Le BCG accable la fondation Le Refuge dans un rapport
C’est une enquête impitoyable de Mediapart, datant de décembre dernier (ici), qui a poussé la fondation Le Refuge à faire réaliser un audit interne à un cabinet de conseil en strat’.

Le Boston Consulting Group a ainsi effectué un rapport pro bono d’un mois, entre mi-janvier et mi-février, suite aux révélations du journal d’investigation mettant en cause l’organisation et la gouvernance de cette association d’aide aux jeunes LGBT victimes d’homophobie en rupture familiale.
« Ce travail a été effectué à titre gratuit dans le cadre de l’engagement sociétal du BCG pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes, et pour les enjeux de diversité notamment LGBT+ », note le cabinet dans le compte-rendu de l’audit révélé par le magazine Têtu qui le met en ligne dans son intégralité (ici).
Pour ce faire, le BCG a recueilli le témoignage de 1 400 personnes grâce à un questionnaire en ligne, réalisé 150 entretiens individuels et collectifs, et visité six sites du Refuge partout en France. L’ensemble de l’organisation du Refuge, association créée en 2003, devenue fondation en 2020, a ainsi été passé au crible : ligne d’urgence et d’écoute, actions de sensibilisation, hébergement, accompagnement, RH, finances, gouvernance, éthique…
Le BCG confirme et amende le premier diagnostic du journal d’investigation, révélant « des dysfonctionnements structurels imposant une réaction forte et urgente. Un certain nombre de faits graves ont été portés à l’attention de notre équipe ».
Le rapport relève cinq manquements majeurs : besoin critique de professionnalisme, des responsabilités excessives accordées aux bénévoles, un manque de dialogue, un climat de défiance et de mal-être au travail, absence de pilotage financier, gouvernance déficiente.
Le BCG note notamment « un manque d’effectivité du partage des rôles entre président et directeur général, et un contrôle limité des décisions et de la planification stratégique par le conseil d’administration ». Il pointe par ailleurs une gestion financière des plus légères : « Malgré des ressources de 3,3 M€ en 2019, la fondation n’est pas en mesure de fournir une estimation sur les comptes de 2020. Les fichiers comptables sont différents d’une délégation à une autre. La fondation ne dispose pas d’un logiciel de gestion financière. Une partie des reçus fiscaux des dons ne sont pas édités de façon automatique. Chaque délégation dispose d’un compte bancaire... »
Le BCG a par ailleurs émis dix recommandations urgentes en termes de transformation de la fondation, pourtant reconnue d’utilité publique, et qui lui apparaissent plus que nécessaires. « La fondation Le Refuge répond à un besoin social manifeste. Au cours des dernières années, l’activité́ du Refuge a connu une très forte croissance avec près de 40 000 nuitées offertes en 2019 contre 23 000 en 2015 (soit une croissance moyenne de 15 % par an). En 2020, le besoin a été encore fortement accru par la crise sanitaire et les mesures de restriction des déplacements qui l’accompagnent. »
Suite à cet audit au vitriol du BCG, Nicolas Noguier, président et fondateur du Refuge, a annoncé sa démission le 18 février, le jour même du rendu officiel du rapport du BCG.
Crédit photo : Le Refuge.
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