L'ambition débordante de Roland Berger à Paris
L’effectif des Partners s'est enrichi de 16 nouvelles recrues depuis janvier 2011 (+30%).
Morceaux choisis de nos échanges avec Michel Jacob, Managing Partner de Roland Berger, sur les raisons et les conséquences - peut-être risquées - d'un tel développement ? À commencer par l'arrivée de plusieurs Partners emblématiques de la practice finance du concurrent Oliver Wyman.
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Le positionnement stratégie sacrifié sur l'autel de la croissance ?
Le mariage avorté avec Deloitte n’est plus qu’un mauvais souvenir pour Roland Berger, en témoigne, par exemple, la franche croissance de son bureau parisien, qui a fêté ses 20 ans en 2010 et qui cumule ces derniers mois les nominations de Partners : 37 à l'heure actuelle, contre une quinzaine en 2005. Dernière nomination en date, Jérôme Barrué est arrivé d'Oliver Wyman en avril. Il est le seizième élu depuis janvier 2011.
Ce n’est pas faute d’avoir prévenu. En novembre, les nouveaux patrons du bureau français avaient annoncé la couleur aux Échos. Présent dans le cabinet depuis 2001, Charles-Edouard Bouée, ancien vice-président d’AT Kearney et associate de Booz, membre du Comité Exécutif Groupe, nommé au poste de chairman, parlait alors de 80 recrutements sur un an.
Un chiffre confirmé par Michel Jacob en réponse aux questions de Consultor.fr : "Nous sommes dans une dynamique de croissance à deux chiffres en 2012. Nous avons donc prévu de recruter une cinquantaine de consultants du junior au senior, hors Partner", explique-t-il. Trente consultants auraient d'ores et déjà été embauchés à Paris depuis le début de l'année.
Un grossissement soudain du bataillon de Partners et de Consultants qui répond à une demande changée : "L'environnement marché par rapport à 2011 où l'on voyait de la croissance partout n'est plus le même. Aujourd'hui, il y a un peu plus de conseil en amélioration de la performance et un peu moins de stratégie", affirme le cabinet. Le positionnement stratégie sacrifié sur l'autel de la croissance ? Que nenni répond-il : "Berger est de plus en plus considéré comme l'égal de ses concurrents nord-américains. Nous ne voulons pas diluer notre image. D'autant plus que l'amélioration de la performance fait partie tout comme la stratégie de nos savoir-faire historiques ".
Une montée en gamme et en même temps plus de conseil en amélioration de la performance, une contradiction ? Roland Berger Paris, qui se pose en égal des Anglo-Saxons, pourrait souffrir des mêmes reproches faits à ces derniers, accusés d'élargir à l'excès le spectre de leurs activités à des fins de croissance soutenue. Une hypothèse que les dirigeants actuels n'envisagent pas, au risque d'éluder une contradiction entre orientation actuelle — plus d'amélioration de la performance — et positionnement théorique — cabinet phare du conseil en stratégie.
Une croissance portée par la practice services financiers - mais jusqu'à quand ?
Michel Jacob joue la carte de la neutralité : "Nos 12 centres de compétences sectoriels marchent tous très bien. Nous n'avons pas noté de ralentissement particulier de l'un de ces secteurs", dit-il seulement. Pas un mot sur le développement exponentiel de la practice services financiers, au détriment de ce qui était le cœur de métier d'Oliver Wyman en France, ses prestations en finance et en assurance.
Trois de ses anciens membres, Fabrice Asvazadourian, Cyril Gay Belan et Jérôme Barrué ont fait la bascule. Ils ont rejoint Cécile André en provenance de la Société Générale et Mathieu Sébastien, nommé en interne. Avec Charles Edourad Bouée, Sébastien Salvi, Pierre Reboul, et Christophe Angoulvant, déjà en poste, pas besoin d'être grand clerc pour voir que la practice pèse plus que les autres. "Nous reprenons notre fair share dans ce secteur alors qu'avant notre activité était plus industrielle. Il n'y a pas d'hypertrophie, les services financiers pèsent 40 à 50% du marché du conseil en stratégie"
Une brillante armée que des contrats majeurs suffisent pour le moment à nourrir. A l'instar de celui que le cabinet a obtenu auprès de BNP Paribas depuis le début de l'année et qui occuperait 70 consultant à travers le monde, selon des informations Consultor.fr que le cabinet ne nous a pas confirmées.Mais qu'en sera-t-il quand il arrivera à son terme ? Au-delà des discours entendus, il y a des airs de pari sur l'avenir - à moins d'avoir déjà reçu des gages qui laissent espérer que le futur continuera d'être rose.
Michel Jacob plaide lui une stricte corrélation entre développement des ressources humaines et extension géographique des marchés intéressés par les prestations Berger : "Nous accompagnons de plus en plus nos clients dans leur développement à l'échelle mondiale", explique-t-il, et de rappeler que l'Asie, à savoir la Chine ou la Corée, mais aussi l'Afrique du Nord et la Belgique "relèvent de la même entité de direction que la France au sein du groupe Roland Berger. Ce qui crée d'importantes opportunités de travail conjoint entre ces zones géographiques." Et autant de nouveaux marchés où dispatcher les nombreux consultants parisiens.
Voilà pour la ligne directrice : chez Berger on accélère mais on ne perd pas le nord, ou plutôt l'ancrage européen du cabinet domicilié à Munich. Pour Michel Jacob, c'est la caractéristique constitutive du "positionnement différent" du bureau de la rue Prony face aux concurrents anglo-saxons également présents sur la place. Reste à voir comment cette culture interne supportera la croissance rapide et la multiplication des nouveaux marchés.
Dans l'immédiat, une chose est sûre, le cabinet prévoit "une croissance au-dessus de celle prévue pour le marché du conseil".
Benjamin Polle pour Consultor, portail du conseil en stratégie- 24/04/2012
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