Quelle carrière pour les partners après le conseil ?

Le conseil en stratégie est souvent apparu aux étudiants comme un tremplin vers des postes de CEO. Mais le temps semble révolu où l’on allait piocher dans les rangs des partners pour recruter les nouveaux grands patrons. Consultor a étudié l’évolution d’une cinquantaine d’entre eux pour vérifier la tendance.

11 Jan. 2017 à 14:05
Quelle carrière pour les partners après le conseil ?

 

En décembre 2016, le cabinet Spencer Stuart révélait une étude qui démontait le mythe de l'accession à un partnergroup comme rampe d’accès au poste de CEO. Selon ce chasseur de têtes, entre 2004 et 2010, seulement 5% des nominations à la direction d'une entreprise du S&P 500 concernaient d'anciens consultants. La question que nous nous sommes posée est : que deviennent les partners une dizaine d’années après leur élection ?

Méthodologie

Pour ce faire, Consultor s’est penché sur les promotions 2008 et 2009 de Bain & Company. 56 consultants avaient été élus au grade de partner à travers le monde : 25 en Europe, 18 aux Etats-Unis et 13 dans le reste du monde.

Naturellement, les résultats présentés n’ont pas valeur de vérité scientifique, compte tenu de la taille de l’échantillon. Il est malgré tout suffisant pour être représentatif d’une tendance. Tendance également dégagée par une autre étude d'Eric Salmon sur le sujet, réalisée sur la promotion 2007 de McKinsey.

Des partners fidèles

L’enseignement principal de notre étude, c’est la stabilité des partners dans leur fonction. Sur les 56 consultants pris en compte, 41 sont toujours partners chez Bain, soit 73% de la cohorte. Ces résultats viennent confirmer qu’il est désormais plus qu’envisageable de faire l’ensemble de sa carrière dans le conseil. A noter au crédit de Bain, qu’aucun des associés élus pendant cette période, et ayant quitté le cabinet, n’est passé à la concurrence, contrairement à une pratique courante.

De partner à CEO, un chemin long

Ce sont donc 27% des partners nommés en 2008 et 2009 qui ont quitté le conseil un peu moins de 10 ans après leur élection. Pour autant, ils n’ont pas forcément abandonné les postes de stratèges. 27% ont choisi de devenir responsable de la stratégie d’une grande entreprise, au moins dans un premier temps. Des postes qui leur ont permis par la suite de prendre des fonctions de direction opérationnelle, allant du CTO au CEO en passant par le poste de DRH.

Pour ce qui est du Graal absolu, il n’est pas à portée de main des consultants. Aucun partner n’est devenu CEO d’une grande entreprise dès sa sortie du conseil. Un seul aujourd’hui détient ce poste et encore au sein d’une filiale d’un grand groupe au sein duquel il a d’abord occupé différentes fonctions de direction stratégique et opérationnelle.

L’opérationnel, un passage obligé

Ce qui a la faveur des anciens consultants, ce sont les postes de direction opérationnelle, souvent rattachés au CEO. 47% des partners partants ont choisi ce chemin. La raison de ce passage obligé est à chercher du côté de l’image des consultants : ils sont bien souvent considérés comme trop éloignés de l’opérationnel. Passer par une direction leur permet de prouver leur valeur. C’est aussi la possibilité pour le nouvel employeur d’acclimater peu à peu sa nouvelle recrue à sa culture.

Pour ce qui est du private equity, ce dernier ne semble pas avoir les faveurs des anciens partners de Bain, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Deux y travaillent actuellement, mais ils ne s’y sont résolus qu’après avoir tenté une expérience dans l’industrie.

Un autre a lui choisi le private equity dès sa sortie de chez Bain, mais s’est rapidement réorienté vers l’entrepreneuriat. Pourtant Bain a la réputation d'être un grand pourvoyeur de professionnels du private equity. Sans doute ceux qui se destinent à ce métier ont-ils quitté le conseil bien avant de devenir partner.

Enfin, l’entrepreneuriat est une voie qui semble plaire. Le phénomène profite de la montée en puissance des nouvelles technologies dans la société. 20% des anciens partners ont quitté Bain pour créer leur propre entreprise. Après tout, on n’est jamais mieux servi que par soi-même et l’entrepreneuriat est une bonne façon de devenir CEO.

Gillian Gobé pour Consultor.fr

 

11 Jan. 2017 à 14:05
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