
Un acte de contrition inédit de la part de McKinsey ; la posture du cabinet sur les derniers scandales était plutôt de répondre aux différentes accusations point par point. McKinsey est, en effet, soupçonné d’avoir conseillé au labo la manière d’augmenter les ventes de ses opiacés « tueurs », l’OxyContin, mais aussi proposé d’offrir des ristournes à ses distributeurs en cas de surdoses, ainsi que la destruction de documents compromettants liés aux enquêtes en cours.
Selon le quotidien le New York Times du 8 décembre, si le cabinet US reconnaît des erreurs, il refuse en revanche toute implication concernant des conseils stratégiques qui auraient permis l’augmentation des ventes grâce à des rabais. « Notre travail avec Purdue a été conçu pour soutenir la prescription légale et l’utilisation d’opioïdes pour les patients ayant des besoins médicaux légitimes, et toute suggestion selon laquelle notre travail visait à augmenter les surdoses ou les abus, et à aggraver une crise de santé publique est erronée. Cela dit, nous reconnaissons que nous avons la responsabilité de prendre en compte le contexte plus large et les implications du travail que nous accomplissons. Notre travail pour Purdue n’a pas respecté ce standard », a pointé McKinsey dans un bref communiqué publié le 5 décembre sur son site internet (ici). Le cabinet reconnaît également un manquement quant à son jugement sur la réalité du danger que représentent ces opioïdes pour des millions de familles américaines. McKinsey annonce à l’occasion le début d’un examen complet sur l’ensemble de la mission réalisée pour Purdue Pharma, « y compris dans l’échange d’e-mails de 2018 qui faisait référence à la suppression potentielle de documents. Nous continuons de coopérer pleinement avec les autorités chargées d’enquêter sur ces questions ».
Cette communication intervient alors que des élus démocrates et républicains s’indignent et demandent une enquête sur le travail effectué par le cabinet de conseil en stratégie auprès du laboratoire.
Et les langues commencent à se délier au sein du cabinet. La consultante-médecin, Dina Marie Pitta, médecin chez McKinsey, a demandé dans un e-mail largement partagé avec ses collègues, la démission du cabinet des responsables impliqués. « Les systèmes, et non les personnes, doivent changer pour éviter de futurs échecs, mais les dirigeants impliqués connaissaient le grand potentiel de préjudice et étaient complices. » L’ex-consultant de McKinsey Eran Zimmerman, associé de 2001 à 2003, a écrit une lettre ouverte publiée sur LinkedIn. « En promouvant vigoureusement ce crime contre l’humanité, ces consultants seniors ont failli tuer ce grand nom qu’est McKinsey. »
Deux associés sont principalement mis en cause notamment en raison de leur intention de faire disparaître les documents compromettants : le senior partner Martin Elling du bureau du New Jersey (vingt-deux ans chez McKinsey), leader de la practice produits pharmaceutiques et médicaux pour l’Amérique du Nord, et Arnab Ghatak, un médecin, associé principal depuis 2000.
Un scandale de trop ? Cela fait des années que des enquêtes largement médiatisées mettent en cause le travail de McKinsey à travers le monde, avec des clients controversés, y compris des gouvernements autoritaires. (Relire ici notre article sur la succession de scandales pour la seule année 2018.) Le cabinet américain a déclaré qu’il « prenait des mesures pour changer la façon dont il sélectionnait les projets à entreprendre ».
Crédit photo : Adobe Stock
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