Aux États-Unis, chez Ford, BCG prône le jeunisme
Sur la foi de documents inédits tirés d’une procédure judiciaire en cours, le journal Detroit Free Press révèle les méthodes controversées du constructeur automobile Ford.
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L'antenne américaine du Boston Consulting Group (BCG) a préconisé dès 2019 des licenciements massifs de salariés âgés pourtant bien notés, pour réaliser des économies et procéder ensuite à l’embauche de jeunes employés moins chers.
Dans le Michigan, les décisions des industriels de l’automobile sont toujours scrutées avec la plus grande attention, tant cet État vit au rythme de la santé économique des constructeurs. Ford a son siège à Dearborn, tout près de Detroit. En juillet 2019, Consultor évoquait le rôle du Boston Consulting Group dans le plan de restructuration mené par Ford deux mois auparavant (lire notre article). Depuis, des employés contestent leur licenciement.
Le journal Detroit Free Press s’appuie sur des documents internes à Ford qui ont fuité en juillet 2021 dans le cadre de la procédure judiciaire en cours. On y apprend que le BCG a été mandaté pour identifier les employés qui coûtaient le plus cher afin de réaliser les économies les plus substantielles, tout en réduisant le nombre de licenciements. En effet, plus les employés ont d’ancienneté, plus la pension de retraite versée par Ford augmente.
Le BCG a aussi planché sur une réforme du système de pension de retraite pour réduire les coûts. Dans l’ancien système, les salariés dépassant trente ans d’ancienneté ou âgés de 55 ans et plus avec dix ans d’ancienneté pouvaient prétendre à un supplément de pension. Les consultants ont utilisé un algorithme incluant les dates de naissance des salariés et l’ancienneté. « Ces accusations sont sans fondement », réaffirme le porte-parole de Ford dans Detroit Free Press.
Pour comprendre les impacts sociaux du plan de licenciement, Detroit Free Press prend plusieurs exemples d’anciens employés. En 2019, au moment de son licenciement, Monica Dowhan était une cadre de 52 ans avec vingt-neuf ans d'ancienneté. Elle aurait pu espérer 1,1 million de dollars de pension de retraite au total si elle avait travaillé chez Ford jusqu’en mars 2021. Au lieu de ça, elle touchera 552 000 dollars quand elle atteindra l’âge de la retraite. Ford économise ainsi 591 000 dollars sur cette personne.
Monica Dowhan a été prévenue de son licenciement dix jours avant. Elle venait de toucher un bonus de 10 % pour ses bonnes performances annuelles. Ford a démarré des recrutements début juin 2019, quelques semaines après.
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