Classement Étudiants Consultor 2025 : des percées, des revers, du mouvement
Cette année, les écarts se resserrent entre McKinsey/le BCG/Bain, en notoriété comme en attractivité. Strategy& progresse sur les deux tableaux quand Arthur D. Little ou Alvarez & Marsal font une entrée remarquée.
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Côté notoriété, l’ambiance est au jeu de chaises musicales, surtout en haut du classement, avec certains « moves » notables. L’un des nouveaux venus de cette édition, Arthur D. Little, s’invite directement parmi les 10 premiers.
La stabilité règne en matière d’attractivité : 8 cabinets sur les 10 premiers figurent dans le même ordre qu’en 2024. Alvarez & Marsal et Strategy& s’y font néanmoins une place – sachant qu’A&M rejoint le classement Consultor pour la première fois et que Strategy& ne figurait pas dans le top de l’attractivité en 2024.
Comme l’an dernier, les 635 élèves en dernière année du Programme Grande École qui se sont prononcés sont issus de CentraleSupélec, l’ESSEC, l’ESCP, HEC, Mines Paris, Ponts et l’X. La liste des cabinets proposés résulte de leurs positions de marché, de leur activité de conseil de direction générale et d’une éventuelle adhésion à Consultor. En 2025, 5 cabinets font leur entrée quand 4 en sortent.
Pour classer les cabinets, les étudiants devaient répondre aux questions suivantes : pour la notoriété, « Connaissez-vous ce cabinet de conseil ? » et pour l’attractivité, « Accepteriez-vous une offre d’emploi de ce cabinet ? » (échantillon et méthodologie à la fin de l’article).
Deux « A » sur le devant de la scène
Deux entrées directes donc, à la 9e place en notoriété pour Arthur D. Little, à la 7e en attractivité pour Alvarez & Marsal.
Faut-il y voir une prime à l’historique à l’égard de la première entité de conseil en stratégie – qui fêtera ses 140 ans en 2026 ?
Julien Pluchet, principal d’ADL en charge du recrutement, se félicite « de la solidité de la marque, qui résonne positivement auprès des étudiants ». Cette bonne performance s’expliquerait aussi par la « forte dynamique » que connaît Arthur D. Little, « avec une croissance marquée et ininterrompue depuis plusieurs années, en termes de chiffre d’affaires comme d’effectifs ». Le cabinet, une centaine de consultants à Paris, maintient d’ailleurs son ambition pour la France, à savoir « doubler de taille tous les 4 ou 5 ans ».
Autre élément d’explication, l’accueil très significatif de stagiaires, avec une particularité : « La plupart des stages effectués chez ADL se muent en CDI ». Si les partenariats noués par le cabinet – avec l’association HEC Impulse par exemple – jouent un rôle, Arthur D. Little compte bien renforcer ses actions auprès des écoles d’ingénieurs.
Du côté d’Alvarez & Marsal, dont la notoriété reste modérée (17e) – « la ressource de conseil en stratégie fait partie de l’offre de services » depuis peu, souligne son co-DG pour la France Guillaume Martinez –, le cabinet aiguise visiblement les appétits au sein des écoles de « tier one ».
Trouvant « très encourageant pour le projet d’A&M que des étudiants qui disposent d’une multitude de choix de carrière osent découvrir de nouvelles choses », Guillaume Martinez y voit le témoignage « d’un vif intérêt pour l’apprentissage et le test » – que propose A&M. Il met aussi en relation ce taux d’attractivité avec « le niveau de croissance du cabinet ». Sachant qu’Alvarez & Marsal est « beaucoup plus présent sur les campus qu’il ne l’était précédemment ». Le cabinet, qui ne voulait pas se montrer déceptif dans les premières années – « venir pour un poste… » – a maintenant « des besoins plus importants sur les métiers transactionnels, de transformation et, aussi, de restructuring ». Sur la transformation ou le restructuring, la pyramide d’A&M reste néanmoins de type « diamond shape ».
Notoriété : Roland Berger de nouveau parmi les 5 « échappés »
Aux avant-postes, McKinsey demeure leader devant le BCG et Bain. Mais le second talonne le premier. Quant à Bain, il conserve sa 3e place et réduit l’écart avec le BCG. En 2023, le cabinet avait été classé 5e, et 4e en 2021-2022.
Une 4e place occupée dans cette édition par Roland Berger – une première pour le cabinet depuis 2019. Récemment, il oscillait entre la 5e et la 6e position. Un gain de visibilité à mettre en relation avec la forte empreinte industrielle, sectorielle comme fonctionnelle, de Roland Berger ? Depuis 2022, les missions « Industries » représentent les premières demandes de conseil en stratégie & management (31 % en 2024 selon la dernière étude annuelle de Syntec Conseil).
À l’inverse, Oliver Wyman, en 5e position, perd une place.
En tête de peloton : la présence notable des entités strat' de deux Big Four
À bonne distance des échappés, mais menant le peloton, EY-Parthenon, 6e, perd une place. En 2021 et 2022, le cabinet avait réussi à intégrer le trio de tête. Ce léger recul ne surprend pas l’associé Frédéric Fessart. « Contrairement à d’autres, nous avons été très occupés ces derniers mois et avons un peu relâché nos efforts sur les campus. Bien qu’ayant participé à la quasi-totalité des forums, nos équipes étaient moins nombreuses. » Alors même qu’EY-Parthenon « continue à recruter, à hauteur d’une trentaine de consultants cette année, ajoute Stéphan Bindner, associé et Strategy leader pour la France, nous allons remettre en place des actions plus dynamiques ».
Aux avant-postes du peloton toujours, le 8e du classement, Strategy&, bondit de 9 places. Pour l’expliquer, le patron du cabinet en France, Édouard Bitton, confie « qu’un programme ciblé d’actions a été engagé dès juillet 2024, en réaction à de précédents résultats plus mitigés. Tous les associés de Strategy& ont été mis à contribution pour s’assurer d’une présence, au bon niveau de séniorité, lors des événements sur les campus ».
Le cabinet a par ailleurs organisé des « actions spots » – un Vis ma vie de consultant par exemple à destination des élèves ingés (notamment des femmes), ou un événement de recrutement visant les talents pour le bureau de Casablanca. Strategy& s’est aussi montré « plus souple sur sa politique de stages », pour renforcer sa population d’ingénieurs.
Quant aux deux « frenchies » parmi les 10 premiers, à savoir Advancy, 7e (+1) et eleven, 10e (idem), tous deux mobilisent des associés pour dispenser des cours sur certains campus. À noter que les deux cabinets sont reconnus pour leur expertise industrielle (Advancy) ou tech/AI (eleven), des thématiques porteuses pour le conseil actuellement. Ceci pourrait, aussi, expliquer cela.
Les cabinets ou branches de maisons-mères financières sont en revanche secoués, deux quittant la tête du peloton. Recul limité toutefois pour Accuracy et son activité Stratégie, qui passe de la 9e à la 12e place : l’associé Jean-François Partiot relève « la performance homogène du cabinet dans le temps ». Le revers est plus net pour BNP Paribas CIB Consulting & Transformation et pour Eight Advisory Strategy & Operations, qui perdent 6 places.
Attractivité : McKinsey et Bain dans un mouchoir de poche, derrière le BCG
Si le BCG résiste à ses poursuivants, à 88 % contre 84 % respectivement pour McKinsey et Bain, ceux-ci sont « presque » ex æquo. La différence se joue sur le taux de répondants jugeant ces deux cabinets « très attractifs », supérieur pour le numéro 1 mondial du conseil en strat’.
Malgré un « ordre » maintenu parmi les 10 premiers (en dehors de l’irruption d’A&M), Strategy& s’invite à la 10e place. Pour Édouard Bitton, la progression du cabinet sur ce champ se traduit « dans la qualité croissante des candidatures qu’il reçoit », le taux d’acceptation de ses offres ayant « sensiblement augmenté depuis 3 ans. L’époque où les candidats allaient chez Strategy& tout en souhaitant, en réalité, rejoindre le BCG ou McKinsey est révolue ».
Plus globalement, comme le souligne Frédéric Fessart d’EY-Parthenon, le fait d’avoir « plus de dix cabinets » dont les offres seraient acceptées par un répondant sur deux (ou près d’un sur deux) montre que le conseil en stratégie « reste une voie d’accès privilégiée au monde professionnel, considérée comme formatrice, exigeante mais bienveillante ».
Dans cette perspective, les répondants 2025 sont 17 % à faire d’un emploi dans le conseil en stratégie « un objectif prioritaire », 51 % « pouvant l’envisager ». Un total quasi égal à celui de 2024 (69 %) ; en 2023 ils étaient 73 %.
« L’intérêt des missions » apparaît comme premier critère d’attractivité d’un cabinet – en hausse de 6 points par rapport à 2024 –, devant « les perspectives offertes en sortie de conseil » (21 %, +2 points) et « la rémunération » (16 %, -1 point). Autant de réponses cohérentes pour des profils « souhaitant avoir un vaste terrain de jeu et des perspectives, via un job exigeant », commente Stéphan Bindner d’EY-Parthenon.
Quant aux autres positions dans ce top 15, celle d’EY-P – 6e, avec un taux d’acceptation de 55 % – est jugée satisfaisante par les deux partners « pour un cabinet qui a 7 ans d’existence à Paris ». Cela ne les empêche pas de viser « un taux de 60 à 70 % » dans les prochaines années.
Idem pour l’activité strat’ d’Accuracy, où l’associée Margaux de Saint-Exupéry salue le maintien du cabinet en 9e position. Accuracy, qui reçoit « 2 000 candidatures par an en moyenne et en retient environ 500 pour des entretiens », perçoit un intérêt « renouvelé de la part des étudiants, sur un marché plus tendu qui les rend un peu anxieux de trouver un premier emploi ». Le fait de pouvoir proposer « des parcours strat’, mais aussi, finance et data » constitue un « plus », selon elle.
Si BNP Paribas CIB C&T et Eight Advisory S&O voient leur notoriété malmenée, leur attractivité demeure de très bon niveau.
Au global : difficile de se démarquer sans la force de frappe d’un mastodonte du conseil
Au cœur du peloton sur la notoriété, des cabinets tels que Simon-Kucher, CVA ou Strategia Partners sont nettement plus connus dans les business schools que dans celles d’ingés. Cela n’empêche pas L.E.K. (11e) et Simon-Kucher (12e) d’être sélectionnés par les étudiants en matière d’attractivité. Le cas d’Avencore est un peu différent en raison de son ciblage exclusif des écoles d’ingénieurs : il y est classé 7e – et 14e en notoriété globale, 15e en attractivité.
Quant aux cabinets formant la « queue de comète », le niveau d’investissement requis par une présence forte sur les campus, en temps comme en forces vives, explique sans doute la moindre familiarité des étudiants à leur égard. Sachant que trois d’entre eux, Cylad, CMI et iQo, intègrent le classement Consultor cette année.
Et que certains, comme Advention, 24e (+1), choisissent « de ne pas participer à ces événements », indique son CEO Alban Neveux, privilégiant une approche directe. « Nous préidentifions certains profils d’élèves dans les différentes écoles et les contactons, moyennant des initiatives sur mesure. » Cela n’empêche en rien le recrutement « de très bons profils », et cela permet « un bon dosage des besoins ».
Pour conclure, au nom d’iQo, né en 2021 et classé 28e, le DG Christophe Leroy sait devoir « se faire une place » au milieu des grands noms de la stratégie. Pour partager son « projet entrepreneurial et une forte croissance, de 4 millions de chiffre d’affaires la première année à 25 millions actuellement », iQo a ciblé l’ESSEC et l’emlyon à ce stade, en lien avec les écoles d’origine de ses partners. Le cabinet réfléchit à la création « d’un prix Grandes Écoles, soit sur une soit sur plusieurs, qui mettrait en avant l’ESG » – iQo étant, notamment, entreprise à mission.
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