Rio Tinto : un nouveau président très scruté
Dominic Barton, qui avait été nommé ambassadeur du Canada en Chine en 2019, après avoir dirigé McKinsey monde durant trois mandats, de 2009 à 2018, prendra ses nouvelles fonctions en mai 2022. Il succèdera à Simon Thompson.
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L’impressionnant CV de Dominic Barton a clairement joué en faveur de sa nomination, notamment ses liens étroits avec la Chine, principal marché pour l'anglo-australienne Rio Tinto, alors qu’il était responsable de 2004 à 2009 de la région Asie depuis Shanghai, puis ambassadeur du Canada à Pékin, de 2019 à décembre 2021, mais aussi son expérience dans le secteur minier (il est administrateur de Teck Resources à Vancouver depuis 2018) et, bien entendu, sa vision stratégique expérimentée durant ses trente années chez McKinsey.
Il n’en fallait pas plus pour convaincre la société minière, qui a dû se trouver un nouveau dirigeant en pleine tourmente. Le président sortant, Simon Thompson, a en effet annoncé en mars 2021 qu’il ne se représenterait pas à ce poste lors de la prochaine assemblée générale, en mai 2022.
La raison ? Il a décidé d’assumer pleinement la responsabilité de la destruction en mai 2020 d’un site sacré aborigène vieux de 46 000 ans, dans la grotte de Juukan Gorge en Australie-Occidentale. D’autres dirigeants du groupe, dont son directeur général le Français Jean-Sébastien Jacques, ont également démissionné à la suite de la révélation de cette affaire.
« Au cours de mes sept années au conseil d'administration de Rio Tinto, je me suis efforcé de promouvoir un programme environnemental, social et de gouvernance progressiste. Bien que je sois satisfait des progrès que nous avons accomplis dans de nombreux domaines, les événements tragiques de Juukan Gorge sont une source de tristesse personnelle et de profond regret, ainsi qu'une violation flagrante de nos valeurs en tant qu'entreprise », a déclaré Simon Thompson dans un communiqué.
Dominic Barton prendra donc la présidence de Rio Tinto pendant une période charnière de cette société minière. Ses axes de travail : la décarbonisation et l’instauration et le renforcement de liens de confiance avec les communautés locales. « Je suis ravi de rejoindre une entreprise avec des personnes et des actifs de classe mondiale alors qu'elle navigue dans un paysage concurrentiel en évolution et cherche à devenir un leader de la transition climatique », a-t-il dit lors de sa nomination.
Mais ce retour à la sphère privée est déjà surveillé de près depuis le Canada. Le Nouveau Parti Démocrate (NPD) a réclamé, début janvier 2022, que le Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique du gouvernement fédéral s’intéresse à la récente nomination de Dominic Barton.
« Étant donné que Dominic Barton a occupé un poste dans la fonction publique à un haut niveau de responsabilité et d'influence, et considérant qu’il a rencontré des dirigeants de Rio Tinto pas plus tard qu'en octobre 2021 [alors qu’il était encore ambassadeur du Canada en Chine – ndlr], il est inquiétant pour tous les Canadiens de savoir qu’il a annoncé son intention de devenir le président du conseil d'administration de Rio Tinto moins de trois mois après sa rencontre avec la société minière », écrivent les députés de NPD Matthew Green et Heather McPherson dans une lettre reprise par le Journal de Montréal.
Toujours selon le journal, aucune information officielle n’a été divulguée quant au lancement ou non d’une enquête à ce sujet. Le Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique n’est également pas autorisé à confirmer ou non si une demande d’enquête a été déposée. Dominic Barton doit prendre la présidence de Rio Tinto le 5 mai 2022.
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