Lisbonne : perquisition du BCG sur fond de pillage du trésor angolais
Le Boston Consulting Group a confirmé que la police judiciaire avait perquisitionné ses bureaux de Lisbonne mercredi 18 janvier 2023.

Le cabinet a indiqué qu’il coopérerait avec les autorités portugaises.
Le bureau du procureur général portugais a confirmé que ces perquisitions ont été conduites par le ministère public portugais sur demande des autorités angolaises au titre d’une demande d’entraide judiciaire.
Ces perquisitions interviennent trois ans après la publication des Luanda Leaks, du nom de la capitale de l’Angola.
Cette enquête s’intéressait aux sources de la fortune de la milliardaire angolaise Isabel dos Santos, la fille de José Eduardo dos Santos, qui a dirigé l’Angola d’une main de fer pendant 38 ans (1979-2017), et de son mari danois d’origine congolaise Sindika Dokolo (décédé le 29 octobre 2020 d’un accident de plongée à Dubaï).
La « princesse de Luanda », comme elle est surnommée, est accusée d’avoir détourné de colossales sommes d’argent du trésor angolais. Longtemps présentée comme la femme la plus riche d’Afrique, la fortune personnelle d’Isabel dos Santos est estimée à deux milliards de dollars, notamment bâtie par ses participations dans les sociétés angolaises d’exports de diamants, de pétrole, de télécommunications ou de banque.
La justice angolaise la soupçonne d’avoir détourné, avec Sindika Dokolo, plus d’un milliard de dollars des comptes des entreprises publiques Sonangol (pétrole) et Endiama (diamant) pour nourrir ses propres affaires.
Le BCG est mis en cause dans cette affaire du fait des missions que le cabinet a accepté de mener pour l’État angolais, quand bien même la très large corruption entourant le pouvoir des dos Santos était de notoriété publique.
Le concours du BCG à Grisogono, le bijoutier suisse de luxe, au capital duquel Sindika Dokolo était un des principaux investisseurs, est pointé du doigt. Une équipe de consultants du bureau de Lisbonne y est intervenue alors que, durement endetté, le bijoutier fut renfloué par la Sodiam, la société nationale d’extraction de diamants, à hauteur de 120 millions de dollars. Les missions du BCG se sont limitées à trois projets et se sont arrêtées en 2013, assurait en 2020 le cabinet cité par le New York Times, en réaction au Luanda Leaks.
Autre allégation concernant le BCG et McKinsey : ces deux cabinets ont accepté le paiement de missions de restructuration de la Sonangol, l’entreprise publique pétrolière, non pas en direct, mais via Wise Intelligence Solutions, une société établie à Malte et créée par décret de José Eduardo dos Santos. Ces missions se sont arrêtées en novembre 2017, faisait savoir le BCG.
Au même moment que le BCG, EuroBic, aussi connu sous le nom de Banco BIC, la banque angolaise présente au Portugal, dont Isabel Dos Santos a été actionnaire, était également perquisitionnée, ainsi que le cabinet d’audit PwC.
Il est reproché au cabinet d’audit d’avoir concouru à l’optimisation et à l’évasion fiscales d’une vingtaine de sociétés détenues par Isabel dos Santos, et que ces missions lui ont été payées, là encore, par Wise Intelligence Solutions. Toujours concernant PwC, les documents consultés par le consortium de journalistes montrent que le cabinet a accepté de taire, dans au moins un rapport annuel de l’une de ces sociétés, le lien entre cette société, Grisogono, et Sindika Dokolo. Autre critique adressé à l’auditeur : plusieurs mouvements comptables significatifs non documentés auraient dû l’amener à opérer des signalements auprès d’autorités de régulation… ce qui n’a pas fait.
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