McKinsey : après les scandales, le nouveau CEO dans les starting-blocks
Que fait Bob Sternfels le nouveau patron de McKinsey (relire notre article) depuis qu’il a été élu en remplacement de Kevin Sneader le 10 mars et en attendant sa prise de fonction le 1er juillet 2021 ?
- McKinsey : la réélection du boss monde compromise, l’ex-patron France encore en lice
- Restructuring : McKinsey n’échappera pas au procès
- McKinsey : l’enquête qui met à nu un siècle de contradictions
- Évaluation, promotion : le patron de McKinsey annonce un aggiornamento
- Bob Sternfels, nouveau patron d’un McKinsey à la croisée des chemins
- Un Franco-Iranien à la tête de McKinsey monde ?

Éléments de réponse dans le dernier numéro du Manager Magazin en Allemagne, auquel Bob Sternfels a accordé un entretien. Selon le magazine, depuis son élection, Bob Sternfels s’est lancé dans un « Listening Tour », pour rassembler les inquiétudes et les propositions des collègues et des clients, avec l’ambition de faire de la firme une entreprise modèle en amont, plutôt que de se justifier systématiquement a posteriori.
Et ce tant les incendies que la firme a dû éteindre a posteriori ces dernières années se sont multipliés et ont émaillé la réputation de McKinsey.
Le magazine note ainsi que l’accumulation de ces scandales (Afrique du Sud, opioïdes aux États-Unis, Nethys en Belgique, missions sur la gestion de l’immigration aux États-Unis, l’implication de la firme dans le scandale Valeant...) invalide totalement la rhétorique des cas isolés que la firme a souvent pu mettre en avant, notamment en 2011 après le déclenchement du scandale de délit d’initié impliquant un actuel associé et l’ancien managing partner (relire ici).
Une accumulation qui, toujours selon Manager Magazin, met davantage en exergue des facteurs structurels qui expliqueraient la résurgence de missions très polémiques ou scandaleuses – à commencer par le facteur de la croissance soutenue entretenue par le cabinet. Chiffres à l’appui : McKinsey compte 2 500 associés dans le monde aujourd’hui, contre 294 en 1989, 20 000 consultants contre 2 000 en 1989. Si McKinsey poursuit sa croissance au même rythme qu’à l’heure actuelle, le cabinet pourrait passer la barre des 30 milliards de dollars de chiffre d’affaires dans les années 2030, calcule le magazine (12 milliards à l’heure actuelle, 7 en 2013).
Autre facteur voisin du premier : cette croissance se joue aussi au prix d’une concurrence exacerbée entre associés, dont le nombre ne cesse de croître et qui explique que certains parmi les nouveaux puissent chercher de la clientèle dans des zones grises quand les plus grands comptes sont déjà trustés par les partners en place.
Troisième facteur toujours en lien avec la croissance : elle explique aussi pourquoi Kevin Sneader n’a pas été réélu par ses pairs pour un second mandat. Explications de Manager Magazin : les partners sont habitués à une grande autonomie dans la manière de vendre leurs missions et ont fait payer au managing partner monde l’instauration de process centralisés de vérification des clients et des sujets (relire notre article).
Dans ce contexte, l’élection de Bob Sternfels est plutôt vue en interne comme dans la continuité de la recherche de la croissance du cabinet qu’un retour aux fondamentaux (un projet qu’incarnait davantage Sven Smit, l’associé hollandais auquel il était opposé dans le round final de l’élection). Parce que Bob Sternfels a été l’ouvrier de l’ouverture de nouveaux grands comptes, dans le private equity notamment, et du développement de nouvelles activités (comme le retournement qui a valu à McKinsey de longs démêlés judiciaires avec AlixPartners).
Bob Sternfels entend donc donner la priorité à la croissance dont la digitalisation et le développement durable sont deux piliers, indique-t-il à Manager Magazin. La soutenabilité devra être incluse dans l’ensemble des missions de McKinsey – dans la mesure du possible. L’achat du cabinet britannique Vivid Economics ainsi que de Planetrics, sa solution interne qui permet de mesurer le risque lié au changement climatique sur des actifs financiers, va dans ce sens (relire notre article).
A fortiori, le profil du Californien colle parfaitement dans un cabinet dont un tiers des seniors partners sont aux États-Unis et occupent des responsabilités prédominantes dans la gouvernance d’ensemble.
Parmi les sujets qui émergent de son tour de McKinsey préparatoire à sa prise de fonction, un partner souffle que les promotions de partners devraient être soumises à l’aval de l’ensemble des associés, du moins ceux étant amenés à intervenir auprès des plus gros clients, et non plus à un seul comité dédié (Partner Committees).
Il y a également la piste d’une cotation publique qui pousserait la firme à répondre à des obligations de transparence – ce à quoi elle s’est totalement refusée jusqu’à ce jour.
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
Monde
- 07/08/25
Alors que les tensions entre Washington et Pékin restent vives, McKinsey demande à sa branche chinoise de ne pas s’impliquer dans des projets faisant appel à la GenAI.
- 05/08/25
McKinsey occupe toujours la première place sur le marché du conseil en stratégie en volume d’activité. Mais l'écart se réduit et le Boston Consulting Group pourrait finir par le rattraper – et le dépasser.
- 31/07/25
Sept ans après un scandale lors de la présidence de Jacob Zuma, Bain vient de prendre une décision radicale : ne plus mener aucune mission en Afrique du Sud.
- 24/07/25
Le patron Monde de McKinsey sera désormais élu pour un mandat unique de 6 ans, avec un vote de confirmation des senior partners la quatrième année pour décider si le dirigeant doit achever son mandat.
- 18/07/25
Oliver Wyman a enregistré un chiffre d’affaires de 873 millions de dollars au 2e trimestre 2025, en hausse de 4 % par rapport au même trimestre de 2024.
- 11/07/25
Deux hauts dirigeants du cabinet se retirent de leurs fonctions de direction, alors que l’ONG Save The Children et le Programme alimentaire mondial suspendent leurs partenariats historiques avec le cabinet ou songent à le faire.
- 08/07/25
Selon le plaignant, Bain & Company a violé la loi fédérale sur les prestations sociales en refusant sa demande de prise en charge de traitements de fertilité en raison de son sexe.
- 07/07/25Le BCG a modélisé un plan de reconstruction de Gaza prévoyant le déplacement de 500 000 Palestiniens
Plus de 12 consultants ont travaillé sur la création et le déploiement de la très controversée Gaza Humanitarian Foundation. Ils ont aussi réalisé des modélisations financières de scénarios de reconstruction incluant le départ de 25 % de la population hors de Gaza.
- 03/07/25
C’est un partner « historique » qui vient d’être nommé Global Head du cabinet : George Sarraf avait en effet rejoint Booz Allen Hamilton en 1996, puis le spin-off de ce dernier, Booz & Co, créé en 2008, "rebrandé" Strategy& lors de son rachat par PwC en 2014.