Info Consultor - Delphine Bourrilly présidente et gérante de Kearney France
Kearney annonce jeudi 3 juin la nomination de Delphine Bourrilly au poste de présidente et associée-gérante de Kearney France. Elle prendra ses fonctions le 1er juillet 2021. Elle succédera à Nicolas Lioliakis (relire son interview à Consultor), qui prendra la tête de la practice transformations au niveau européen une fois la transition effectuée. Nous avons interrogé Delphine Bourrilly sur ses priorités.
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Après consultation des associés, Delphine Bourrilly a été nommée par Geir Olsen, le patron de la zone Europe. Elle est la cinquième dirigeante du bureau de Paris depuis 2005 (date à laquelle le bureau a été racheté par son management à EDS).
Diplômée de HEC (Finance, 2003), Delphine Bourrilly a commencé sa carrière en 2003 chez UBS où elle a évolué jusqu’au grade de directrice (2008), spécialisée dans la structuration de produits dérivés de taux d’intérêt et hybrides. Elle rejoint en 2009 le cabinet mondial de conseil en stratégie Kearney.
La spécialiste des marchés est d'abord positionnée sur des missions en lien avec les services financiers avant d'élargir progressivement son périmètre d'intervention : tourisme, retail, énergie et aérospatiale. Des sujets d’organisation, de gouvernance et de transformation des entreprises, elle fait son dada. Elle évolue jusqu’à être élue associée (2018) puis en charge de la practice « Leadership, Change, and Organization » pour l’Europe (relire le portrait que nous lui avions consacré).
Consultor : Vous êtes une des rares femmes à diriger un cabinet de conseil en stratégie en France. Est-ce un signal envoyé par Kearney dans un marché peu paritaire au plus haut niveau (relire notre article) ?
Delphine Bourrilly : J’ai été choisie au terme d’une consultation des associés qui ont vu en ma personne un bon potentiel pour diriger le bureau de Paris. J’espère, bien sûr, imprimer une marque. Je pense qu’au-delà de la parité, la diversité des profils est essentielle dans notre métier. Plus vous avez de profils variés, plus vous êtes performants. Quand bien même nos clients ne bougeraient pas sur le sujet – or ils le font – nous ne pourrions plus nous permettre d’être monolithiques comme par le passé dans notre secteur.
Avec un diplôme de HEC et un début de carrière dans le trading, peut-on déjà vous considérer comme un profil un chouia atypique vis-à-vis de consultants qui auraient fait toute leur carrière dans le conseil ?
Au risque de vous décevoir, je suis un profil plutôt typique, je crois. Chez Kearney, un certain nombre de profils n’ont pas fait que du conseil dans leur carrière et cela fonctionne souvent bien, ne serait-ce que pour se mettre plus naturellement à la place du client. Pour ma part, mon background dans le trading m’a sûrement donné des petits plus par instant dans ma carrière de consultante en stratégie, la capacité à gérer le stress par exemple.
Quelles seront vos responsabilités en tant que présidente du bureau français de Kearney ? En quoi diffèrent-elles de celles de partner ?
Un bureau de cabinet de conseil en stratégie comme le nôtre est une PME de luxe. En assurer la présidence consiste à en superviser les opérations : recrutement des meilleurs talents, cohésion interne, qualité du service rendu à nos clients, pilotage de la performance… Cela consiste aussi à animer le groupe d’associés dans un esprit collaboratif et à représenter institutionnellement Kearney sur le marché français. Mon rôle sera de donner une impulsion pour continuer à développer notre bureau sur la place de Paris, à fédérer les énergies de l’ensemble de nos équipes et à accompagner toujours mieux nos clients.
De quelle marge de manœuvre disposez-vous à l’échelle locale vis-à-vis du groupe au global ?
Kearney a une gouvernance assez décentralisée. Nous avons une bonne latitude à l’échelle du bureau pour impulser le développement et ancrer l’empreinte locale, en discussion constructive et permanente, bien sûr, avec les échelons européen et mondial.
Quelles priorités seront donc les vôtres en France ?
Fixer une ligne directrice, de développement commercial, de développement des équipes et d’esprit de conseil. Parce qu’au fond notre métier est simple : servir nos clients avec les personnes les plus compétentes ! Nous devons continuer à croître et à servir nos clients de la meilleure manière, ce que nous faisons déjà puisque Kearney se porte très bien à l’échelle mondiale et que l’activité du bureau de Paris atteint déjà un niveau historique en 2021.
Sur quels sujets vous sollicite-t-on actuellement beaucoup ? Comment percevez-vous le marché du conseil en stratégie ?
Le point clé, je me répète, est celui de la croissance. 2020 n’a été facile pour personne, ni pour nos clients ni pour nous ; la prestation de conseil n’aime pas l’incertitude : si les crises nettes ou les croissances claires sont favorables à notre activité, les entre-deux ralentissent toujours l’appel à nos expertises par les entreprises. À l’image de nos clients, nous fonctionnons de nouveau à plein régime. La dynamique de court terme est donc celle d’un marché très dynamique où nous prenons toute notre part.
Plus fondamentalement, les besoins de nos clients évoluent : si le digital ou la data restent évidemment très présents, les enjeux de développement durable sont de plus en plus perceptibles et les nouveaux modes de leadership et de collaboration, l’engagement des équipes et la responsabilité sociétale des entreprises sont des sujets qui prennent de plus en plus d’ampleur dans notre mix projets. Lorsque j’ai rejoint le conseil en 2009, beaucoup de missions portaient sur la planification stratégique avec des requêtes clients très focalisées sur le « que doit-on faire ? ». La question demeure aujourd’hui, certes, mais de plus en plus on nous sollicite aussi sur le « comment doit-on faire ? À quelle vitesse ? Comment embarquer l’ensemble des parties prenantes ? » Ces questions sont au cœur de ce que Kearney sait bien faire.
Propos recueillis par Benjamin Polle pour Consultor.fr
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