H-7 avant Cash Investigation : la patronne France de la Firme en perdition face à Élise Lucet
Désarroi de Clarisse Magnin-Mallez devant les caméras, mails explicites de consultants McKinsey lors de la campagne du candidat Emmanuel Macron en 2017 : le teasing du numéro spécial « McKinsey » bat son plein. Avec – en bonus – la révélation d’un piège lancé à l’émission et une « affaire » Accenture visant Onepoint.
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L’extrait est étonnant : on y voit la managing partner du bureau de Paris de McKinsey interpelée dans la rue par Élise Lucet, tenter d’amadouer cette dernière, puis bafouiller… et déclarer qu’elle ignore « si son cabinet a payé l’impôt sur les sociétés en France en 2022 et 2023 ».
Les questions de la journaliste de France 2 concernent l’un des volets judiciaires visant actuellement la Firme : une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF) ouverte pour des soupçons de « blanchiment aggravé de fraude fiscale ». Le cabinet n’aurait versé aucun impôt sur les sociétés durant 10 ans en France, alors qu’il a réalisé un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros en 2021 dans l’Hexagone – et de 329 millions d’euros en 2020, dont 5 % environ dans le secteur public.
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Autre volet épineux des « affaires » McKinsey dans l’Hexagone, celui de la participation présumée de consultants et poids lourds du cabinet – en tête, l’ex-patron du pôle Secteur public de la Firme en France, Karim Tadjeddine – à la campagne présidentielle 2017 du candidat Emmanuel Macron.
Un nom de code retient l’attention : l’opération Chicxulub – du nom d’un astéroïde susceptible d’avoir provoqué l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années. Et des « dinosaures » aux « éléphants », en politique… Du nom aussi attribué au projet visant l’émergence de la candidature présidentielle de celui qui était alors ministre de l’Économie (infos du Nouvel Obs).
Autre élément notable, la date du 6 avril 2016, jour du lancement d’En Marche par Emmanuel Macron. À partir de cette date, tout « avantage de quelque nature qu’il soit » concernant le nouveau parti ou son chef aurait dû être déclaré à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Ce ne fut pas le cas. Au contraire, la contribution – à titre gracieux – des consultants de McKinsey via de multiples réunions de travail se serait « intensifiée » à partir de là.
En perspective, selon les calculs de Cash Investigation, durant le 1er quinquennat du président Macron, McKinsey aurait bénéficié de près de 73 millions d’euros de commandes d’organismes d’État – DITP (Direction interministérielle de la Transformation publique), UGAP (Union des Groupements des Achats Publics) et DAE (Direction des Achats de l’État).
Un – autre – scandale avant même la diffusion de Cash Investigation
Le 15 septembre, nos confrères de Mediapart ont en effet révélé une tentative de manipulation ayant visé les journalistes de l’émission, attribuée au responsable du lobbying d’Accenture France, Samuel Tamba. Ce dernier, qui nie catégoriquement les faits, a annoncé porter plainte en diffamation contre Mediapart.
En janvier 2024, lorsque le travail des journalistes de Cash Investigation « sur le monde du conseil » a commencé à fuiter, le responsable des affaires publiques d’Accenture aurait décidé d’envoyer un courrier à l’équipe signé d’un « agent du ministère des Armées », dénonçant l’accès privilégié de la société Onepoint « au marché de la défense en raison des relations de David Layani », son fondateur. Objectif : détourner l’attention des journalistes de son propre cabinet. Accenture et Onepoint sont en conflit ouvert alors qu’ils s’étaient associés en 2022 pour obtenir un juteux contrat de transformation numérique du ministère des Armées.
Le 16 septembre, le géant du conseil Accenture a annoncé « prendre ces informations au sérieux et avoir lancé une enquête interne à ce sujet ». Quant à la société Onepoint, elle a déclaré demander à Accenture « de lui communiquer intégralement, de manière transparente et sans délai, l’ensemble des éléments relatifs à l’enquête interne que l’entreprise dit avoir diligentée », soulignant « l’extrême gravité » des faits tels qu’exposés par Mediapart.
Par ailleurs, une source bien informée au sein de Onepoint confie à Consultor qu’en interne, « on ne voit pas très bien comment un seul homme aurait pu prendre une telle initiative. En fonction de ce que l’enquête d’Accenture révélera, Onepoint engagera une action au pénal ». À date, selon cette source, Accenture et Onepoint n’ont pas encore eu d’échange direct.
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