent au Pompeu Investment Club – « une initiative étudiante axée sur les marchés financiers, les stratégies d’investissement et l’évaluation des entreprises » –, voient désormais le conseil comme une activité « très dynamique et multidisciplinaire, où la capacité à analyser rapidement des situations commerciales complexes et à proposer des solutions réalisables est essentielle ».
Sur le fond : « la dimension stratégique a été la plus délicate à traiter »
Certes, « la modélisation financière et le calcul des coûts prennent beaucoup de temps », reconnaissent Sheralyn Tan, Thomas Wang et Tristan Wong de l’UCL. Mais trouver « une orientation claire et innovante qui corresponde à la fois à l’ADN de l’entreprise et aux objectifs poursuivis », voilà ce qui leur apparaît, in fine, comme le plus difficile. « L’élaboration d’une initiative convaincante nécessite un alignement profond sur les valeurs fondamentales de l’entreprise, sa vision à long terme et les réalités actuelles du marché ». Pour eux, c’est donc le fait de « relier la stratégie à l’innovation » qui permet de proposer « des recommandations à fort impact ».
Constat identique de la part des étudiants de l’équipe espagnole, lesquels se sentaient « très confiants en matière d’analyse financière – la modélisation, l’évaluation et l’interprétation des données étant [leurs] points forts ». C’est le fait de devoir « formuler des recommandations stratégiques qui s’alignent sur la vision à long terme d’une entreprise et sur le contexte du marché » qui a nécessité une réflexion « plus approfondie » de leur part, les poussant « à sortir de [leur] zone de confort ».
Ils ont aussi le sentiment que cette partie strat est celle qui a « le plus sollicité [leur] créativité. Il ne s’agit pas seulement de calculer des chiffres, mais aussi de raconter des histoires, de s’adapter, de travailler en équipe et de comprendre la situation dans son ensemble ».
Comme l’indique Jérémie Israël d’Accuracy, « il n’existe pas un seul cas désormais se présentant au comité exécutif et relevant exclusivement de la stratégie ou de la finance ». Sachant qu’une « dimension opérationnelle incluant le timing d’implémentation, et des enjeux de sustainability » s’invitent aussi.
Les membres du comex de Danone « bluffés par des points de vue sans filtre »
C’est ce que met en avant Henri Bruxelles, DG Durabilité et Développement stratégique du géant français de l’agroalimentaire. « Les finalistes se sont saisis des défis stratégiques qui se posent à Danone en faisant preuve de beaucoup de curiosité et d’audace ».
De son côté, le président EMEA de Danone, Christian Stammkoetter, salue « l’énergie et l’esprit d’entreprise » des participants quand Antoine Guttinger retient la capacité d’adaptation dont ils ont su faire preuve. « Bien que le jury ait remis en cause leurs réflexions et propositions, les finalistes ont fait face. Ils ont témoigné d’une remarquable compréhension des contraintes potentielles et de la dynamique du marché extérieur auxquelles nous sommes confrontés en tant qu’entreprise. »
Quels retours d’expérience du côté de l’organisateur ?
Jérémie Israël identifie deux éléments marquants.
Tout d’abord, le fait que les étudiants maîtrisent de mieux en mieux les « méthodes de communication de mise en avant de soi ». L’exercice de la vidéo de présentation en témoigne. « Or, cela joue un rôle essentiel dans le métier de consultant – savoir restituer des messages de façon vivante et simple. »
Ensuite, l’engagement des membres du comex de Danone (et d’autres groupes du CAC 40 lors des précédentes éditions) dans leur fonction de jury. « On pourrait imaginer qu’ils connaissent déjà ce qui leur est présenté et que cela les ennuie un peu, mais pas du tout ! Ils sont surpris à chaque fois, et ils s’impliquent. »
Dans une autre perspective, Jérémie Israël souligne que l’organisation de l’ABC, « avec les coachs nationaux d’Accuracy qui accompagnent l’équipe gagnante pour la finale à Paris », témoigne de la façon dont les consultants des différents bureaux du cabinet collaborent lors des missions, et celle dont les comex des grands groupes fonctionnent « au-delà des frontières de la langue ». En ce sens, cette 10e édition était totalement alignée : « L’équipe canadienne a proposé une innovation à mettre en œuvre en Inde, et l’équipe allemande était composée de deux Italiens et d’une Française. »
Si l’événement représente un investissement important pour Accuracy, il permet au cabinet « de recruter les meilleurs tout en travaillant sa marque employeur, de développer une démarche commerciale avec le groupe partenaire et de faire de la communication interne – dans la mesure où il mixe tous les bureaux ».
Le clap de fin revient aux équipes de l’UCL et de l’UPF.
Pour la première, « l’exposition offerte par la compétition au fonctionnement interne du grand groupe comme du cabinet de conseil permet d’acquérir une compréhension en profondeur de leurs missions et activités ». La seconde salue « une compétition agréable et intense sur le plan intellectuel qui a renforcé la motivation » de ses trois membres à envisager des débuts professionnels « dans le conseil ». Une projection dans ce secteur que partagent « pleinement » les trois lauréats de l’ABC 2025.
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