Pharma : le parlement US enquête sur de possibles conflits d'intérêts de McKinsey
Quelques mois après avoir scellé un accord financier avec une cinquantaine de procureurs en réparation d’une décennie de conseils aux fabricants d’opioïdes, ces antalgiques accusés d’avoir rendu des centaines de milliers d’Américains dépendants, McKinsey est loin d’en avoir fini avec le sujet.
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Dans un communiqué du 5 novembre 2021, la commission du suivi et de la réforme de la Chambre des Représentants, qui est la principale commission d’enquête de la chambre basse du parlement étatsunien, indique vouloir enquêter sur le rôle du cabinet dans cette crise sanitaire et l’enjoint à lui adresser documents et réponses sur plusieurs points.
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Paiement colossal équivalent à 5 % de son chiffre d’affaires annuel, nouvelles règles de protection contre les conflits d’intérêts dans le secteur public, obligation d’archiver tous les documents de chacune de ses missions : l’accord conclu par McKinsey avec une cinquantaine de procureurs généraux le 4 février est retentissant. Il pourrait avoir des impacts sur ses recrutements.
La commission s’intéresse tout particulièrement aux missions cumulées que le cabinet aurait pu mener de front pour, d’un côté, les laboratoires fabricant les antalgiques, de l’autre, la Food and drug administration, l’agence fédérale de régulation des produits alimentaires et médicamenteux. Ces contrats simultanés mettent en exergue de possibles conflits d’intérêts et des omissions aux devoirs déclaratifs du cabinet de conseil vis-à-vis de la FDA – ainsi que le mettait en avant le site d’investigation ProPublica en octobre 2021 (voir l’article du site).
Autre sujet d’intérêt des parlementaires américains, les conseils prodigués par McKinsey auprès du laboratoire pharmaceutique AbbVie. En effet, selon des documents internes à AbbVie publiés par la commission d’enquête, McKinsey aurait suggéré au laboratoire de bloquer la concurrence de médicaments meilleur marché pour favoriser son blockbuster en rhumatologie, Humira. « Une concurrence qui aurait permis à des millions de consommateurs et contribuables américains d’économiser des milliards de dollars », écrit la commission d’enquête.
Le dernier reproche adressé à McKinsey par la commission est récurrent : il porte sur le McKinsey Investment Office (MIO), le fonds d’investissement du cabinet de conseil en stratégie, dont l’existence avait été révélée au grand public en une du Financial Times en 2016 (relire notre article).
Ce fonds a, à plusieurs reprises, fait polémique, comme récemment encore à Porto Rico, dans le dossier Valeant ou dans la gestion des fonds de pension de la firme (relire nos articles ici et là). Un fonds auquel la commission s’intéresse à son tour et sur lequel elle demande des explications au cabinet de conseil.
Une enquête parlementaire américaine pour McKinsey qui s’ajoute à celle que le Sénat français a décidé de constituer sur le rôle plus large de l’ensemble des cabinets de conseil auprès de l’État – dont on ne doute pas qu’elle devrait auditionner le bureau de McKinsey en France (relire notre article).
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