US : la SEC met à l’amende le fonds interne de McKinsey
Le McKinsey Investment Office, le fonds d’investissement interne à McKinsey, dont l’existence avait été révélée dans les colonnes du Financial Times en 2016, vient d’être mis à l’amende par le gendarme de la bourse américain. Ce dernier juge que le cabinet de conseil n’a pas mis en place des mesures de contrôle appropriées pour prévenir tout usage inapproprié par les partners du cabinet du fait d’informations non publiques auxquelles ils auraient accès dans le cadre de leurs fonctions de conseil. McKinsey est mis en demeure de mettre un terme à ces pratiques et doit s’acquitter d’une amende de 18 millions de dollars.

« MIO n’a pas raisonnablement mis en place des réglementations internes et des procédures pour adresser le rôle dual des consultants de McKinsey qui étaient engagés dans des les décisions d’investissement du fonds », écrit la SEC dans un communiqué de presse rendu public vendredi 19 novembre 2021.
Dans un cas en particulier sur lequel la commission ne donne aucun détail, la SEC fait état d’un risque créé par un des partners de la firme. Ce dernier aurait pu influencer la réorganisation d’une entreprise en redressement d’une manière qui favoriserait le MIO (le cabinet a parallèlement accepté de régler une amende de 15 millions de dollars au sujet de trois dossiers de retournements d'entreprises en difficulté pour lesquels McKinsey avait été mandaté et pour lesquels le cabinet est suspecté de ne pas avoir respecté les strictes règles déclaratives prévues par la justice américaine).
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Paiement colossal équivalent à 5 % de son chiffre d’affaires annuel, nouvelles règles de protection contre les conflits d’intérêts dans le secteur public, obligation d’archiver tous les documents de chacune de ses missions : l’accord conclu par McKinsey avec une cinquantaine de procureurs généraux le 4 février est retentissant. Il pourrait avoir des impacts sur ses recrutements.
La SEC rappelle dans son communiqué que le fonds investit des centaines de millions de dollars au capital d’entreprises qui sont simultanément conseillées par les consultants de McKinsey.
Le MIO n’a pas confirmé et infirmé la conclusion mais s’est dit « heureux d’avoir pu solutionner cette affaire en lien avec la conception et la mise en œuvre de ses réglementations et procédures internes ». Et le fonds a ajouté dans une déclaration citée par le Financial Times que « la décision de la SEC n’a identifié aucun mésusage d’informations non publiques de la part de MIO ou de McKinsey », ajoutant que « les mesures décidées ces dernières années pour renforcer nos réglementations et procédures internes nous mettent en ligne avec les meilleures pratiques de marché ». Et de citer par exemple la composition du board du MIO composé exclusivement de directeurs indépendants.
Son existence avait été révélée dans les colonnes du Financial Times en 2016. Son board était alors composé d’actuels senior partners du cabinet et il gérait de l’ordre de neuf milliards de dollars d’avoirs. Le quotidien financier avait révélé que le fonds, qui employait alors 80 salariés à travers le monde, gérait pour moitié des avoirs appartement directement aux partners de McKinsey. Ce qui voulait dire que lorsqu'un associé conseillait un client, ses intérêts propres étaient directement en jeux, puisqu'une partie de son argent avait alors potentiellement été investie par MIO dans ce même client ou chez un concurrent.
À plusieurs reprises, la question de l’indépendance du fonds vis-à-vis des activités de conseil de McKinsey a été posée. Comme lorsque MIO avait pris en 2014 des participations directes au capital de l’entreprise pharmaceutique Valeant dont d’anciens de la firme avaient pris la tête à leur sortie du conseil avant qu’ils ne doivent lâcher les rênes ayant été mis en cause pour une politique de prix des médicaments jugée gravement contraire à l’intérêt général (relire notre article).
De même, à Porto Rico, en 2018, quand le cabinet conseillait les autorités sur la manière de réduire leurs dettes alors que le MIO était parallèlement créditeur de l’île caribéenne (relire notre article). En 2020, le fonds était mis en cause pour les bénéfices indus dont il aurait pu profiter sur la gestion des fonds pension de McKinsey obligeant le cabinet à verser 40 millions de dollars à 33 000 plaignants (relire notre article https://www.consultor.fr/articles/mckinsey-accepte-de-verser-40-m-a-33-000-salaries).
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