Partners : que de turnover !
85 élections et 45 départs : tels sont les 130 mouvements intervenus dans les dix cabinets de conseil en stratégie du guide de Consultor dont l’effectif est de dix partners au moins. Ces mouvements ont eu lieu entre janvier 2019 et janvier 2021. Ces chiffres témoignent de la croissance du marché du conseil en stratégie malgré la crise et le rythme auquel les associé.e.s passent la main. Notre étude à découvrir.
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Ils sont la sève, la moelle de ce que les cabinets de conseil ont à vendre, nous avons nommé les associés, les partners, les managing partners & directors, selon leur étiquette d’un cabinet à l’autre.
Quel que soit leur nom, on les connaît en tout cas très bien au sein des cabinets comme à l’extérieur : dedans parce qu’ils sont les boss, dehors parce qu’ils sont bien souvent le visage du cabinet aux yeux des clients. La com’ des entreprises de conseil en stratégie fait en tout cas bien volontiers rouler les tambours à chacune de leurs élections, et se montre très discrète quand vient l’heure de leur départ.
Consultor a souhaité objectiver ce deux poids deux mesures dans dix cabinets. Il s’agit de ceux qui comptaient dix associés à Paris au moins au 1er janvier 2019 : Bain, le Boston Consulting Group, EY-Parthenon, Kea & Partners, Kearney, McKinsey, Oliver Wyman, PMP, Roland Berger et Vertone.
Notre étude court jusqu’au tout début de l’année 2021, en prenant en compte les mouvements de ces derniers jours à l’instar de la promotion de Manel Oliva Trastoy chez Bain ou de Ravi-François Thillier chez Kearney.
Enseignement numéro un de ce travail : malgré la crise du covid, le marché du conseil en stratégie a crû.
+ 13 % de partners
Ces dix cabinets cumulaient 301 associés en janvier 2019. Ils étaient 340 en janvier 2021. Ces deux chiffres font apparaître une progression de 13 % du nombre d’associés dans notre panel de cabinets.
130 mouvements expliquent ce changement de cohorte qui se décompose en 85 élections et 45 départs. Ces chiffres sont intéressants à plus d’un titre.
Ils indiquent déjà quels cabinets ont vu leur collège de partners progresser, se stabiliser ou se réduire. À ce petit jeu, le chiffre le plus frappant nous vient de McKinsey. Avec la bagatelle de 36 mouvements, 30 élections et 6 départs, le bureau de Paris fait exploser son partnership parisien de 44 partners en janvier 2019 à 68 en janvier 2021.
L’énigmatique fusée McKinsey
Ce qui dans la période actuelle nous a intrigués et nous a conduits à interroger le cabinet pour comprendre cette évolution. Surtout que dans le même temps, son principal concurrent, le Boston Consulting Group, n’a enregistré « que » 24 mouvements (16 élections et 8 départs). McKinsey effectue ainsi un très notable rattrapage.
Les très nombreux.ses associé.e.s du cabinet interrogé.e.s ont tous et toutes peu ou prou la même réponse. « Nous connaissons une forte croissance, il n’y a eu aucune modification de nos règles d’élection », nous dit l’un, qui n’a pas souhaité s’exprimer publiquement, tout comme l’ensemble de ses confrères et consœurs. « Prenez les faits publics et vous verrez », nous éconduit une autre. « Aucun changement dans les règles des élections », redit un troisième.
Seul Pål Erik Sjåtil, l’ancien managing partner Europe, se montre plus loquace. Il était présent au bureau de Paris en 2019 et 2020 avant de retourner en Norvège pour des raisons familiales du fait du covid. Il a depuis quitté ses fonctions chez McKinsey pour prendre la tête d’une société d’investissement à Londres.
« Le bureau parisien, lorsque j’y étais encore, a fonctionné très fort. Ce n’est pas quelque chose que l’on prévoit. C’est le hasard d’un groupe d’associé.e.s très fort dont la gouvernance du cabinet a validé la promotion. Parce qu’il y a eu une forte croissance dans les secteurs aussi divers que les biens de consommation, les services financiers, l’industrie, le private equity », dit-il.
Ces chiffres n’en restent pas moins stratosphériques, surtout que ces 30 arrivées en 24 mois représentent 35 % des élections de notre panel (85 élections au total).
Un cinquième des partners change chaque année
Ce n’est pas le seul intérêt de ces 130 mouvements. Ils permettent aussi de fixer le turnover moyen du marché des associés du conseil : chiffres de rotation que les cabinets manient avec beaucoup de précautions en temps normal, puisqu’ils sont par nature élevés.
Il est bien connu que ces entreprises connaissent des taux de rotation élevés de leurs équipes. Pour plusieurs raisons : parce que les rythmes de travail y sont soutenus, la sélection et la compétition intenses, que les consultants y viennent pour quelques années seulement avant de passer à autre chose dans leur carrière.
Notre étude donne un chiffre précis pour 2019 et 2020-2021. Avec 295 associé.e.s en décembre 2019 et 59 mouvements cette année-là, la rotation s’établissait à 19,6 %. Avec 340 associé.e.s en janvier 2021 et 71 mouvements en 2020 et au début 2021, la rotation atteint 20,8 % sur ces douze mois et quelques. La petite hausse d’une année sur l’autre ne dit pas grand-chose. Seulement, un ordre de grandeur demeure : un.e associé.e sur cinq change chaque année.
Ce standard autorise ensuite la mesure d’un certain taux d’effort des différents cabinets. Expliquons : ceux dont le taux de turnover est proche des 20 % sont dans la norme, ni plus ni moins, ceux en deçà des 20 % voient moins défiler de monde à leur tête quand d’autres enfin explosent les compteurs.
Vertone, à cet égard, fait montre d’une grande stabilité : aucun mouvement de ses associés ces deux dernières années. À l’autre bout du spectre, Kearney (27 % de turnover en 2019, 36 % en 2020-2021), McKinsey (30,9 % et 27 %) ou Roland Berger (34 et 39 %) connaissent des rotations plus importantes.
Reste, enfin, ce que disent ces chiffres de la progression de la parité. 102 des 130 mouvements concernent des hommes, davantage d’élections (66) que de départs (36). 28 mouvements concernent des femmes, 19 élections et 9 départs. Ils augurent mal d’un proche avenir paritaire : 77 % des élections sont masculines dans notre panel !
La route vers la parité sera encore très longue.
Consultor.fr
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Classement
- 08/06/23
Seules les plus grosses marques se font une place pérenne sur l’ensemble des campus quand les plus petits cabinets doivent se montrer sélectifs, ingénieux et doivent faire valoir des arguments précis. Par ailleurs, le halo de marque de grands groupes joue à plein et crée des surprises vis-à-vis des historiques de la strat’.
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17 %. Tel est le ratio en 2022 des femmes partners dans les cabinets de conseil en stratégie comptant plus de 10 associés. Figé, ou quasi, depuis 5 ans. Et seulement 6 points de plus en 12 ans. Qu’il est long le chemin de l’accès au partnership pour les consultantes.
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Si tous les cabinets de conseil en stratégie veulent se positionner sur le conseil en stratégie aux fonds de private equity, qui ne montre que des signes ténus de ralentissement, la prime aux historiques est forte. C’est ce qui ressort notamment du classement Consultor 2022 des cabinets de conseil en stratégie dans le private equity.
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Consultor publie la 11e édition de son classement des cabinets de conseil en stratégie.