McKinsey poursuivi pour sa sous-traitance en Afrique du Sud
Le spectre d’une enquête américaine sur les accusations de corruption dont McKinsey est la cible en Afrique du Sud se rapproche. Dans le viseur : la sous-traitance d’une partie d’un contrat de conseil à 78 millions de dollars obtenu par McKinsey chez le groupe énergétique sud-africain Eskom.
Lundi 11 septembre, l’ONG sud-africaine Corruption Watch, qui lutte contre la corruption en Afrique du Sud, a expliqué qu’elle s’apprêtait à recourir au Département de la Justice aux États-Unis, estimant que McKinsey avait lors de sa mission chez Eskom enfreint les règles de la loi américaine contre la corruption d’agents publics à l’étranger.
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McKinsey est l’une des nombreuses sociétés accusées en Afrique du Sud d’avoir indûment bénéficié de contrats publics, par l’intermédiaire des Gupta, une puissante famille indienne réputée très proche du chef de l’État Jacob Zuma. Cette accusation date de la publication en novembre 2016 du rapport de l’ex-médiatrice de la République sur la « capture de l’État » par les trois frères Gupta (affaire que Consultor avait déjà évoqué ici et là).
En cause, la sous-traitance d’une partie d’un contrat de conseil à 78 millions de dollars (chiffre cité par Reuters) obtenue par McKinsey chez le groupe énergétique sud-africain Eskom auprès de Trillian Capital. Cette société était anciennement détenue par un très proche collaborateur des Gupta, Salim Essa, qui affirme à Reuters avoir revendu ses parts en 2017.
La question du recours à des partenaires locaux posée dès 2013
Un lien contractuel que McKinsey a formellement rejeté depuis, concédant cependant dans les colonnes du Financial Times qu’un travail commun avait été fait avec Trillian chez Eskom. « McKinsey n’a jamais travaillé pour la famille Gupta ou toute entreprise associée à cette dernière. Par ailleurs, aucune société liée à la famille Gupta n’a reçu de versement de la part de McKinsey », écrit le cabinet sollicité par Consultor.fr.
Mercredi, deux anciens collaborateurs du bureau de McKinsey à Johannesburg ont pris le contre-pied de cette version. Cités anonymement par Reuters, ils estiment que la question du recours à des partenaires locaux sud-africains s’est posée bien plus tôt que ce que le cabinet a bien voulu dire. D’après eux, la sous-traitance locale aurait démarré dès 2013 et un premier contrat honoré par McKinsey en binôme avec la société Regiments, prédécesseur de Trillian Capital, incorporée en 2015 par des anciens de Regiments.
« Pourquoi des sociétés si peu performantes nous rapportaient-elles de si gros contrats ? Pourquoi le montant des contrats était-il si favorable ? Pourquoi sommes-nous tenus de passer par elles pour développer nos affaires ? » s’interroge une des deux sources citées par Reuters. Celles-ci apprennent également qu’un ancien associé du bureau est rentré en contact avec un administrateur d’Eskom en septembre 2015 lui indiquant ne pas vouloir collaborer avec Regiments et Trillian.
L'enquête interne « se poursuit »
Après quoi cet associé, qui n’est pas nommé, a été remplacé par Vikas Sagar à la gestion du contrat Eskom. Le 6 juillet 2017, le cabinet a accepté le congé sabbatique proposé par Vikas Sagar, le senior partner du bureau de Johannesburg qui avait évoqué la collaboration avec Trillian dans un courrier adressé à un dirigeant d’Eskom. McKinsey a également indiqué avoir mis un terme à ses relations contractuelles avec Eskom et avoir engagé une enquête interne. « Elle se poursuit », fait savoir le bureau de Paris.
Mais l’affaire pourrait ne pas en rester là. Lundi 11 septembre, l’ONG sud-africaine Corruption Watch, qui lutte contre la corruption en Afrique du Sud, a expliqué qu’elle s’apprêtait à recourir au Département de la Justice aux États-Unis, estimant que McKinsey avait lors de sa mission chez Eskom enfreint les règles de la loi américaine contre la corruption d’agents publics à l’étranger.
« Au regard de l’action en justice envisagée par l’organisation Corruption Watch auprès du Department of Justice des États-Unis, McKinsey a fait appel aux services d’un cabinet d’avocats conseil [Norton Rose Fullbright, NDLR]. Ce dernier confirme l’inexistence de tout fondement juridique à une action en justice», écrit McKinsey.
Une autre plainte déposée par un sous-traitant
Et le ciel judiciaire sud-africain est décidément chargé sur le front de la sous-traitance. Le site d’informations économique britannique et sud-africain Biznews apprenait le 30 août qu’une société candidate à un appel d’offres de McKinsey, qui cherchait des consultants locaux comme partenaires, avait été écartée de manière irrégulière. Et avait porté plainte en mai pour fraude.
Benjamin Polle pour Consultor.fr
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