Christine de Wendel : à la Bain école
Pour cette diplômée en relations internationales de 39 ans, qui a débuté par le conseil chez Bain & Company avant de lancer le bureau de Zalando France et d’être aujourd’hui COO chez ManoMano, les années Bain ont joué un rôle déterminant dans la suite de sa carrière.
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Après des études généralistes en relations internationales à Georgetown (Washington DC de 1998 à 2002) et à la LSE (London School of Economics de 2002 à 2003), Christine de Wendel décolle pour Sarajevo en Bosnie-Herzégovine, pour un an. Elle s’occupe d’un projet de démocratisation pour le compte l’Union européenne.
Après Sarajevo, un profil original qui intéresse
Qui ne durera qu’un temps. « Pour des raisons sentimentales », elle recherche une autre voie professionnelle à Paris. « Le conseil était l’option idéale pour une généraliste qui avait un profil international et qui avait pas mal baroudé […] Les cabinets de conseil étaient très actifs sur le campus et beaucoup de mes camarades de Georgetown avaient fait ce choix-là. »
Après avoir postulé chez McKinsey et chez Bain, ce dernier la recontacte. L’aventure du conseil commence en 2004 au bureau de Bain à Paris. « Je représentais pour eux un profil atypique, celui d’une jeune Américaine qui venait de Sarajevo pour ses entretiens, qui pouvait leur apporter de la valeur ajoutée et une perspective différente dans ma promotion chez eux. »
Comme un poisson dans le conseil
Les débuts sont prometteurs. Le temps de conseil en chambre, cloîtrée au bureau à éplucher les rapports et les bases Excel, est réduit à la portion congrue. Elle s’estime alors rapidement exposée aux clients et étoffe à vitesse accélérée son réseau. Elle reste deux ans dans la capitale française puis a la possibilité de rejoindre le bureau de Bain à New York pour sa troisième année.
Si à Paris elle faisait surtout de la due diligence de private equity, dont Bain est un des acteurs prédominants, aux États-Unis elle est en charge de projets de croissance. « Il existe une très forte culture d’entreprise chez Bain. J’y ai donc retrouvé les mêmes bons éléments que ce soit à Paris ou à New York. »
D’un côté et de l’autre de l’Atlantique, l’accélérateur du conseil en stratégie, choisi par nombre d’étudiants à la sortie des écoles supérieures pour le tremplin de début de carrière qu’il offre, joue à plein.
Christine Wendel se souvient encore de l’intensité de ces premières années comme si c’était hier : le nombre de sujets différents auxquels elle est confrontée dans un court laps de temps, la découverte d’une myriade d’entreprises et d’industries, et, encore une fois, le réseau.
D’ailleurs, chez Bain, elle développe un cercle d’anciens, des femmes et d’hommes qu’elle continue de voir assidûment et avec lesquels elle discute de son approche et de ses évolutions professionnelles. Motus et bouche cousue sur la composition détaillée de ce collège d’amis et d’anciens collègues consultants, mais on y retrouve par exemple Amandine de Souza, la directrice du BHV-Marais.
Trois ans dans le conseil, pas plus
Autre trait caractéristique des années Bain : la culture de l’entrepreneuriat qui pousse nombre des anciens à tenter l’aventure de leur propre société ou à rejoindre des start-up à forte croissance. Après un bref passage chez Starwood Hotels et un MBA à l’Insead, qu'elle finance elle-même, elle a la possibilité de réintégrer Bain.
« Aux États-Unis, au bout de trois ans dans le conseil, le standard est de faire soit un MBA, soit de partir pour l'industrie avec l’engagement au bout de deux ans, si tout se passe bien, d’être réembauché par le cabinet de conseil », explique-t-elle.
Elle se pose la question de retourner chez Bain, mais le désir de se lancer dans le vif du sujet, dans le domaine entrepreneurial, la taraude. Fin 2010, elle est approchée par la start-up allemande Rocket Internet – dont la réputation sulfureuse et le goût pour les anciens du conseil en stratégie sont connus.
L’incubateur allemand de la start-up digitale lui propose d’ouvrir le bureau de Paris pour Zalando, alors une jeune pousse de la vente en ligne de prêt-à-porter.
La boîte à outils de l’hyper croissance
C’est le début de sept années de croissance effrénée. C'est peu dire d’ailleurs que son expérience des stratégies de croissance acquises chez Bain lui a été utile. « Quand je suis arrivée chez Zalando, le business global faisait moins de 200 millions d’euros de revenus par an. À mon départ, il faisait plus de quatre milliards ! »
Dans cet univers d’hyper croissance, la boîte à outils made in Bain tient bon. Même constat quelques années plus tard, dans un autre contexte de croissance rapide. En 2017, à la recherche d’une nouvelle entreprise, basée à Paris, alliant ambitions de croissance et valeurs humaines, Christine de Wendel fait une rencontre déterminante : celle de Christian Raisson, l’un des fondateurs de l’entreprise ManoMano, le site de commerce en ligne spécialisé dans le bricolage et le jardinage qui a vu ses effectifs passer de 120 en 2017 à 400 employés en 2019 et revendique une croissance de son volume d’affaires de 70 % sur la dernière année.
Là encore, les trucs et astuces glanés dans le conseil sont encore omniprésents. « Je m’en sers tous les jours. Nous sommes une entreprise en croissance avec de grandes ambitions, qui fait des levées de fonds, discute avec beaucoup d’investisseurs, qui dialogue énormément avec l’extérieur. Avoir ce bagage du conseil en stratégie qui me permet de faire une présentation devant des investisseurs ou de parler devant une assemblée ou de faire un feed-back très constructif et détaillé comme nous l’apprenons en conseil, cela m’est utile chaque jour. Le conseil en stratégie est une école précieuse. »
À ce point précieuse, que la COO de ManoMano cherche à recruter davantage d’anciens du conseil en stratégie. Dans l'équipe de Christine de Wendel, pas moins de trois des N-1 qui lui rapportent directement ont, eux aussi, fait leurs classes dans le conseil en stratégie. Nulle part ailleurs que chez Bain.
Justine Mattioli pour Consultor.fr
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