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Parole de consultant : « En général, je rentre pour le dîner »

 

Diplômé de l’École Centrale Paris option génie industriel, Jean-Étienne Verrot a rejoint le conseil en stratégie après cinq années dans l’industrie.

Il est aujourd’hui consultant senior chez Mars & Co.

 

19 Jul. 2019 à 05:11
Parole de consultant : « En général, je rentre pour le dîner »

 

Consultor.fr : Comment passe-t-on à la sortie de Centrale Paris d'un parcours classique dans l’industrie pour finalement bifurquer dans le conseil chez Mars & Co ?

Jean-Étienne Verrot (J.-É. V.) : Mon arrivée dans le conseil s’est faite en plusieurs étapes. À Centrale, je ne me voyais pas faire du conseil. Grâce à l’école, j’ai pu visiter des entreprises, notamment dans l’industrie, ce qui a fait naître chez moi une véritable fascination. J’y voyais un secteur dans lequel on pouvait vraiment apporter de la valeur. Ce sentiment je ne le retrouvais pas du tout en pensant au conseil, secteur que j’associais d’ailleurs à la banque ou à l’assurance. C’est pourquoi dans un premier temps, au cours de ma scolarité, j’ai réalisé des stages chez Volvo et dans l’aéronautique.

  • Premier contact avec les cabinets de conseil en stratégie

J.-É. V. : Mais Centrale est une école dans laquelle les cabinets s’investissent beaucoup, surtout lorsque l’on a pris l’option génie industriel, option qui semble être privilégiée par McKinsey, BCG et Bain. Je savais donc qui étaient ces cabinets. De plus, le calendrier de la dernière année a la particularité de placer  les entretiens pour les cabinets de conseil  en décembre alors que ceux pour l’industrie ont lieu plutôt en février et mars. Je m’étais donc entraîné en passant ceux des MBB tout en souhaitant faire une carrière dans l’industrie. Un élément a quand même attiré mon attention à l’époque : des personnes jeunes pouvaient avoir un niveau de séniorité important.

Plus tard, j’ai commencé à ressentir une certaine lassitude face aux difficultés pour faire bouger les choses dans les grands groupes que j’avais réussi à intégrer. Ce goût pour les grandes entreprises commençait à passer. J’ai également pu constater que les recommandations des cabinets peuvent avoir beaucoup d’impact, bien plus que des analyses que nous pouvions mener en interne chez Airbus notamment, où on pouvait voir à l’œuvre McKinsey et Roland Berger.

  • Le tournant du conseil 

En 2017, après avoir passé presque deux ans en tant que responsable qualité dans une start-up en Chine où je supervisais la production de liseuses électroniques, j’ai dû revenir en France. Ma position avait déjà évolué à la suite de mes expériences dans l’industrie. J’avais également pu avoir une vision plus précise du métier de consultant en stratégie parce que mon frère était passé chez Mars & Co à Tokyo. J’ai pris du temps pour me remettre dans les études de cas, passage un peu compliqué lorsque l’on a quitté l’école depuis cinq ans. J’ai commencé à passer des entretiens après trois semaines de préparation à plein temps. Chez Mars, on rencontre dès le premier tour des vice-présidents, ce qui donne vraiment l’impression d’être valorisé. Après un process de recrutement qui m’a donné une excellente image du cabinet, j’ai accepté sans hésitation l'offre proposée.

Le métier de consultant chez Mars & Co tient-il toutes ses promesses ?

J.-É. V. : Au quotidien, cela a nécessité un nouvel apprentissage de la rigueur. Il m’a fallu revoir la façon dont j’avais appris à réaliser mes présentations par exemple. Mon expérience professionnelle dans l’industrie n’a pas été prise en compte de la même manière que si j’avais été dans le conseil. J’ai ainsi également appris à être managé par des consultants de la promo en dessous qui avaient intégré le conseil à leur sortie de l'école. Mais j’étais prêt pour m’adapter très vite et je trouve tout à fait naturel d’être rentré en tant que consultant (NDLR : les grades chez Mars & Co sont consultant assistant/consultant/consultant senior/directeur d’études/vice-président) pour une montée progressive en compétences.

D’ailleurs en quelques mois, j’étais devenu autonome. En revanche, mon expérience antérieure en entreprise m’a permis de devenir un référent sur les sujets que je connaissais, dans mon cas l'après-vente, comme le domaine de la maintenance préventive.

  • À l'école des bourrins analytiques 

De mon point de vue, le métier est équivalent à ce qu’on fait dans les MBB. Nous échangeons directement au plus haut niveau chez nos clients. Dominique Mars parle du métier de consultant en stratégie comme d’un métier de bourrin analytique et c’est vrai que chez Mars, on est bien dans quelque chose de très analytique, qui se base sur la donnée. D’ailleurs, l’essentiel des missions est réalisé dans nos bureaux. Mais si l’on évoque l’atmosphère qui règne dans cette boutique, on profite d’un véritable esprit de famille, difficilement envisageable dans un cabinet de 400 personnes.

J’avoue que le rythme est moins horrible que ce à quoi je m’attendais. J’avais pu avoir des échanges avec mon frère à ce sujet qui était chez Mars à Tokyo et sans doute que dans son cas, il fallait prendre en compte la culture du travail au Japon ! J’ai de meilleurs horaires que ceux que j’ai connus en start-up où je devais passer des nuits à l’usine lors du lancement d’un produit. En général, je rentre pour le dîner.

Quelle perspective pour les années à venir ?

J.-É. V. : Si je prends du recul, mon arrivée dans le conseil m’a permis de largement développer mes compétences, même si mon expérience antérieure m’avait déjà permis d’évoluer au sein de différents contextes. J’ai aujourd’hui une connaissance beaucoup plus vaste de différentes industries et j’ai pu renforcer mon expertise en data science, en plus d’une évolution de ma rémunération. La variété que l’on trouve dans le conseil permet cette évolution rapide. Concrètement, on passe de la réalisation de slides pour un comité de pilotage à du codage, en passant par de l’analyse financière, du management ou même des entretiens avec des experts, des clients… C'est cette variété de tâches qui m’intéresse le plus.

Bien sûr, il y a toujours ce côté un peu frustrant du conseil en stratégie, cette limitation qui vient du fait que nous sommes là pour faire des recommandations, pas pour voir l’aboutissement concret de la mission et des conseils prodigués. Mais un travail plus opérationnel est plus monotone, plus répétitif. Quand je vois qu’il y a beaucoup d’activité, que le cabinet continue à se développer, je me dis que je resterai encore quelques années.

Propos recueillis par Alexis Serran pour Consultor.fr

 

Mars & Co
19 Jul. 2019 à 05:11
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