« À chaque projet, on se fait mal au cerveau »

 

 

Consultor est allé à la rencontre de Laurence-Anne Parent. Dans le petit monde du conseil en stratégie, la consultante d’Advancy a un parcours qui mérite que l’on s’y intéresse.

Membre du très sélectif club des femmes seniors partners, elle est aussi mère de famille nombreuse, bénévole, sportive et passionnée.

12 mai. 2017 à 17:48
« À chaque projet, on se fait mal au cerveau »

 

Les partners de cabinets de conseil en stratégie ont en commun une certaine pudeur. C’est le métier qui veut que l’on rechigne à parler de soi et Laurence-Anne Parent ne déroge pas à la règle. Tout au long de l’entretien, elle redirigera régulièrement la conversation vers son domaine de prédilection, le consumer goods. Là, le rythme s’accélère, les idées se bousculent et les exemples s’enchaînent. Elle parle de « pépites bondissantes », cite The Honest Company, Younique ou Dollar Shave Club et prend le temps d’expliquer chacun des concepts.

« À chaque projet, on se fait mal au cerveau »

L’exemple, Laurence-Anne Parent ne semble jurer que par ça. C’est une femme pratique et c’est ce qui l’a amenée à rapidement se spécialiser dans le consumer goods. « Ce qui m’a plu, c’est l’aspect concret de cette industrie, la capacité à tester les concepts rapidement, explique-t-elle. C’est un secteur très réactif où l’on ne passe pas dix ans sur une idée avant de la mettre en œuvre. »

Après l’ESSEC (1988), une année chez Arthur Andersen puis un MBA à Chicago (1990) – formation qu’elle avait débutée lors d’un échange à l’ESSEC –, voilà la jeune femme consultante chez l’Oncle Sam, au siège d’A.T. Kearney. Des États-Unis, elle retient « l’esprit très entrepreneurial avec la volonté de repousser les barrières dès le début de carrière ».

Une philosophie qu’elle n’a pas quittée et qui l’a suivie, c’est elle qui le dit, chez Advancy. « Nous ne restons jamais dans notre zone de confort, sinon nous ne voyons pas arriver les changements. C’est notre rôle d’anticiper ce que nos clients ne voient pas encore. » Elle s’enorgueillit que chez Advancy, « nous ne nous disons jamais : “ ce projet sera facile, on a déjà fait la même chose ailleurs”. À chaque projet, on se fait mal au cerveau pour offrir au client du nouveau, du sur-mesure ».

Laurence-Anne Parent aime sortir de sa zone de confort. Elle n’hésite pas en 2003 à quitter A.T. Kearney où elle est partner pour Advancy, alors petit cabinet hexagonal qui fête ses trois ans et compte tout au plus une dizaine de consultants. « J’ai été attirée par la liberté, précise-t-elle. Ma vision du rôle d’un partner, c’est “shape the world”. Or Advancy avait dès le départ ce mindset. »

Cette liberté, elle assure que le cabinet l’a conservée, malgré la croissance et le changement de dimension de l’entreprise. « Nous avons gardé la capacité de dire non à un client si nous estimons que ce qu’il nous demande n’est pas adapté à sa situation. » Exemple avec le « BBZ » (Budget Base Zéro), sujet à la mode qu’elle a récemment déconseillé, malgré l’enthousiasme de son client. « Advancy peut refuser et décider seul, sans en référer à New York, Boston ou Chicago. »

Le management par l’exemple

Sur la page du site internet d’Advancy consacrée à Laurence-Anne Parent, une de ses citations est mise en exergue : « Small is beautifull : plus proche du client, du sur-mesure, de la réactivité ». La proximité, c’est son cheval de bataille. Elle travaille sur ces sujets pour ses clients du retail et prêche la bonne parole dans différents médias.

Cette proximité qu’elle vend à ses clients, elle la met en œuvre au quotidien, aidée par « la taille d’Advancy, cabinet puissant, mais à taille humaine ». Elle explique rencontrer « chacun de [ses] consultants au moins une fois par semaine, même les plus jeunes ». C’est sa façon de manager, se rendre disponible et montrer l’exemple. « Le meilleur moyen pour que les consultants soient à l’écoute de leur client, c’est de faire en sorte qu’ils nous voient nous, partners, être constamment attentifs à nos clients. »

Cette culture du management par l’exemple, elle l’a pratiquée dans le scoutisme. Laurence-Anne Parent est responsable d’un groupe basé à Neuilly-sur-Seine. Elle veut aider « à faire grandir des jeunes gens ». Un objectif qu’elle applique à sa vie privée comme à sa vie professionnelle. « Cette idée d’accompagner le développement des jeunes en leur montrant le bon exemple, j’essaie de l’appliquer un maximum au cabinet. »

C’est par l’exemple encore une fois que Laurence-Anne Parent entend œuvrer à l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Elle assure que le sujet lui tient à cœur et veut en parler. Dans le même temps, elle précise qu’elle n’est pas une « féministe de combat, genre affirmative action ». Laurence-Anne Parent ouvre la voie, libre à chacun de la suivre ou non.

Son rôle, elle le voit « auprès des consultantes du cabinet. Je veux leur montrer que l’on peut être une femme, partner, s’amuser dans son métier et avoir une famille [NDLR : Laurence-Anne Parent est mère de quatre enfants] ». C’est important à ses yeux et elle avoue dans un rire qu’elle aimerait « avoir plus de collègues féminines parmi les partners ».

Pour encourager les jeunes femmes à suivre la route qu’elle a tracée, Laurence-Anne Parent leur dit que c’est aussi à elles « d’y croire et d’apporter leurs solutions pour que les choses changent ».

Elle tire un nouvel exemple de son parcours et raconte ce projet : « Lorsque j’étais enceinte de mon troisième enfant, un partner est venu me parler d’un client au Mexique et m’a demandé de m’en occuper. Plutôt que de dire “ce n’est pas possible”, j’ai appelé le client, je lui ai expliqué la situation, je lui ai démontré pourquoi c’était à moi de prendre en charge le projet et je lui ai proposé une organisation qui me permettait d’être moins souvent sur place ». Quelques mois plus tard, Laurence-Anne Parent aura satisfait son client et A.T. Kearney la nommera partner.

« Être constant et garder de l’énergie pour le dernier kilomètre »

Pour en arriver là, Laurence-Anne Parent assure qu’il faut faire des choix et ne pas douter. Elle explique que « si l’on prend une journée off, il faut s’y tenir et ne pas travailler, même un peu, pour être totalement disponible pour sa famille ou ce que l’on a choisi de faire. À l’inverse, une journée au travail doit être consacrée entièrement à son client, à ses équipes ».

C’est l’investissement à 100 % dans chaque activité qui est, selon elle, la raison de sa réussite. Elle ajoute également cette recette cent fois partagée, mais tellement dure à réaliser : « Être équilibré globalement pour être fort professionnellement ». Pour assurer son équilibre, en plus de son travail, de ses quatre enfants et de son groupe de scouts, Laurence-Anne Parent continue à aider – elle semble presque s’excuser de ne pouvoir en donner plus – une association de soutien aux enfants en situation de handicap (Association « À bras ouverts », créée par un camarade de l’ESSEC).

Elle nous avoue avoir besoin de « donner du sens à ce que je fais, dans ma vie privée comme chez Advancy ». La vie de Laurence-Anne Parent ressemble à une course de fond, activité qu’elle pratique, car « c’est un sport qui nécessite d’être constant et de garder de l’énergie pour le dernier kilomètre ». Comme les journées de la consultante ne font que vingt-quatre heures, elle trouve parfois même un moyen d’allier le travail à sa pratique sportive. Au printemps, elle courra un semi-marathon en Amérique du Nord. « En parlant avec un client, nous nous sommes dit que ce serait une bonne idée de participer ensemble au profit d’une œuvre caritative. »

Gillian Gobé pour Consultor.fr

 

Advancy Laurence-Anne Parent
12 mai. 2017 à 17:48
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Laurence-Anne Parent
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