Le diagnostic sans appel d’Arthur D. Little pour Air Tahiti Nui : Los Angeles, seule destination rentable
Le gouvernement de la Polynésie française a mandaté Arthur D. Little pour l’accompagner dans sa stratégie aérienne – avec, à la clé, une étude des routes aériennes présentée au conseil d’administration d’Air Tahiti Nui début juillet.
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Comme Consultor s’en était fait l’écho en mai dernier, la Polynésie française s’interroge sur l’avenir de sa compagnie aérienne. Air Tahiti Nui traverse en effet une zone de turbulences : un déficit cumulé de 22 milliards de FCFP (Franc Pacifique ; environ 185 millions €), dont 2,8 milliards pour la seule année 2024, ce qui entraîne une forte dépendance de sa part aux subventions publiques.
Fin août, Radio 1 Tahiti, qui a pu consulter le rapport avant même que le conseil d’administration ne se positionne, a dévoilé les principales conclusions et recos d’Arthur D. Little.
Un réseau déficitaire, à une exception près
Le constat est sans appel : « La seule desserte réellement profitable d’Air Tahiti Nui est celle de Los Angeles », par où transitent 80 % des visiteurs nord-américains. Seattle et Tokyo, en revanche, tirent les comptes vers le bas : la première représente « 86 % du déficit 2024 », soit 1,68 milliard de FCFP de pertes, quand la seconde enregistre un déficit de 875 millions avec des vols remplis à moins de 50 %.
Malgré leurs déficits respectifs, Arthur D. Little évalue Paris et Auckland « à l’équilibre » (-212 millions de FCFP pour la première desserte, -274 millions pour la seconde).
Un recentrage préconisé
Selon le cabinet, « les destinations touristiques trouvent leur clientèle dans les régions les plus proches, telles l’Océanie et l’Amérique ». Ce qui n’empêche pas le maintien de la desserte Papeete-Paris – via Los Angeles, vu comme « un hub optimal » –, d’être considéré comme indispensable en raison des « liens sociologiques, économiques, politiques et touristiques [du territoire] avec la France ».
En revanche, les lignes vers Tokyo et Seattle devront « à court terme » être fermées.
En substitution, Arthur D. Little suggère l’ouverture d’une ligne directe vers San Francisco, pour « offrir une route compétitive et capter la demande de la côte Est et du Canada », ainsi que le lancement d’une liaison avec Sydney, afin de « capter la demande [dans les deux sens] et de renforcer la connexion avec l’Asie du Sud-Est ».
Une flotte et des partenariats à revoir
L’étude souligne la nécessité d’adapter la flotte pour « maximiser le taux de remplissage, la recette par vol et le temps d’utilisation des avions ». Plusieurs scénarios sont envisagés, du maintien des quatre Boeing Dreamliner actuels à une transition vers des Airbus, incluant jusqu’à deux A321XLR pour des liaisons régionales.
Dans ce contexte, l’enjeu est « de réexaminer la pertinence des partenariats au sein de l’alliance OneWorld [l’une des trois grandes alliances mondiales de compagnies aériennes, ndlr] ».
Pour atteindre ses objectifs, la Polynésie française va par ailleurs devoir doubler ses capacités hôtelières.
La fuite des conclusions de cette étude dans les médias devrait conduire le gouvernement polynésien et la direction d’Air Tahiti Nui à arbitrer rapidement.
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transports - tourisme
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