UK : sur le consulting, Downing Street rouvre les vannes
Depuis fin janvier, le gouvernement britannique a supprimé plusieurs des restrictions qui pesaient sur le conseil au secteur public, en lien avec sa volonté affichée jusque-là de réduire le recours aux consultants extérieurs. Une décision qui contraste avec le récent changement de cap du gouvernement français.

Le Financial Times le révélait dès le 31 janvier dernier : sans avoir fait d’annonce officielle, le gouvernement britannique a décidé de supprimer le cabinet de conseil interne. Créée il y a moins de 2 ans par Dominic Cummings, conseiller de Downing Street, cette équipe – officieusement surnommée « Crown Consultancy » – visait à apporter des conseils stratégiques et à former en interne des agents publics afin de réduire le recours aux consultants extérieurs.
Début février, le Guardian rapportait également la suppression des réglementations sur les contrats publics accordés au secteur du conseil, qui exigeaient une autorisation centralisée pour les contrats excédant 20 000 livres ou d’une durée supérieure à 9 mois. Cette autorisation demeure nécessaire pour les contrats de plus de 20 millions, mais cette suppression ouvre la voie à une accélération du recours aux cabinets.
Le gouvernement d’outre-Manche voit pourtant déjà exploser ses dépenses de conseil. L’organisme statistique Tussel Limited recense en 2022 un total de 2,8 milliards de livres de contrats cumulés – soit 75 % de plus qu’en 2019 – avec une préférence pour les Big Four : 278 millions pour Deloitte, 152 millions pour PwC, et 101 millions pour EY.
Même si le cabinet ministériel s’engage à « accroître l’efficience et à réduire les dépenses de conseil », et affirme que l’appel aux consultants ne se fera qu’en cas d’« absolue nécessité », ces décisions paraissent pour le moins contradictoires.
Un tel tournant contraste avec l’attitude du gouvernement français depuis le début du second quinquennat Macron : le ministre de la Transformation publique Stanislas Guérini, déterminé à réinternaliser les compétences de conseil, s’attache à réduire les marges de manœuvre des cabinets sur les marchés publics.
Chartes de déontologie, interdiction du démarchage, plafonnement des contrats, évaluation post-missions : l’arsenal de mesures est vaste. Reste à voir si la nouvelle stratégie de la DITP saura s’inscrire dans la durée et développer des compétences internes plus pérennes que celles de nos voisins anglo-saxons.
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