Ceinture et bretelle sur les dépenses de consulting du gouvernement

Le gouvernement entend faire baisser dès 2022 les achats de missions de conseil en stratégie et transformation, alors que le Premier ministre s’apprête à rendre public une circulaire établissant des règles plus restrictives de recours aux consultants par les administrations.

Benjamin Polle
21 Jan. 2022 à 06:00
Ceinture et bretelle sur les dépenses de consulting du gouvernement
Palais de l'Elysée, Adobe Stock.

L’audition d’Amélie de Montchalin, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, mercredi 19 janvier, par la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil privé sur les politiques publiques, avait été soigneusement préparée.  Le matin même elle précisait dans les colonnes de L'Obs et sur Europe 1 que les dépenses de conseil du gouvernement s’apprêtaient à baisser.

Elle en a précisé le périmètre devant les sénatrices et sénateurs. Dès le renouvellement du marché-cadre de transformation de l’action publique qui avait été attribué en juin 2018 à 13 cabinets de conseil privés principaux, et à 45 sous-traitants et dont le renouvellement devrait être finalisé d’ici le printemps prochain (relire nos articles ici et ), l’objectif est que les dépenses de conseil en stratégie et transformation baissent de 15%.

Mais les questions de savoir si ces 15% seront tenus, et ce à quoi ils seront comparativement calculés, demeurent.

Car Thierry Lambert, le délégué interministériel à la transformation publique (DITP), dont Amélie de Montchalin est la ministre de tutelle, avait indiqué le 2 décembre devant cette même commission que 208 millions d’euros avaient été facturés sur les trois lots que comptait ce marché-cadre (stratégie et politiques publiques, conception et mise en œuvre des transformations, performance et réingénierie de processus). Un chiffre qui apparaissait sensiblement plus élevé que les 25 millions d’euros annuels qui étaient prévus pour ces trois lots à leur attribution en juin 2018 (voir l’avis de marché).

Des diminutions portant sur des plafonds de marchés indicatifs peuvent alors paraître, pour le moins, incertaines.

à lire aussi

06-12-2021-ditp-illustration

Thierry Lambert, le délégué interministériel à la transformation publique (DITP) qui chaperonne le principal marché de conseil de l’Etat, était entendu jeudi 2 décembre par la commission d’enquête du Sénat. Le contrat de son fils avec McKinsey, supposé témoigner de l’exemplarité de la déontologie de la DITP, est surprenant.

 

Une circulaire fixant « la doctrine » du gouvernement en matière de consulting en préparation depuis plusieurs mois

Pour y parvenir, la ministre a indiqué à la commission d’enquête du Sénat que le Premier ministre s’apprêtait à publier une circulaire (obtenue par Politico et reproduite ci-dessous) – à laquelle ses services travaillent depuis plusieurs mois. Elle sera adressée à l’attention des administrations de l’État et précisera notamment les conditions auxquelles elles pourront recourir à des cabinets de conseil en stratégie.

Des conditions qui vont se durcir. La circulaire, dont Amélie de Montchalin a dévoilé à la commission d’enquête la teneur, prévoira au moins deux dispositions.

Primo, une administration ne pourra acheter une mission de conseil que lorsqu’elle aura fourni la preuve qu’elle ne peut pas répondre au besoin à adresser avec ses propres moyens. Des comités d’engagement des prestations intellectuelles, administration par administration, ministère par ministère, seront chargés d’y veiller.

Circulaire du Premier ministre

 

Boston Consulting Group McKinsey Roland Berger
Benjamin Polle
21 Jan. 2022 à 06:00
tuyau

Un tuyau intéressant à partager ?

Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !

écrivez en direct à la rédaction !

commentaire (0)

Soyez le premier à réagir à cette information

1024 caractère(s) restant(s).

signaler le commentaire

1024 caractère(s) restant(s).
10 + 5 =

secteur public

  • Service public de l’emploi : l’Office flamand évalué par Roland Berger

    Une nouvelle mission relative aux services publics de l’emploi en Europe pour Roland Berger : le ministre flamand de l’Emploi, Jo Brouns, a demandé au bureau belge de se pencher sur le fonctionnement du VDAB, l’Office régional flamand de l’emploi.

  • Sur la lutte contre le sans-abrisme, la mairie d’Austin renonce à McKinsey

    Quelques mois après avoir demandé au cabinet de conseil de l’aider à faire le ménage dans la politique chaotique de délivrance des permis de construire, le maire démocrate Kirk Watson, réélu en janvier 2023 (il l’avait déjà été entre 1997 et 2001) avait de nouveau sollicité McKinsey. Cette mission, qui dès l’annonce de son coût et du cabinet retenus avait fait grand bruit, est finalement abandonnée faute de consensus entre les différentes administrations concernées.

  • Chine/USA : McKinsey menacé d’exclusion des contrats publics à 9 mois de l’élection présidentielle américaine

    Aux États-Unis, McKinsey est une nouvelle fois sur la sellette. Les républicains demandent d’exclure la firme des contrats fédéraux, en raison de son rôle – supposé – dans un groupe de réflexion ayant œuvré auprès des autorités chinoises. McKinsey dément catégoriquement. Une affaire qui se déroule à 9 mois de l’élection présidentielle américaine.

  • La loi « anti-consultocratie » rabotée à l’Assemblée nationale

    Périmètre réduit, rapport annuel changé d’objet, limitation des pouvoirs d’intervention de la Haute autorité à la transparence de la vie publique… Plusieurs amendements apportés à la proposition de loi provoquée par « l’affaire McKinsey » et issue de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques ont suscité l’ire des parlementaires de l’opposition. Elle n’en continue pas moins à beaucoup inquiéter dans le secteur du conseil.

  • Le conseil en stratégie entre au Museum d’Histoire naturelle

    Accompagner au changement et aider à la mise en œuvre d’une nouvelle organisation : tels seront les contours de la future mission (d’une valeur maximum de 210 000 euros HT) pour le cabinet de conseil en stratégie qui sera choisi par le Muséum National d’Histoire naturelle. Le MNHN, avec son Jardin des Plantes, est un musée français emblématique fondé en 1793, sous la double tutelle des ministères de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de l’Environnement.

  • Taux journaliers : la grosse bourde du gouvernement australien

    Les services du gouvernement fédéral australien à Canberra ont par erreur fait circuler les taux journaliers appliqués par 400 sociétés de conseil qui collaborent avec l’État – et ce auprès de 22 entreprises de conseil qui se sont donc retrouvées avec les données concurrentielles de leurs camarades sur le marché.

  • Roland Berger planche sur l’économie circulaire de la Wallonie

    Le cabinet Roland Berger vient de remporter le deuxième lot du marché lancé par le Service public de Wallonie, l’organisme en charge de la gestion des achats publics dans cette région belge de quelque 3,7 millions d’habitants.

  • À La Poste, c’est Noël pour le conseil

    175 millions d’euros. Telle est la valeur estimée du prochain marché lancé par La Poste, société anonyme à capitaux 100 % publics. Cette consultation vise à la constitution d’un « vivier de prestataires » – au maximum 36 –, pour la réalisation de « prestations de conseil et d’assistance dans le domaine du conseil en management » pour La Poste et la Banque Postale, un accord-cadre de quatre lots de 24 mois renouvelables (jusqu’à 60 mois) : conseil en stratégie (lot 1), multi-expertises métiers (lot 2), logistique, supply chain et e-commerce (lot 3), RSE et décarbonation (lot 4).

  • L’Australie se dote d’un ministre du consulting

    Andrew Nipe, un ancien de McKinsey et de Bain, a été promu chief consulting officer du gouvernement fédéral australien. Objectifs : remplumer le conseil interne de l’État et limiter la facture auprès de consultants externes.

Benjamin Solano
secteur public
ditp, ugap, amelie de montchalin, premier ministre, secteur public, budget, état
10242
Boston Consulting Group McKinsey Roland Berger
2022-01-24 08:01:56
0
Non
secteur public: Ceinture et bretelle sur les dépenses de consulting d