Hervé Baculard, président de Consult’in et associé fondateur de Kea & Partners « Je ne vois pas ce qu’il y a de rationnel dans le rachat d’un cabinet de conseil »

 

Alors qu'Hervé Baculard entame sa dernière année à la présidence de Consult'in France, l'association professionnelle du conseil en stratégie et management, il nous livre son analyse du marché, avec ses perspectives de croissance, les acquisitions d'acteurs du conseil par les Big Four.

 

31 Aoû. 2015 à 11:27
Hervé Baculard, président de Consult’in et associé fondateur de Kea & Partners « Je ne vois pas ce qu’il y a de rationnel dans le rachat d’un cabinet de conseil »

 

Longtemps atone, comment se porte aujourd'hui le marché ?

En 2014, la croissance était de 2,9 %, on part pour 2015 sur 5 %. La rentabilité a arrêté de se dégrader. Et si aucune crise macro-économique n'intervient, nous devrions garder ce rythme de 5 % annuel de croissance sur les deux ou trois prochaines années. Côté prix, leur évolution connaît un effet diabolo. Le poids des prestations dont le TJM est supérieur à 1 700 € augmente de 1 % par an (28 % du marché), tout comme celui du TJM inférieur à 1 000 €. En revanche, le poids des TJM qui se situent entre les deux baisse de 2 % par an (48 % du marché). Et les variations sont énormes au sein de chaque segment. On ne peut cependant que se féliciter de la résistance admirable des sociétés face à la crise, qui n'a finalement pas fait de victime.

Des cabinets cependant ont été vendus.

Ceux qui vendent n'ont souvent pas le choix. Booz, Monitor... Ces cabinets vendent, car ils sont en bout de course en matière de stratégie. En revanche, je ne vois pas ce qu'il y a de rationnel dans le rachat d'un cabinet de conseil. Colombus Consulting, SIA Partners, Weave... ces cabinets créés dans les années deux mille, et qui ont émergé pendant la période de crise, me semblent, eux, avoir une stratégie. Aucun n'a d'ailleurs la même.

Quel regard portez-vous sur le retour des Big Four dans le conseil ?

Ces acquisitions ne changent pas la donne. Ce sont juste les acteurs qui changent de main. Les Big Four sont des entreprises puissantes, notamment par la taille de leurs effectifs. Elles ont donc une vraie puissance de feu, comme celle détenue à un moment par les SSII. Mais leur arrivée n'a pas fait grossir le marché, ce qui est dommage. Leur présence peut même avoir un effet déflationniste – surtout sur le bas du TJM –, car ces cabinets veulent croître plus fortement que le marché. On ne peut donc qu'être déçu de ces acquisitions.

Comment les différents acteurs du secteur se répartissent-ils aujourd'hui le marché ?

Les auditeurs représentent 11 % du marché. La France est d'ailleurs un des pays où la part de marché des Big Four est la plus faible. Des cabinets spécialisés comme Altedia ou Alma Consulting Group pèsent pour 5 %. Les SSII se partagent 31 % du marché et les pure players 52 %. C'est une spécificité du marché français : le poids des pure players y est significatif. Si la valeur fonctionnelle du conseil continue à baisser, la valeur transformationnelle pour les dirigeants – comment mettre en œuvre la stratégie et le changement – est toujours aussi forte. Et cela vaut de l'or. C'est pourquoi je pense que le conseil en direction générale a encore de très beaux jours devant lui.

Gaëlle Ginibrière pour consultor.fr 

 

Hervé Baculard
31 Aoû. 2015 à 11:27
tuyau

Un tuyau intéressant à partager ?

Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !

écrivez en direct à la rédaction !

commentaire (0)

Soyez le premier à réagir à cette information

1024 caractère(s) restant(s).

signaler le commentaire

1024 caractère(s) restant(s).
10 - 2 =

France

  • L’ex-boss de Circle veut grandir dans la chanson
    26/04/24

    Il avait quitté Circle Strategy en septembre dernier, annonçant alors des projets dans le domaine artistique, et plus particulièrement musical. C’est chose faite. Augustin Van Rijckevorsel, dit Gus, l’un des cofondateurs (en 2019) et ex-président du cabinet, a sorti il y a quelques jours son premier single, « Rester petit », en tant qu’auteur-interprète.

  • « The (new) place to be » d’eleven
    23/04/24

    Nouveaux locaux pour les équipes du cabinet eleven, créé en 2008 et positionné à la croisée des chemins entre le conseil en stratégie, le digital, la data science et l’IA, qui a tout récemment quitté la place Victor-Hugo pour s’installer sur l’avenue Pierre-Ier-de-Serbie.

  • Ralentissement dans le conseil en stratégie : la France épargnée ?
    22/04/24

    « Les cabinets de conseil en pleine incertitude » pour Les Échos, « des vagues de licenciement et des embauches gelées » pour Le Figaro, « un avenir plus cyclique pour les consultants » selon le Financial Times… Que se passe-t-il vraiment dans le monde du conseil en stratégie ? Immersion, via plusieurs cabinets, dans des terres dont on ne peut dire pour l’instant qu’elles soient « brûlées ».

  • Chief of staff : un métier très consultant-compatible
    15/04/24

    Elle fait office de bras droit du CEO et de chef d’orchestre managérial. La fonction de chief of staff a débarqué en France il y a une quelques années seulement dans le monde de la tech et se développe à vitesse grand V. Un poste taillé sur mesure pour les profils de consultants en stratégie. Six d’entre eux nous font découvrir ce métier couteau suisse qui s’avère aussi un intéressant poste tremplin pour les alumni du conseil.

  • Strategy& : deux départs dans le partnership
    15/04/24

    Après l’arrivée/la promotion de 9 partners en 2023 chez Strategy&, 2 autres associés ont quitté récemment l’entité stratégie de PwC : le partner François Aubry, arrivé en 2022 (qui a rejoint Roland Berger), et le partner Guillaume Charly, depuis 2020 au sein du cabinet (qui ne communique pas pour l’instant sur sa nouvelle destination).

  • Après 34 ans chez L.E.K., Clare Chatfield tire sa révérence
    12/04/24

    La senior partner Clare Chatfield, entrée chez L.E.K. en 1990, à la tête de la practice Énergie et Environnement depuis 2000, a quitté le cabinet après près de 35 ans de carrière.

  • Un petit tour et puis s’en vont : départ de deux partners d’Oliver Wyman
    11/04/24

    Arrivé en février 2022, Henri-Pierre Vacher quitte le cabinet au sein duquel il co-pilotait la practice Private Capital. Autre départ notable, celui d’Hervé Collignon, chez Oliver Wyman depuis mars 2023 et qui œuvrait à la practice Communications, Média et Technologie du cabinet.

  • INSEAD 2023 : 7 top recruteurs sur 10 sont des cabinets de conseil
    10/04/24

    Disposant d’un campus historique à Fontainebleau et de 3 autres sites dans le monde, l’INSEAD publie chaque année ses statistiques d’emploi des titulaires de MBA. Quelles marques - de conseil en stratégie ou corporate - ont particulièrement recruté, dans quels secteurs d’activité et sur quelles zones géographiques ? Focus sur les cohortes de diplômés de décembre 2022 et juillet 2023.

  • Flashback : le partner français qui a changé la dimension de Roland Berger à Paris
    08/04/24

    En 2000, Roland Berger France est un cabinet de conseil en stratégie confidentiel en matière d’effectifs et de notoriété. En 2010, il a intégré la cour des grands. Retour sur le parcours de Vincent Mercier - avec le principal intéressé - pour une immersion en terres de conseil et de grandes entreprises, jusqu’au fameux pilotage des années folles du bureau de Paris.

Super Utilisateur
France
Hervé Baculard, Consult'in, Kea&Partners, Big four, TJM conseil, Strategy &, auditeurs, syntec, kea, audit
3332
Hervé Baculard
2021-11-09 11:15:57
0
Non
France: Hervé Baculard, président de Consult’in et associé fondat