Trois questions à Jean-Baptiste Hugot, auteur du Guide des cabinets de conseil en management
Considéré par certains acheteurs comme une bible, le Guide des cabinets de conseil en management* constitue une mine d’informations pour les candidats, voire les consultants eux-mêmes.
Y sont répertoriés la plupart des cabinets de plus de 40 consultants, ainsi que quelques autres qui ont retenu l’intérêt de son auteur, Jean-Baptiste Hugot. Fort de ses 20 ans, l’ouvrage en est à sa 11e édition.

Dans un secteur très arc-bouté sur le contrôle de sa communication, comment réussissez-vous à alimenter votre guide ?
Le guide paraît tous les deux ans, il ne s’agit donc pas de faire de scoop. Ni non plus de prendre pour argent comptant tout ce que me disent les cabinets. Les chiffres communiqués peuvent notamment être sujets à caution. Je puise donc dans les comptes publiés, je consulte les chiffres du Syntec, je rectifie le cas échéant avec les informations que me livrent des anciens. Dans ce cas-là, je le précise dans les commentaires. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les plus gros cabinets ne sont pas forcément les plus opaques. Je me souviens de McKinsey qui, il y a quelques années, m’avait ouvertement parlé d’un problème de délit d’initié. Dans cette édition, le président de Solucom, Pascal Imbert, reconnaît par exemple qu’après une première phase de croissance interne, la société a failli se faire doubler et qu’il a donc dû racheter des entreprises. On obtient d’ailleurs moins de langue de bois en interviewant le n° 1 que le n° 5, voire pire le dircom. Cadenasser sa communication me semble d’ailleurs une mauvaise politique, car sans aspérité, un texte perd en crédibilité. Ceux qui reconnaissent des maladresses se rendent au contraire sympathiques.
Quelles sont les évolutions notables dans cette 11e édition ?
11 nouvelles sociétés enrichissent le guide. Parmi elles, Neovian Partners, Orange Consulting, Sopra Consulting. D’autres à l’inverse disparaissent. La grande tendance est l’intérêt marqué des cabinets d’audit pour le conseil en stratégie. Ces sociétés se rendent compte que leur marché naturel stagne et elles cherchent à se développer sur des marchés porteurs. Est-ce que culturellement ses rachats sont viables ? L’avenir nous le dira, car en France notamment, les cabinets d’audit sont gérés par une clause d’exclusivité d’activité qui laisse des questions en suspens. Les SSII elles aussi font leurs courses : Equinox s’est fait racheter par la société américaine Cognizant, dans le conseil en marketing et organisation Inoven a rejoint Orange… Le monde du conseil est marqué par la succession de phases de concentration, puis d’éparpillement. Nous sommes aujourd’hui dans une phase de concentration. D’ici quelques années, les structures achetées vont ressortir, de nouvelles vont se créer… Ces bourgeonnements sont souvent le résultat, avec retard, d’absorptions qui n’ont pas marché.
Quelles sociétés ont attiré votre attention ?
Dans le conseil en systèmes d’information et organisation, Solucom commence à peser. Le cabinet s’est développé par des reprises et à l’air d’avoir réussi à intégrer différentes équipes de consultants. Dans les beaux succès, il y a aussi SIA Partners dont le dirigeant Matthieu Courtecuisse n’est pas issu du conseil et dont la stratégie de croissance repose sur les volumes, ou encore Colombus Consulting, dans laquelle la présidente Valérie Ader a conservé une certaine autonomie et continue à imprimer sa marque même après que la SSII Neurones est entrée à son capital. À l’inverse, certains cabinets traînent la patte. Dans le conseil RH, BPI ou Altédia ont perdu de leur poids avec des activités très diverses. Bernard Julhiet Group est loin des objectifs clamés il y a quelques années. En stratégie, très dynamique du temps d’Olivier Marchal, Bain Paris va moins bien et n’est plus le challenger qu’il a longtemps été.
*Le Guide des cabinets de conseil en management Les Éditions du Management.
Gaëlle Ginibrière pour Consultor, portail du conseil en stratégie- 05/12/2013
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