Galansire : l’humoriste qui étrille le métier de consultant… Successfull !
Il est un ancien du conseil (remercié au bout d’un mois) et de la pub qui fait le buzz sur la Toile. Depuis moins d’un an, Galansire s’est fait un nom et des millions de vues pour ses sketchs au vitriol sur les consultants et futurs consultants, étudiants des grandes écoles de commerce.

Des mini-satires quotidiennes d’un monde qu’il décrit comme ultra-élitiste, caricatural, égocentré, tout en posture et impitoyable. Du théâtre masqué pour dénoncer une perte totale de sens. Un message qui fait largement écho.
Le métier du conseil (et du conseil en stratégie en particulier) devient une véritable source d’inspiration post-covid pour les auteurs. Depuis 2021, en effet, plusieurs brûlots littéraires ont été publiés, dont celui du Prix Goncourt Nicolas Mathieu (Connemara), de Bruno Markov, de Louise Morel, ou encore d’Helene Drummond (épouse d’un partner du BCG). Le secteur – et ses travers – inspire aussi les humoristes, à l’instar de Karim Duval après la pandémie, et, depuis moins d’un an d’un nouveau venu sur Instagram, Galansire.
Le conseil pour inspiration
En quelques mois seulement, celui qui s’est improvisé humoriste sur la Toile fait trembler les compteurs. Ses reels sur Insta font jusqu’à 40 000 likes et il affiche quelque 258 000 followers. Galansire, une anagramme de son patronyme, 36 ans, a fait de la satire des élites, et en particulier des consultants et des étudiants des grandes écoles de commerce, voulant dénoncer « les techniques de management abusives que j’ai pu vivre dans un cabinet de conseil et dans une agence de pub ». Galansire a débuté ses sketchs en mars 2024, dans une période plutôt sombre pour lui professionnellement, mais qui a permis cette « éclosion de quelque chose qui mature depuis des années, le fruit de l’observation et de l’analyse de la société et de ses travers ». Au départ, celui qui s’est improvisé humoriste avait besoin « de survivre à toutes les inepties auxquelles j’ai été confronté ». Un humour bien noir donc…
Ainsi, depuis moins d’un an, Galansire publie tous les jours sur Insta, derrière des masques et des personnages, des satires d’un monde qu’il a connu ou entendu parler, parodiant en particulier les jeunes diplômés de HEC, comme Charles-Antoine, qui veut convaincre qu’il est possible d’accéder à un train de vie satisfaisant sans école du top 3. « Je connais deux personnes au moins qui y sont parvenues, et qui s’en sont sorties, au prix de beaucoup d’effort, beaucoup de travail, un peu de réseau, et un peu d’argent. » Ses personnages prennent aussi régulièrement le trait de « consultant en bullshit » qui déconnecte, prend des vacances, qui est toujours force de proposition, ou aime être challengé, qui parle de son N+1 dont le mantra est « work, work, work », ou qui vit « un lundi sous tension en pays du bullshit »… À l’instar du N+1 de Gaspard, consultant, qui débriefe : « Gaspard doit à mon sens encore upskilling un peu en deep dive. Mais on est sur la bonne voie, Gaspard. Agilité. Je rends la parole. Je circle back ce soir. » Ses sketchs au vitriol seraient ainsi un exutoire pour tous celles et ceux qui « vivent dans cette réalité de souffrance dans le travail, car il est décorrélé de son sens profond et de l’existence ».
Les travers (vécus) du conseil et de la pub
Mais de quelle expérience parle-t-il réellement ? Galansire n’est pas issu des grandes écoles. Il est diplômé d’une école de communication et de marketing, puis a suivi une formation en anthropologie et théologie en cours du soir au Collège des Bernardins, puis une formation chrétienne à l’église de Saint-Germain-des-Prés. C’est ensuite que ce croyant fait son expérience du monde du travail « bullshit » après une expérience de communication digitale dans une start-up et au sein d’une ONG où il a travaillé sur des enjeux de transformation des organisations.
D’abord, un rapide passage d’un mois dans un cabinet de conseil en organisation dans lequel Galansire a été recruté avant tout « par cooptation par quelqu’un qui avait fait le même bilan de compétence. J’y ai cru, rêvant de devenir un super consultant et de gravir les échelons. Mais c’était une grosse erreur ! » Car celui qui avait auparavant travaillé dans le marketing digital se retrouve alors avec la casquette de consultant envoyé en mission dans une mutuelle qui changeait son système d’information. « Ça s’est très mal passé au sein du cabinet, je n’étais pas du tout à l’aise dans cette culture d’entreprise, je ne comprenais pas pourquoi ma N+1 m’avait pris en grippe très rapidement. Et tout ce langage, hermétique… Je ne me sentais pas adapté. Et ils ont mis fin à ma période d’essai. Cela a été une grande désillusion pour moi. » Galansire rebondit dans une agence de communication dans laquelle « sous des allures décontractées, on est dans un rouleau compresseur ». Cette agence de pub, une autre grande source d’inspiration pour dépeindre ses « consultants en bullshit ». Car « c’est finalement un peu le même monde que le conseil, avec les mêmes codes, le même langage, les mêmes anglicismes, les mêmes postures d’expert qui finalement sont un peu creuses ». Et puis, aussi, le magazine Cash Investigation diffusé en septembre dernier, intitulé « McKinsey, une firme au cœur du pouvoir », qui l’a « beaucoup marqué et influencé », notamment en ce qui concernait « les fameux livrables vendus à prix d’or ».
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Ce qui l’a le plus frappé dans sa courte expérience du conseil ? D’avoir été embauché comme consultant « sachant que je n’avais aucune expérience en assurances et mutuelles » et le sentiment d’être « interchangeable » et « dans une posture de sachant ».
Une dénonciation qui fait le buzz
Le succès de ses sketchs, des millions de vues cumulées à ce jour, Galansire ne l’explique pas encore vraiment. Certainement en partie parce qu’il représente une certaine génération, des trentenaires, « à qui on a enfoncé dans le crâne que la voie royale était de faire une super école de commerce et d’entrer dans une entreprise prestigieuse pour compter les k€, mais qu’en fait, il y a une perte de sens de toute une génération ; qu’on est payé trois fois trop pour ce que l’on fait et qu’on joue le jeu quand même, et cela pose des questions existentielles ». Mais pas seulement, car ses followers, selon ce qu’il a pu lire des commentaires, vont bien au-delà de sa génération. « Je me rends compte qu’il y a vraiment tous types de followers, des jeunes, des étudiants en grande école, des consultants, mais aussi bien d’autres… » Ce qu’il sait, c’est que son audience est avant tout masculine (à 80 %), jeune, et parisienne, mais « ceux qui interagissent sont d’une grande diversité d’âge et de milieu social ».
Et les commentaires, avant tout des témoignages, pleuvent sur chaque sketch. Difficile pour lui de savoir qui est derrière, consultants en activité ou étudiants de HEC. Une chose est sûre, c’est que ses sketchs ne rendent pas les intéressés furieux. « Je n’ai jamais eu un commentaire négatif d’un consultant, j’ai plutôt des témoignages de gens qui me disent vivre cette réalité. Le seul post qui me disait que je faisais beaucoup de mal à la profession était plutôt humoristique. »
Son travail caustique fait aussi parler dans les grandes écoles de commerce qu’il dénonce. Pour preuve, il était invité début janvier à l’ESSEC pour une conférence lors de la semaine de séminaire dédié à l’avenir intitulée « iMagination » avec l’intervention de scientifiques et chercheurs, auteurs, artistes, philosophes… Devant plusieurs centaines d’étudiants, Galansire a présenté son nouveau travail d’humoriste, a partagé ses expériences pros et leurs écueils, et ses conseils pour trouver un sens au travail et ne pas s’enfermer dans un cercle vicieux de la recherche de la réussite pure.
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