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50 « ex » de la stratégie aux manettes des licornes françaises

Avec 6 nouvelles licornes, l’année 2022 s’est placée sous le signe de la French Tech. Et la French Tech se place toujours sous le signe du consulting : les stratèges foisonnent au sein des comex et des postes à responsabilité. De quoi continuer à alimenter les liens étroits entre le monde du conseil et celui de l’entrepreneuriat.

Anouk Milliot
29 Mar. 2023 à 05:00
50 « ex » de la stratégie aux manettes des licornes françaises
© Adobe Stock/OceanProd

En 2019, Emmanuel Macron se fixait comme objectif d’atteindre 25 licornes françaises en 2025. Il était loin d’imaginer que ce serait chose faite avec 3 ans d’avance. « La French Tech, ce n’est évidemment pas que les licornes, mais je les vois comme des exemples, des modèles pour l’ensemble de l’écosystème », déclarait-il dans une vidéo LinkedIn une fois le cap passé.

Ces start-up florissantes, qui obtiennent le convoité statut de « licorne » lorsqu’elles dépassent le milliard de dollars de valorisation, ont vu leur nombre presque doubler depuis notre dernier article.

Et plus de 2 ans après, le constat est le même : les anciens consultants sont au premier rang de la croissance des « jeunes pousses », puisqu’ils sont très nombreux à occuper des postes à (parfois haute) responsabilité en leur sein.

Des consultants devenus entrepreneurs

C’était et c’est toujours le cas chez Doctolib, la plus grande licorne française aujourd’hui valorisée à hauteur de 5,8 milliards de dollars, qui compte (entre autres) de nombreux alumnis de McKinsey, d’autres de Bain ou du BCG. Qu’ils aient été consultant, principal, manager ou partner, ils sont désormais Go-to-Market Director, Corporate Strategy Director ou encore Senior Product Manager, pour n’en citer que quelques-uns.

Et la croissance rapide de Doctolib ne fait que peu de doute : la star des licornes tricolores continue à recevoir des investissements très conséquents, avec une levée de fonds de 500 millions d’euros en mars 2022, censée permettre la création de 3 500 postes d’ici 2027.

Derrière Doctolib sur le podium, on trouve l’entreprise d’e-commerce BackMarket, valorisée à 5,78 milliards de dollars, et celle d’analyse comportementale des consommateurs Contentsquare, qui a atteint 5,6 milliards en 2022.

Dans leurs équipes, on trouve notamment Raoul Costa de Beauregard (Chief Operating Officer chez BackMarket), un ex-consultant au BCG de 2005 à 2011, Alexandre Dan (Marketing Director & Director of Engagement chez BackMarket) et Camille Nathan (Strategic Project Manager chez Contentsquare), tous deux anciens consultants de McKinsey France – qui se félicitait d’être un « incubateur de leadership » dans une récente publication LinkedIn.

Mais les plus petites licornes font aussi la part belle aux consultants. Parmi les huit nouvelles licornes de 2022, toutes comptent au moins un ancien consultant dans leur comex, et plus d’un tiers ont été cofondées par d’anciens du conseil. Nicolas d’Audiffret, Alexandre Prot et Rodolphe Ardant, CEO d’Ankorstore, de Qonto et de Spendesk, sont ainsi issus de Bain, de McKinsey et d’OC&C, où ils exerçaient respectivement en tant que manager, associate et consultant.

Simple hasard ou véritable clé de réussite ?

La tendance interroge : devient-il indispensable d’être passé par la case cabinets pour espérer rejoindre une start-up à succès ? La corrélation semble évidente, mais pas la causalité.  

C’est ce qu’explique Arthur Bellamy, ancien consultant au BCG et Chief Revenue Officer (CRO) chez Exotec, start-up industrielle devenue la fameuse 25e licorne française après une levée de fonds de 335 millions de dollars à la mi-janvier 2022 : « Dans une licorne, tout est nouveau tout le temps, car l’entreprise avance vite, souvent en terrain inconnu. Il est donc critique de savoir bien réfléchir face à de nouveaux problèmes, et en cela le conseil est une fabuleuse école, souligne-t-il. En revanche, en conseil, on n’apprend pas à décider quand prendre une décision et assumer les conséquences de celles-ci. On n’apprend pas non plus à leader des équipes, à les motiver, à les faire progresser dans la durée. »

Celui qui opérait en tant que stratège de 2006 à 2010 rejoint l’idée de la « boîte à outils » du conseil, déjà évoquée par Consultor dans son dernier article. Par essence, les licornes ont vocation à se développer au pas de course : c’est le cas d’Exotec, dont l’activité de fabrication de robots industriels pour optimiser la préparation de commandes est en pleine explosion. « L’entreprise double de taille tous les ans, donc elle change très rapidement, ajoute l’ancien consultant. Il est donc critique de savoir bien réfléchir face à de nouveaux problèmes, et en cela le conseil est une fabuleuse école. »

À l’inverse, une expérience en consulting pourrait-elle représenter un obstacle à la carrière d’entrepreneur ? « Je n’en vois pas un en particulier, répond Arthur Bellamy. Sauf peut-être le fait de faire attention à vite casser l’image du consultant prétentieux. Ça ne fait envie à personne de bosser avec quelqu’un comme ça. »

Répondre aux défis de demain avec les consultants d’hier

Petit à petit, les jeunes pousses prennent déjà une place croissante dans le quotidien des Français, puisque 62 % d’entre eux utilisent « au moins une fois par mois un service proposé par une start-up du French Tech Next40/120 » selon les chiffres du gouvernement.

Et les aspirantes licornes se font de plus en plus nombreuses. À l’image d’Exotec, beaucoup d’entreprises innovantes rêveraient d’atteindre le milliard d’euros de valorisation. Mais elles cherchent à faire plus encore : avec le développement de la GreenTech, l’entrepreneuriat cherche à se mettre au service du bien commun.

C’est le cas d’Innovafeed, entreprise biotechnologique spécialisée dans l’élevage d’insectes à destination de l’alimentation animale et végétale et membre du Next40. Avec 250 millions d’euros levés en septembre 2022, la firme compte déjà dans ses rangs 8 alumnis de McKinsey France, dont Clément Ray et Aude Guo, deux de ses trois cofondateurs, mais aussi Nizar El Alami, ex-senior consultant chez Roland Berger devenu Chief Business Officer, et Enzo Ballestra, Chief of Staff passé par Advancy comme manager. Tous les ingrédients semblent rassemblés pour en faire une future licorne « verte ».

Passant de 2 licornes made in France en 2017 à 27 fin 2022, l’écosystème des start-up semble suivre un développement rapide et exponentiel. Reste à voir s’il le sera suffisamment pour remplir le nouvel objectif fixé par l’exécutif, soit 100 licornes en 2030.

Accuracy Strategy Bain & Company Boston Consulting Group Eight Advisory - strategy & operations Kéa McKinsey Oliver Wyman
Anouk Milliot
29 Mar. 2023 à 05:00
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Adeline
L'après-conseil
start-up, licorne, après conseil, alumni, BCG, Oliver Wyman, Kea & Partners, McKinsey, Bain, Accuracy
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2024-01-01 20:42:22
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