Carrefour, les défis de l'intégration de Cora et Match

Le secteur de la grande distribution, en pleine mutation depuis la pandémie et la guerre en Ukraine (inflation, hausse des prix de l’énergie, modes de consommation…), fait face à la concurrence accrue des hard discounters et du e-commerce. Selon l’Institut Kantar, le groupe Carrefour est le 2e acteur du secteur en parts de marché (près de 20 %) derrière Leclerc (24 %).

Quels ont été les défis de l’intégration des enseignes Cora et Match pour le groupe Carrefour ?

L’intégration de Cora, Match et Provera [la centrale d’achats, ndlr] par Carrefour représente un défi humain majeur, avec l’accueil de plus de 22 000 collaborateurs dans la famille Carrefour en juillet 2024. Cette opération permet à Carrefour de consolider sa position de leader dans la distribution alimentaire sur le marché français.

C’est aussi un défi commercial, avec le changement d’enseigne des 60 magasins Cora en hypermarchés Carrefour opéré à l’automne 2024. C’est enfin un défi technique quand on fait converger des outils.

Nous avons constitué une équipe interne dédiée à la préparation, puis au déploiement du programme d’intégration dès novembre 2023. Nous faisons appel à des soutiens externes spécialisés dans ce type d’opérations sur des problématiques spécifiques, notamment de rapprochement d’outils.

L’intégration est en cours. L’enseigne Match continue son développement et est renforcée par l’addition des produits de marque Carrefour. L’enseigne Cora a été remplacée par l’enseigne Carrefour, mais nous avons à cœur de capitaliser sur les forces de Cora, notamment l’expertise sur les produits frais et les opérations de gros volumes, qui seront bientôt disponibles dans les hypermarchés Carrefour. Nous avons par ailleurs inauguré récemment l’École des Produits frais Carrefour à Boussy-Saint-Antoine, dans des laboratoires créés par Cora.

En qualité de directeur de ce projet, quels ont été les challenges pour l’ancien consultant que vous êtes ?

C’est la première fois que j’ai l’opportunité de diriger un projet d’une telle envergure et complexité, ayant impliqué plus de 550 personnes dans sa préparation et son implémentation. Cela nécessite d’organiser et de piloter une multitude de chantiers en transverse. Il faut également faire preuve de résilience et d’agilité.

Le projet est placé sous la responsabilité d’Alice Rault, directrice exécutive Stratégie & Transformation du groupe Carrefour [une alumni d’AlixPartners, ndlr], qui a joué un rôle clé dans le pilotage du projet, tant par sa capacité à mobiliser l’ensemble des directions de l’entreprise et à sécuriser les moyens nécessaires pour parvenir au succès de cette intégration, que par sa capacité à challenger les équipes pour atteindre nos ambitions de synergies.

Où en êtes-vous sur ce projet PMI ?

La première phase, la sécurisation du Day-1, a été cruciale pour garantir la continuité des opérations dès le 1er juillet 2024. Nous avons mis en place toutes les mesures nécessaires pour assurer une transition « sans couture ».

La deuxième phase, qui s’est déroulée d’octobre à janvier, consistait à réaliser le changement d’enseigne des magasins Cora ainsi que l’alignement au modèle commercial de Carrefour, notamment avec l’arrivée de plus de 6 000 produits à marque Carrefour.

En parallèle, nous avons intégré Match au sein de Carrefour, en veillant à maintenir son modèle commercial distinct.

Nous sommes entrés dans une troisième phase : celle de la convergence des outils informatiques et de l’expérience omnicanale.

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Bio express de Guillaume Cocovi

Diplômé de l’ESDES Business School en 2011, Guillaume Cocovi a débuté comme consultant chez Accenture durant 1 an, avant de rejoindre KLB Group, cabinet de conseil spécialisé dans les fonctions supports. Il entre ensuite chez EY-Parthenon, où il évolue entre 2016 et 2020, s’est spécialisé en Digital, et a été promu senior manager en 2019. Il est entré chez Carrefour en 2020 en tant que directeur de la digitalisation et de la simplification des hypermarchés, promu en 2022 comme directeur de la stratégie et de la transformation opérationnelle des hypermarchés.