La raréfaction des nominations de senior partners, un 'signal de crise' pour McKinsey ?
Selon le quotidien économique allemand Handelsblatt, McKinsey voit l’acuité de son modèle d’affaires s’étioler. Le faible nombre de senior partners promus dans les pays germanophones comme au niveau mondial en témoignerait.
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Alors que le géant du conseil américain a connu une croissance internationale à un chiffre seulement en 2023 (+ 7 %), que ses marges bénéficiaires ont chuté et qu’il a licencié des employés pour la première fois de son histoire y compris en Allemagne, le haut de la pyramide commence aussi à être affecté.
Ainsi, selon une étude du quotidien allemand, un seul associé germanophone a été promu senior partner en 2024. Les années précédentes, McKinsey avait élu jusqu’à 10 nouveaux senior partners en Allemagne, Autriche et Suisse.
Le domaine d’expertise de l’heureux élu Sebastian Kempf, du bureau de Düsseldorf (200 consultants), comprend la mobilité et l’industrie automobile, une practice historique de McKinsey qui génère un chiffre d’affaires élevé.
Une diminution globale du nombre de promotions et le départ d’associés
Le phénomène dépasse la région puisqu’au niveau mondial, selon les infos communiquées par le cabinet lui-même. McKinsey a adoubé 54 nouveaux senior partners seulement. En 2023, 69 associés avaient pu se féliciter de leur promotion, et en 2022, 80. En 2022 et 2023, 7 d’entre eux étaient issus de la seule Allemagne. C’est également le cas en France selon l’analyse de Consultor : un seul senior partner, Pierre de la Boulaye - responsable de la practice Consumer en France - a été promu en 2024 contre 2 en 2023 (Björn Albrecht, Victor Fabius). Toutefois, selon les chiffres de Consultor, cette population a augmenté au total : 21 en 2024, 19 en 2023.
Selon nos confrères du Handelsblatt, la raréfaction de ces promotions dans les pays germanophones peut avoir un impact sur les jeunes talents, attirés par la perspective d’évolutions de carrière régulières et maintenus sous tension par ce biais. Le modèle du conseil repose en grande partie sur un flux constant – au sommet et à la base.
En Allemagne, un expert du secteur du conseil Dietmar Fink, codirigeant de la WGMB (Wissenschaftliche Gesellschaft für Management und Beratung), voit dans la baisse du nombre de nouveaux associés seniors « un signal de crise » pour McKinsey. D’ailleurs, selon l’expert, certains partners décident de partir. Ce fut le cas de Guido Höpfner en avril dernier : ce spécialiste reconnu du numérique, ancien co-leader de McKinsey Technology Group (MTech) dans la zone EMEA, a quitté la Firme pour rejoindre Strategy&, l’entité de conseil en stratégie de PwC. Or, dans un modèle comme celui des cabinets de conseil en stratégie qui fonctionne grâce à l’intelligence, au réseau et à la présence des « meilleurs », la conjugaison d’un moindre nombre de promotions de senior partners et du départ d’associés très estimés est susceptible d’affecter le succès commercial.
En parallèle, comme le souligne le Handelsblatt, les affaires ayant visé McKinsey aux États-Unis - le scandale des opioïdes en tout premier lieu - et ses déboires en Allemagne ont marqué les esprits. Les auteurs de l’ouvrage McKinsey - Pour le meilleur et pour le pire, Walt Bogdanich et Michael Forsythe (traduit en français chez Buchet-Chastel), ont en effet consacré un chapitre entier à l’Allemagne qui figure uniquement dans la version germanophone. Il y est question du « fiasco » des missions de conseil du géant du conseil US auprès des ministères fédéraux de la Défense et de l’Intérieur et du rôle joué par les consultants allemands de la Firme en Afrique du Sud, dans la restructuration de la société énergétique Eskom, ou en Grande-Bretagne dans la restructuration du service national de santé NHS.
Selon l’expert Dietmar Fink, les difficultés de la Firme s’expliquent en Allemagne
Au-delà de la réticence des clients du conseil à « attribuer de grands projets stratégiques durables » et des prix « sous pression », McKinsey serait en concurrence avec des cabinets tels qu’AlixPartners ou Alvarez & Marsal sur l’accompagnement des restructurations et de la transformation - un segment porteur actuellement.
Et le géant du conseil en stratégie américain ne serait pas en mesure de bénéficier de l’augmentation des demandes d’accompagnement des entreprises allemandes de taille moyenne. Selon une étude de la WGMB, depuis 2 ans, les budgets conseil de ces sociétés ont augmenté environ deux fois plus que les dépenses totales de l’économie allemande en la matière.
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