Influence, secteur public, Macron : McKinsey à la loupe dans Marianne
Dans le sillage de la polémique inédite suscitée par la révélation du rôle joué par McKinsey auprès du ministère de la Santé dans le lancement de la campagne de vaccination en France (relire nos informations à ce sujet ici, ici, ici et là), Marianne consacre au cabinet un copieux dossier à la une de son numéro du 15 au 21 janvier 2021.
- Enquête – À Matignon, vingt et un marchés de conseil en dix ans
- Exclusif – Tests, vaccins : dans les coulisses de la polémique McKinsey
- De la strat’ d’entreprise à la strat’ politique : la VP du conseil régional d’IDF a fait le grand écart
- Un ancien McKinsey DG d'En Marche
- Seniors partners : quand les départs tournent à la bataille judiciaire
- « Peser et influer fait partie de mon rôle » (Olivier Marchal, Bain)
- Enquête – McKinsey : qu’est-ce qui cloche à Paris ?
- Quand consulting rime avec lobbying

Les lecteurs assidus de Consultor n’y apprendront pas énormément de choses : notamment que McKinsey sert une immense majorité des plus grandes corporations de ce bas monde, que le cabinet a avec le temps fortement développé ses activités dans le secteur public (relire notre article sur l’un des associés qui a été moteur de ce développement en interne), et que la France et son gouvernement ne font pas exception.
Le magazine fait la genèse de cette relation entre l’État français et le cabinet. Elle est ancienne : à l’ouverture du bureau de Paris en 1964, le cabinet cible les polytechniciens très influents dans l’industrie, organise des déjeuners où l’on pitche Le Défi américain de Jean-Jacques Servan-Schreiber (JJSS), best-seller de la fin des années 1960 dans lequel JJSS vante la puissance économique américaine.
Rapidement, raconte Marianne, McKinsey est missionné dans nombre de grandes entreprises françaises, chez Rhône-Poulenc, Lafarge, Pechiney, Le Crédit lyonnais, L’Oréal, Renault, Usinor, Air France… Vus par certains comme des cowboys costkillers effrénés ou des robots dénués d’empathie, l’aura du cabinet dans le secteur privé et public n’en demeure pas moins grandissante.
Elle est confirmée en tout cas auprès de la commission Attali, le cercle de sages voulu par Nicolas Sarkozy en 2008 pour libérer la croissance de l’économie tricolore. Cette commission verra se lier tout particulièrement Emmanuel Macron, alors inspecteur des finances, qui en était rapporteur, et Éric Labaye, alors directeur général de McKinsey en France (et désormais président de Polytechnique), mais aussi Karim Tadjeddine, associé chez McKinsey et rapporteur de la commission.
La relation Emmanuel Macron-Karim Tadjeddine ne cessera de perdurer ensuite, jusque dans la campagne présidentielle d’En Marche (dans laquelle nombre de consultants en stratégie se sont investis, relire notre article) au cours de laquelle Karim Tadjeddine a été jusqu’à donner de son temps pour comparer les prestataires possibles pour le développement d’un site internet pour la campagne.
Puis, plus tard, une fois Emmanuel Macron élu, McKinsey s’est engagé auprès de la Présidence de la République française dans l’organisation du sommet Tech For Good (relire notre article) et continue à conduire de très nombreuses missions pour différents ministères, comme celle qui a jailli soudainement dans le débat public pour le ministère de la Santé, du fait de sa sélection dans le marché de transformation de l’action publique de l’État français entre 2018 et 2022 d’une valeur globale de 100 millions d’euros qui avait été attribué à vingt cabinets principaux et soixante-trois sous-traitants spécialistes le 22 juin 2018 (relire notre article).
Une omniprésence ancienne auprès des dirigeants privés et publics français qui, pour l’hebdomadaire, est cause d’un certain nombre de réformes d’inspiration très libérale : plafonnement des indemnités aux prud’hommes ? Une publication d’Éric Labaye de 2012 sur le marché de l’emploi en France aurait prédit ce plafonnement. Le million d’emplois promus par le Medef et son président d’alors Pierre Gattaz en échange du crédit d’impôt compétitivité emploi accordé aux entreprises ? Un coup de com’ étayé par McKinsey.
Sans parler du puissant réseau d’anciens du cabinet que l’hebdo décrit, enfin, à grands traits : les enfants de Bernard Arnault (relire notre article), le comité exécutif de LVMH (relire notre article), Jean-François Cirelli, le patron de BlackRock en France (dont nous parlions dans notre enquête sur la filière consulting à l’ENA), Georges Desvaux, le patron de la stratégie d’Axa (relire notre article), Paul Midy, chez En Marche, François Bouvard dans la campagne de François Fillon (auprès de qui était également investie une autre ancienne de la maison, actuelle vice-présidente de la région Île-de-France, relire notre article)... La liste pourrait être poursuivie très longtemps encore.
Crédit photo : McKinsey, Adobe Stock.
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France
- 27/01/23
Depuis un an, la guerre en Ukraine rebat les cartes de l’économie mondiale. Avec un nouvel acteur, l’inflation. Cette conjoncture complexifie la donne pour les entreprises déjà impactées par la pandémie, mais jusque-là soutenues par l’État, et fragilise de nouveaux secteurs. Les cabinets sont dans les starting-blocks « retournement ».
- 25/01/23
Au terme d’un process de sélection de plusieurs mois, Bruno Despujol a été choisi pour diriger les bureaux de Paris et de Bruxelles d’Oliver Wyman (44 partners, 300 collaborateurs). Il succède à Hanna Moukanas, qui occupait ces fonctions depuis 2015. Ils livrent tous deux à Consultor le bilan des dernières années et les dossiers chauds du moment.
- 17/01/23
Après Nuova Vista et MySezame acquis à l’automne dernier, Kea & Partners continue son chemin d’investissements tracés dans le plan Darewin 2025 (avec une levée de fonds de 23 millions d’euros).
- 12/01/23
Après 4 années passées dans la récente branche conseil en strat’ de KPMG, Global Strategy Group (GSG), l’hyperactif Jean-Marc Liduena, un ancien consultant de Bain, de Roland Berger et de Deloitte annonce son départ du groupe KPMG.
- 11/01/23
C’est une évolution pour le moins rarissime et ambitieuse. Simon-Kucher fait croître d’un coup son partnership de 40 % en ce début 2023. Dans une conjoncture économique plutôt sombre, les leviers de croissance seraient la réponse gagnante pour ce cabinet qui vise le milliard de chiffre d’affaires au niveau mondial en 2027.
- 10/01/23
Depuis un an et demi, au moins quatre managing directors français ont disparu de l’organigramme : à Paris, Timothy Mandefield, Philippe Plouvier, Philippe David, le dernier en date en novembre, et à Londres, Benoît Macé.
- 04/01/23
Fin décembre, PMP Strategy a fait croître son partnership en promouvant trois associés au sein de trois practices : Laure Lemaignen (Institutions financières), Jonathan Zelmanovitch (PE) et Lionel Chapelet (Transport et mobilité).
- 19/12/22
Alors qu’EY annonce qu’il fera atterrir la colossale séparation de ses activités de conseil et d’audit au premier semestre 2023, les trois autres Big Four (PwC, Deloitte, KPMG) n’en démordent pas : la séparation, très peu pour eux. Patrice Morot, le président France de PwC, et Christophe Desgranges, partner en charge du conseil en stratégie, le réaffirment dans une interview à Consultor.
- 16/12/22
25 ans après sa création, c’est une nouvelle étape à la fois symbolique et de fond que vit Vertone. Son DG-président, Benoît Tesson, co-fondateur avec Pascal Boulnois du cabinet, passe la main de la présidence à Stéphane Martineau, Vertonien depuis 17 ans.