Staffing en province ou la déprime du consultant en stratégie
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C’est la situation typique où personne n’est complètement satisfait, mais chacun y trouve tout de même son compte. Pour certains jeunes consultants, les premiers mois dans un cabinet peuvent s’assimiler à une grande désillusion. Loin de la vie de pacha dans l’une des capitales du business qui font rêver, Paris, Londres ou New York, ils se retrouvent à des centaines de kilomètres de chez eux quatre jours par semaine, plusieurs mois par an, au fin fond de la campagne française.
Tout commence en province. Les entreprises implantées dans les régions les moins attractives de France font souvent face à une pénurie de talents. En effet, toutes les entreprises n’installent pas leur siège à Paris ou dans sa région. Par ailleurs, certaines missions obligent à se déplacer dans les usines d’une enseigne, situées parfois dans des endroits relativement reculés. Elles ne trouvent ni les cadres supérieurs dont elles ont besoin, ni les consultants dans les cabinets locaux, car une grande partie de la profession entend rester à Paris.
Pour pallier ce manque, les chefs d’entreprises se tournent donc vers les cabinets parisiens. Le prestige et l’expertise d’un McKinsey, d’un Roland Berger ou d’un Kea & Partners contrebalancent le coût financier de l’opération. Les consultants parisiens deviennent Stéphanois ou Palois d’adoption, le temps d’une mission.
« On se lève à 4 heures du matin le lundi pour prendre l’avion de 6 heures, explique Rafaël Vivier, qui se rappelle une mission à Clermont-Ferrand lorsqu’il travaillait chez Roland Berger. On fonctionne en trois-quatre-cinq : trois nuits à l’hôtel, quatre jours chez le client, cinq jours pour le client. Ce qui veut dire que le jeudi, on prend l’avion de 18 heures pour être chez soi à 21 heures. » Et le vendredi sera, théoriquement, consacré au client, mais depuis les locaux parisiens. Pour certains types de missions, les choses sont claires. Les consultants qui s’engagent dans les missions en opération, comme la réduction des coûts, savent qu’ils seront envoyés dans les usines en province. Les entreprises profitent de l’expertise du cabinet et le consultant, conscient de ce qui l’attendait, partage son temps entre Paris et la province.
Les choses se compliquent pour les jeunes consultants à qui l’on a fait miroiter une vie parisienne et qui passent, finalement, une partie non négligeable de l’année loin de leurs amis et de leur famille. Au-delà d’un certain âge, lorsque l’on pense à fonder une famille se pose, de nombreux consultants finissent par quitter la profession, incompatible avec une vie de famille épanouie. « Les consultants se plaignent souvent de ces déplacements répétés, poursuit Rafaël Vivier, mais Il y a une sorte de docilité, cela fait partie du package. » Car le verre n’est pas non plus à moitié vide.
Logiquement, sur le plan professionnel, ce type de mission permet d’évoluer. Que faire d’autre, sinon travailler, lorsque l’on se trouve dans une région étrangère où l’on ne connaît personne ? Le système, s’il ne plaît pas, reste communément admis comme normal pour la plupart des consultants. D’autant plus que certains cabinets assortissent les missions les plus lointaines à des de primes alléchantes, dont le total peut permettre de doubler un salaire.
Pour les entreprises, c’est le moyen d’accéder à une expertise qu’elles n’auraient jamais pu approcher par d’autres moyens. Les consultants, mais aussi la plupart des jeunes qui sortent des écoles de commerce ou autres formations et qui se destinent à des carrières de cadres dirigeants, n’ont aucune attirance pour les campagnes françaises. Le recours aux consultants des grandes villes permet d’obtenir les compétences sans s’épuiser dans une vaine chasse aux talents. Quant aux consultants, ils continuent de jongler entre la semaine en province et le week-end à Paris.
Par Lisa Melia pour Consultor, portail du conseil en stratégie-28/05/2013
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