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>La fin de la période creuse
Le secteur du conseil en stratégie et en management, particulièrement sensible à la conjoncture économique, a vu sa folle croissance des années 2000 marquer un fort temps d’arrêt entre 2008 et 2010.
En 2009, le secteur du conseil a connu l’une des plus mauvaises années de son histoire, avec un net recul de l’activité (-10% au pire de la crise, au niveau mondial) qui s’est fait ressentir jusqu’à la fin du 1er semestre 2010, et ce en dépit du redémarrage de l’économie en début d’année. En surcroît de la baisse du nombre de commandes, les cabinets de conseil ont subi une forte concurrence sur les prix, qui les a forcés à consentir à des baisses d’honoraires après des années de forte hausse.
La reprise du marché du conseil s’est enclenchée au second semestre 2010. En 2011, la croissance attendue sur le marché du conseil est estimée entre 4 et 6% (source : étude Kennedy Consulting/Xerfi/Syntec Management).
Les moteurs de la reprise du conseil en management en France
C’est le secteur des services financiers qui tire le plus l’activité vers le haut, après avoir été responsable d’une grande partie du repli de ces deux dernières années. Le retour à la normale dans le secteur bancaire (principal driver de croissance pour les cabinets dans les années 2000) et la reprise forte des opérations de fusion-acquisition expliquent cette tendance. En 2010, le secteur des Télécoms était également l’un des artisans de la reprise, tandis que les commandes de l’industrie restaient faibles. D’après les analystes d’Altran, les secteurs en plus forte croissance en 2011 seront la Santé et le Secteur public (tout au contraire du Royaume-Uni, où les commandes publiques sont en recul marqué).
Au niveau mondial, les régions les plus dynamiques sont sans surprise les pays émergents (Asie/Moyen-Orient notamment), mais également l’Amérique du Nord. Toutefois, les cabinets parisiens qui n’ont pas de clientèle assez développée en France courent le risque de ne pas bénéficier de la bonne reprise du marché français du conseil (c’est la cas notamment de Booz & co, qui souffre de taux de staffing particulièrement bas, en dépit de l’envoi de consultants en missions à l’international, au Moyen-Orient notamment où ils sont leaders).
Des effectifs en pleine croissance, pour un recrutement plus souple
Les recrutements ont été particulièrement faibles ces deux dernières années à cause de la conjoncture défavorable. Pour autant, la majorité des cabinets de conseil avaient retrouvé leurs effectifs d’avant crise dès fin 2010/début 2011.
Aujourd’hui, pour pouvoir s’adapter à une demande croissante et à des perspectives optimistes pour le secteur du conseil, les cabinets se lancent désormais dans des campagnes de recrutement particulièrement importantes pour anticiper le regain d’activité : pour plus des deux-tiers d’entre elles, l’objectif est d’augmenter de 20% leur nombre de consultants au cours des six prochains mois.
Dans les politiques de recrutement, cela se traduit par des un nombre d’écoles cibles légèrement en hausse (les étudiants de l’EM Lyon, et a fortiori de Sciences Po, ont plus de chances d’obtenir des entretiens par exemple) avec également des profils plus diversifiés (avocats, médecins, doctorants, …). Pour autant, ce n’est véritablement qu’à la marge que ces profils sont susceptibles d’intégrer les cabinets de conseil en stratégie, et uniquement dans la mesure où ils auront démontré en entretien de façon indéniable leur aptitude à exercer le métier de consultant en stratégie.
Le besoin croissant de consultants expérimentés
Les clients du conseil ont tendance à être plus exigeants quant à la séniorité des consultants missionnés chez eux. Les « têtes bien faites » des cabinets doivent sans cesse plus se prévaloir d’une expertise dans son domaine pour avoir une véritable légitimité à leurs yeux (le reproche est ancien, mais il se fait de plus en plus sentir).
Cette tendance pourrait initier une modification des pratiques RH des cabinets de conseil, selon deux axes : premièrement, mettre en place des formations internes plus reconnues (certificatrices par exemple) et plus orientées vers les métiers des clients ; deuxièmement, être capable de mieux intégrer les « industry hires », formés dans l’industrie à des expertises métiers, mais qui ont souvent bien du mal à satisfaire aux exigences du conseil.
Le risque d’une reprise peu durable
La plupart des cabinets de conseil ont aujourd’hui une visibilité particulièrement restreinte sur leur volume d’activité (au-delà de 2-3 mois, les carnets de commande sont vides). En dépit de nombreux signes positifs, l’heure est donc à la prudence pour les associés des cabinets. La fragilité de la reprise économique leur donne raison (en dépit du 1% de croissance au T1 2011 pour l’économie française). Les clients des cabinets de conseil, soucieux des incertitudes qui planent sur de larges pans de leur business, rechignent à s’engager sur des missions longues et exercent de fortes pressions sur les prix. En outre, les contrats passés concernent beaucoup des missions post-crise (réorganisations, rationalisation des process, etc), ce qui met en péril la durabilité du regain du marché du conseil.
Fusion et acquisition de cabinets de conseil
Les analystes prédisent pour 2011 une activité capitalistique importante sur le marché du conseil, se basant sur les importantes réserves de cash et les bonnes perspectives économiques du secteur. On en a senti les frémissements avec la tentative de rapprochement d' AT Kearney et Booz & co, et plus concrètement avec plusieurs acquisitions aux Etats-Unis et au Royaume-Uni depuis début 2011 (KPMG a par exemple acquis Equaterra).
En ce qui concerne spécifiquement le conseil en stratégie, le cabinet à suivre est bien sûr Arthur D. Little, dont le destin devrait être dévoilé le 10 juin (mais l’histoire pourrait bien ne pas s’arrêter là…). On suivra aussi attentivement Roland Berger dans les prochains mois, après l’affaire Deloitte.
Consultor, le portail du conseil en stratégie - 17/05/2011
Parmi les sources utilisées : rapport annuel Altran (propriétaire d'Arthur D. Little), rapport annuel Solving Efeso
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Ingénieur diplômé d’ISAE-SUPAERO (2007) et de l'université de Columbia (2009), Sébastien d’Arco a passé 5 ans chez Bain comme senior manager, avant de mener des projets en indépendant pour des corporates, des start-up Deep-Tech et le secteur du private equity.