Hervé Baculard, président de Consult’in et associé fondateur de Kea & Partners « Je ne vois pas ce qu’il y a de rationnel dans le rachat d’un cabinet de conseil »
Alors qu'Hervé Baculard entame sa dernière année à la présidence de Consult'in France, l'association professionnelle du conseil en stratégie et management, il nous livre son analyse du marché, avec ses perspectives de croissance, les acquisitions d'acteurs du conseil par les Big Four.

Longtemps atone, comment se porte aujourd'hui le marché ?
En 2014, la croissance était de 2,9 %, on part pour 2015 sur 5 %. La rentabilité a arrêté de se dégrader. Et si aucune crise macro-économique n'intervient, nous devrions garder ce rythme de 5 % annuel de croissance sur les deux ou trois prochaines années. Côté prix, leur évolution connaît un effet diabolo. Le poids des prestations dont le TJM est supérieur à 1 700 € augmente de 1 % par an (28 % du marché), tout comme celui du TJM inférieur à 1 000 €. En revanche, le poids des TJM qui se situent entre les deux baisse de 2 % par an (48 % du marché). Et les variations sont énormes au sein de chaque segment. On ne peut cependant que se féliciter de la résistance admirable des sociétés face à la crise, qui n'a finalement pas fait de victime.
Des cabinets cependant ont été vendus.
Ceux qui vendent n'ont souvent pas le choix. Booz, Monitor... Ces cabinets vendent, car ils sont en bout de course en matière de stratégie. En revanche, je ne vois pas ce qu'il y a de rationnel dans le rachat d'un cabinet de conseil. Colombus Consulting, SIA Partners, Weave... ces cabinets créés dans les années deux mille, et qui ont émergé pendant la période de crise, me semblent, eux, avoir une stratégie. Aucun n'a d'ailleurs la même.
Quel regard portez-vous sur le retour des Big Four dans le conseil ?
Ces acquisitions ne changent pas la donne. Ce sont juste les acteurs qui changent de main. Les Big Four sont des entreprises puissantes, notamment par la taille de leurs effectifs. Elles ont donc une vraie puissance de feu, comme celle détenue à un moment par les SSII. Mais leur arrivée n'a pas fait grossir le marché, ce qui est dommage. Leur présence peut même avoir un effet déflationniste – surtout sur le bas du TJM –, car ces cabinets veulent croître plus fortement que le marché. On ne peut donc qu'être déçu de ces acquisitions.
Comment les différents acteurs du secteur se répartissent-ils aujourd'hui le marché ?
Les auditeurs représentent 11 % du marché. La France est d'ailleurs un des pays où la part de marché des Big Four est la plus faible. Des cabinets spécialisés comme Altedia ou Alma Consulting Group pèsent pour 5 %. Les SSII se partagent 31 % du marché et les pure players 52 %. C'est une spécificité du marché français : le poids des pure players y est significatif. Si la valeur fonctionnelle du conseil continue à baisser, la valeur transformationnelle pour les dirigeants – comment mettre en œuvre la stratégie et le changement – est toujours aussi forte. Et cela vaut de l'or. C'est pourquoi je pense que le conseil en direction générale a encore de très beaux jours devant lui.
Gaëlle Ginibrière pour consultor.fr
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