À la bonne école

Les clubs de consultants font une apparition timide au sein des grandes écoles françaises de commerce.

Alors qu’aux États-Unis la pratique est bien établie et a fait ses preuves, les étudiants français tentent de répliquer le modèle au sein de l’Hexagone. Une initiative saluée par les cabinets de conseil en stratégie.


Lisa Melia
15 Avr. 2013 à 02:00
À la bonne école

« Le monde du conseil effraie encore beaucoup d’étudiants », regrette Luc Gimbert, consultant chez Advancy et cofondateur d’ACE, le club de consulting de l’ESCP. « Nous avons donc voulu le démystifier en provoquant la rencontre entre les étudiants et les cabinets, afin que les étudiants comprennent ce qu’est réellement la vie d’un consultant ». ACE, qui voit le jour en septembre 2011, ouvre la voie, en France, à une tradition qui existe déjà depuis de nombreuses années de l’autre côté de l’Atlantique : les clubs de consulting dans les grandes écoles.

Harvard, Yale, Standford, Columbia... les plus prestigieuses universités américaines ont toutes mis en place des espaces de rencontres entre les étudiants et les cabinets, mais également des lieux d’échanges et d’apprentissage, pour aider ceux qui se destinent au conseil à appréhender l’univers dans lequel ils vont postuler.

Case interviews

« Nous sommes livrés à nous-mêmes pour préparer les entretiens, atteste Maryse Issautier, coordinatrice logistique et évènement du HEC Paris Consulting Club, qui a ouvert ses portes au début de l’année universitaire. Or, il peut être assez difficile de travailler seul avec des livres. Nous proposons donc aux étudiants de se retrouver tous les mercredis soir pour s’entraîner en groupe dans une ambiance conviviale. » Premier objectif des clubs : préparer l’épreuve de l’entretien. Peaufiner son CV, améliorer ses capacités de présentation personnelle et, surtout, multiplier les études de cas qui pourraient être présentés lors de l’entretien. Telles sont les principales préoccupations des étudiants. L’exercice a de quoi inquiéter : « Ce mode de sélection est très spécifique au monde du conseil, confirme Christopher Higgins, directeur assistant du service carrière, consulting, tech and media au sein de l’INSEAD. C’est l’épreuve la plus redoutée par les étudiants. »

Quelle est la plus-value des consulting clubs en la matière ? La réunion des talents, tout simplement. Les membres se retrouvent à échéances régulières, s’entraînent, confrontent leurs points de vue et pratiquent l’art du feed-back sans relâche. Une saine émulation qui permet non seulement d’améliorer le niveau des participants, mais aussi de les rasséréner sur leur capacité à répondre aux case interviews. « Nous avons, par exemple, beaucoup d’étudiants qui viennent du monde du conseil et qui réalisent un MBA à l’INSEAD avant de repartir dans leur cabinet, ajoute Joris Houben, membre actif de l’INSEAD Consulting Club. Ils peuvent nous orienter de manière très précise et nous donner des témoignages de première main sur leur expérience en tant que consultants. »

Consulting Cup

Deuxième avantage : les liens avec le monde du conseil. Lors de la formation de l’association ACE, Luc Gimbert, Vincent Josephine et Carlotta Miliotis, alors étudiants, multiplient les réunions avec la plupart des grands cabinets parisiens. Ils organisent des évènements, des rencontres, des conférences. Le succès sera au rendez-vous : à la fin de sa première année d’existence, le club peut se prévaloir de quelque cent cinquante cotisants. « Aujourd’hui, nous ne pouvons plus accepter toutes les demandes d’évènements et de rencontres, par manque de temps », apprécie Charles-Arthur Isselin-Pontet, actuel président d’ACE. Les clubs constituent généralement un excellent moyen pour les étudiants intéressés par le conseil pour rencontrer des consultants issus de divers cabinets, une opportunité non seulement pour s’informer plus précisément sur la profession, mais également pour commencer à constituer un réseau, sésame précieux quand viendra le temps des entretiens d’embauche pour un stage ou un premier emploi.

Les clubs organisent ainsi diverses manifestations. « Nous venons d’achever l’ACE Consulting Cup, indique Jean-Côme Renard, vice-président d’ACE. Pendant deux semaines, des équipes de trois étudiants travaillent sur des cas fournis par le cabinet Oliver Wyman et arbitrés par ses consultants, qui désignent le vainqueur. Cela permet aux étudiants de se mettre dans la peau de véritables consultants. » Si le client est fictif, les conditions, elles, sont réelles : véritables documents, comptes, résultats financiers à analyser. En plus de l’entraînement, l’exercice permet de rencontrer de nombreux consultants. Quant à l’équipe victorieuse, les membres pourront se prévaloir de cette expérience pour souligner leur motivation et leurs capacités. « Les firmes sont généralement ouvertes à des profils très différents, c’est l’une des raisons pour lesquelles le conseil attire de nombreux étudiants, soutient Christopher Higgins. Mais elles recherchent des candidats qui possèdent de réelles qualités pour appréhender et résoudre les situations problématiques. »

Gagnant-gagnant

Pour les cabinets de conseil, l’émergence de ces clubs constitue une véritable bonne nouvelle. « Ils sont très enthousiastes, car ce type de clubs n’existait pas encore en France, assure Charles-Arthur Isselin-Pontet. Les étudiants peuvent à la fois s'entraîner pour les études de cas et découvrir les vraies spécificités des cabinets dans lesquels ils postulent, ce qui leur offre une vision différente, plus personnelle et approfondie que la seule vision en terme de classement qui prévaut habituellement. »

Un étudiant qui participe à un club de consulting envoie plusieurs messages aux cabinets auxquels il s’adresse. Tout d’abord, il démontre sa motivation : le conseil n’apparaît pas comme un choix par défaut, en espérant mieux. Ensuite, il indique sa détermination, puisqu’il s’est investi dans le club pour préparer les entretiens et s’informer sur le monde du conseil. Enfin, il prouve qu’il connaît déjà la profession et le cabinet dans lequel il postule. Pour les étudiants, comme pour les cabinets, les consultings clubs constituent donc une véritable aubaine : une stratégie gagnant-gagnant qui n’en est qu’à ses prémisses.


Par Lisa Melia pour Consultor, portail du conseil en stratégie-15/04/2013

Lisa Melia
15 Avr. 2013 à 02:00
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