Face au « mur fiscal », Rueil-Malmaison lance son premier audit stratégique
La commune des Hauts-de-Seine dirigée par l’ancien ministre (LR) Patrick Ollier clôture prochainement un appel d’offres pour un audit stratégique, une première pour Rueil-Malmaison. Endettée, la ville veut pouvoir se projeter au mieux sur l’ensemble du nouveau mandat.
Rueil-Malmaison espère avoir des « marges de manœuvre » pour les six ans à venir. La petite commune des Hauts-de-Seine a lancé début février un appel d’offres pour une « mission d’accompagnement de la ville dans le cadre de son audit stratégique » qui se termine lundi 22 février
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Il s’agit d’une première pour la commune de l’Ouest parisien - le dossier de consultation est accessible en suivant ce lien.
« On est face à un mur fiscal »
Si généralement, ce sont les nouveaux maires qui aiment réaliser un audit (relire notre article) pour avoir une photographie réelle de l’état de la commune laissé par leur prédécesseur, tel n’est pas le cas pour l’édile de la ville.
Après avoir été pendant près de neuf ans adjoint au maire (1983-1989 puis 2001-2004), le gaulliste Patrick Ollier, 76 ans, occupe le premier fauteuil depuis cette date et a été réélu cet été. C’est lui qui a décidé de cette initiative avec son premier adjoint François Le Clec'h, qui est chargé de ce dossier.
Le duo a seulement informé le conseil municipal où siège notamment la consultante de Kea & Partners, Fatima El Ouasdi, 26 ans, élue 15e adjointe en charge du numérique (relire notre article).
« Nous voulions avoir un œil extérieur pour nous permettre d’évoluer au mieux pour le mandat à venir », explique à Consultor.fr François Le Clec’h, celui qui fut pendant près de vingt ans le patron de Mercedes-Benz France avant de lâcher les rênes à la fin des années 2000. Le budget de cet appel est relativement modeste – il sera de 120 000 euros maximum –, mais le délai est court.
L’ancien ministre des Relations avec le Parlement à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy (2010-2012) et son premier adjoint à la mairie veulent choisir immédiatement après la clôture le cabinet sélectionné afin que celui-ci commence idéalement dès le 1er mars sa mission. Le rendu des recommandations est attendu quatre mois plus tard.
Objectif : optimisation pour la mandature
L’objectif est d’optimiser au mieux, entre juillet et décembre 2021, la lettre de cadrage pour le budget municipal de l’exercice 2022. Pour la commune de 80 000 habitants, l’enjeu de cet audit est majeur. « Il nous faut approuver l’ensemble des perspectives financières sur le mandat, optimiser les coûts avec notre organisation et enfin réfléchir à la mise en œuvre concrète et l’acceptabilité par la population », poursuit François Le Clec’h.
La ville qui a beaucoup changé ces dernières années évoque aussi les grands changements imposés aux communes au premier rang desquels figurent la suppression totale de la taxe d’habitation d’ici 2023 qui aura un impact direct sur les finances des collectivités locales, leurs revenus, leurs dotations et la péréquation. « Nous sommes face à un mur fiscal », indique le premier adjoint évoquant un « étau qui se resserre ».
Rueil-Malmaison dispose d’un budget de 280 millions d’euros en 2021, mais est endettée à hauteur de 162 millions d’euros. En 2018, la commune était la 18e ville la plus endettée par habitant parmi les villes de plus de 20 000 habitants avec une dette de 2 433 euros par habitant.
Quand Rueil-Malmaison snobe l’offre de l’UGAP
La commune a fait le choix de passer par Maximilien qui est le portail de l’administration numérique en Île-de-France. Ces derniers mois pourtant, d’autres municipalités à travers la France avaient fait le choix de passer par l’Union des groupements d’achats publics (UGAP) (relire notre article).
L’institution qui centralise depuis 1968 les commandes de centaines de fournisseurs auprès des ministères ou des collectivités territoriales avait proposé pour la première fois en 2019 un marché étiqueté conseil en stratégie d’une valeur de 12 millions d’euros et qui courait pour une durée de quatre ans. D’après nos informations, la commune n’a pas souhaité passer par l’UGAP du fait d’une commission d’intermédiaire (de l'ordre de 15%) un peu trop importante.
Pierre-Anthony Canovas pour Consultor.fr
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