Coaching nutritionnel : Kéa veut unir mutuelles et producteurs contre la malbouffe
Un collectif d’entreprises issues de l’agroalimentaire et de l’assurance santé, réuni à l’initiative de Kéa, s’apprête à lancer une application pour sensibiliser les consommateurs aux enjeux sanitaires de l’alimentation.
Promouvoir la santé par l’alimentation
Essor du food porn d’un côté, avènement des traitements anti-obésité et aspiration à une alimentation pro-santé de l’autre : l’agroalimentaire est traversé par des tendances contradictoires. Dans ce contexte, le cabinet Kéa a voulu afficher son soutien au « mieux manger » en prenant l’initiative, il y a 18 mois, de « rassembler une coalition d’acteurs de l’industrie agroalimentaire et d’assureurs santé, raconte Christophe Burtin, senior partner chez Kéa. Les assureurs sont concernés au premier chef par la problématique de l’obésité, parce qu’ils en assument le coût financier. Et les industriels qui nous rejoignent estiment que, plutôt que de devoir subir des taxes sur les produits sucrés ou gras, il est préférable de prendre le sujet à bras le corps, et de montrer qu’on le prend au sérieux. »
Pour le moment, l’identité des membres de cette coalition n’est pas publique, même si Christophe Burtin admet que les producteurs les plus impliqués dans la vente de produits gras et sucrés ne sont pas nécessairement autour de la table.
Les travaux du collectif partent du constat que les moyens mis en œuvre pour améliorer la nutrition et les modes de consommation ne sont pas suffisants. « Le Nutriscore propose un regard produit par produit, qui est intéressant, mais ne règle pas le problème. C’est la diète sur l’ensemble de la semaine qui compte, et la diversité de l’alimentation. Sur les 9 compartiments alimentaires existants, les Français n’en consomment régulièrement que 3 ou 4. L’idée est d’inventer un indicateur de diversité alimentaire pour le mettre ensuite entre les mains des Français, via un compagnon nutritionnel qui va les aider non pas à passer du jour au lendemain de 3 ou 4 compartiments alimentaires à 9, mais au moins à gagner un cran. »
Il s’agit donc de travailler non pas sur les produits séparément, mais sur leur combinaison dans la journée. « On peut améliorer la qualité nutritionnelle d’un produit, comme un yaourt par exemple. Mais si vous le consommez avec de la confiture, le résultat n’est plus Nutriscore A… »
Faciliter la saisie des données par une approche ludique
L’application est le résultat d’« un an et demi de travaux avec des scientifiques », et son lancement se fait avec le soutien de l’État. L’idée est de rompre avec la logique des applis existantes, jugées passives et peu engageantes. Ce nouvel outil repose sur « un travail de persona, de jeu, de nudge, conduit avec le studio Souffl, créé par des anciens d'Ubisoft et intégré au groupe Kéa, pour passer la barrière de la pénibilité et faciliter la saisie des données. » L’approche holistique est de rigueur : l’outil est relié aux applis de sport, aux montres connectées. « Nous sommes une société qui mesure de plus en plus ; il s’agit de jouer là-dessus. Le problème est de voir le résultat rapidement ; or, le résultat de l’alimentation se constate surtout à la fin de la vie, par le nombre d’années perdues ou gagnées… »
Derrière cette initiative se dessine une stratégie possible pour les acteurs de l’agroalimentaire confrontés aux changements de mode de consommation. « Le rôle de l’application est aussi de se constituer de la data pour faire progresser la science nutritionnelle » ; mais également de permettre aux industriels de « mieux connaître la façon dont sont consommés les différents produits, en association avec quels autres aliments, à quel moment de la journée… pour mieux nourrir la recherche, orienter l’innovation, et finalement faire progresser les recettes » en ajustant l’offre. « L’étape suivante est d’arriver à embarquer la restauration, en particulier la restauration collective » dans la coalition, ajoute Christophe Burtin. Voire, plus tard, d’accueillir des producteurs de confiserie, de soda ou de produits gras désireux de s’engager dans une démarche « santé » pour suivre le marché.
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Face à l’essor des médicaments coupe-faim, un rapport de Roland Berger prévoit un recul substantiel de certaines dépenses alimentaires. Qu’en est-il en France ? Regard croisé entre deux senior partners de Kéa spécialisés respectivement dans la santé et la grande consommation.
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