Les dépenses de conseil « sabrées » par Wells Fargo
La Wells Fargo et Company, 3e banque des États-Unis en termes d’actifs, 5e entreprise mondiale 2017 d’après Forbes Global 2000, va réduire drastiquement ses dépenses de conseil. C’est ce que fait savoir le Financial Times (FT) avant même l’annonce officielle du plan d’économie de 10 milliards de dollars (mesures d’efficacité et suppression d’emplois) de son nouveau CEO, Charles Scharf.

Parmi ces mesures, le CEO envisagerait un milliard d’économies par an sur les missions de conseil traditionnellement effectuées par McKinsey, PwC et Oliver Wyman. Selon le FT, la banque dépensait jusqu’à présent entre un milliard et un milliard et demi de missions de conseil par an.
En effet, Wells Fargo, 227 540 M$ de capitalisation fin 2019, 266 000 collaborateurs dans le monde, banque créée à la fin du XIXe siècle vit, depuis 2016, quatre années cauchemardesques avec des scandales à répétition.
« Rewind » : Suite à la chute des cours du pétrole et des prêts accordés aux entreprises exploitant les gaz de schiste, Fargo aurait perdu 118 M$ pour le seul 4e trimestre 2015. En septembre 2016, la société est condamnée à une amende de 185 M$ pour avoir ouvert et facturé deux millions de comptes bancaires et 500 000 cartes de crédit à l’insu de ses clients. Un premier scandale qui coûte la tête à son directeur d’alors, John Stumpf, ainsi qu’à celle de 5 300 employés impliqués. En 2017, des mesures d’économies sont déjà annoncées avec la fermeture de 450 agences parmi les quelques 6 000 que la banque comptait. Deuxième condamnation en 2018, alors record, à une amende d’un milliard de dollars pour pratiques commerciales illicites pour avoir, entre autres, compté des primes d’assurance automobile indues à ses clients et surfacturé certains emprunts immobiliers. La banque est aussi condamnée à restituer les montants prélevés aux clients. Le rapport d’Oliver Wyman pour alerter le management d’alors avait tout simplement été ignoré par le CEO (comme nous le mentionnions ici). Troisième scandale en 2018 : Wells Fargo doit verser 2,1 milliards de dollars d’amende pour ses activités jugées illicites dans les subprimes durant la crise financière de 2008.
En 2018, la Réserve fédérale a imposé à Wells Fargo de revoir ses processus de gestion du risque et de conformité. Pour mettre en œuvre ces mesures, la banque a d’abord travaillé sur le sujet avec McKinsey, puis a fait confiance à PWC seul, avant de faire appel en renfort au cabinet Oliver Wyman pour satisfaire les demandes des régulateurs. Ce dernier était, entre autres, mandaté pour revoir l’organisation de la direction des risques qui prévoit la nomination d’un responsable des risques pour chaque activité de la banque. D’autres cabinets de conseil ont par ailleurs planché sur ce dossier : Accenture a été engagé sur différents projets, dont la cartographie des process métiers, mais également Deloitte et EY.
Aujourd’hui, le CEO Charles Scharf, ancien patron de la banque new-yorkaise BNY Mellon, estime le coût des missions de conseil astronomique. Selon lui, Wells Fargo est ainsi devenue trop dépendante des consultants. Incluses dans les dépenses « autres dépenses professionnelles » s’élevant à 758 millions de dollars au deuxième trimestre 2020, les dépenses de conseil sont jugées ineptes par Scharf. « Outre le coût, le recours excessif de Wells à des consultants empêche que les compétences clés soient acquises en interne et entraîne une déresponsabilisation sur les projets externalisés », confirme le FT dans son enquête. Scharf souhaite aussi recentraliser la gestion des risques. Pour l’instant, les cabinets de conseil ont refusé de commenter à FT cette coupe sèche. Une mauvaise nouvelle alors que les prochains trimestres s'annoncent délicats pour les cabinets de conseil, et ce alors qu'Oliver Wyman vient de publier un chiffre d'affaires en retrait de 13% au deuxième trimestre 2020 (dont nous faisons l’écho ici).
Crédit photo : Wells Fargo Bank Sign -2014. Pics by Mike Mozart of TheToyChannel and JeepersMedia.
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