Alexandre Jost, consultant du bonheur

Diffuser le bonheur, ce n’est rien moins que le projet d’Alexandre Jost, fondateur du think tank la Fabrique Spinoza.

Cet homme de 37 ans n’a cependant rien d’un illuminé. Centralien, diplômé en génie industriel de l’université de Berkeley, il a d’abord travaillé comme consultant chez Mars & Co au Brésil, au Mexique, en Angleterre et en France. « Le changement de vie entre mon activité d’alors et ce que je fais aujourd’hui s’est opéré beaucoup plus progressivement qu’il n’y paraît », explique-t-il.

Gaelle Ginibrière
23 Fév. 2014 à 22:27
Alexandre Jost, consultant du bonheur

En quête de sens après sept ans dans le conseil en stratégie, Alexandre Jost rejoint en 2006 le Groupe SOS, un regroupement de plus de 300 associations et 11 000 salariés aujourd’hui, intervenant dans les domaines du social, du médico-social et du sanitaire. Il y exerce d’abord en tant que directeur recherche & développement, puis directeur général adjoint des fonctions supports et de la stratégie. « Je voulais apporter mes compétences à un secteur associatif en cours de professionnalisation, mais où les termes de rétroplanning et de business plan étaient peu présents. Je me suis d’ailleurs rapidement rendu compte que le métier n’était pas si différent, impliquant la gestion de projet, de la rigueur... et de travailler tard. »
Une différence de taille cependant : « J’étais heureux », reconnaît-il. Il cherche à comprendre pourquoi et explore les domaines de la psychologie, de la neuroscience ou de la spiritualité – à travers l’organisation de rencontres avec des personnalités comme Matthieu Ricard. « Tout un corpus scientifique existait sur cette question et j’ai voulu le mettre en action. C’est comme ça que j’ai créé la Fabrique Spinoza, un think tank dédié au bonheur citoyen, avec l’objectif d’influer sur les décideurs économiques, les enseignants, les citoyens... » Sa vocation ? Prêcher le bonheur vertueux, vecteur de transformation positive.

La Fabrique Spinoza présente d’ailleurs deux facettes : l’association, qui s’adresse aux citoyens, aux politiques ou au système éducatif et produit une réflexion sur le bonheur, mais également Action Spinoza, une société de conseil. Détenue à 100 % par l’association, elle en est aussi le bras armé. Avec un credo : « Développer l’entreprise positive qui, parce qu’elle est humaniste et veille au bien-être de ses collaborateurs, sera également plus performante économiquement », détaille Alexandre Jost. S’appuyant sur les travaux du cabinet de conseil en organisation de Mozart Consulting et d’Olivier Pastré portant sur l’IBET (l’indice de bien-être au travail), Alexandre Jost avance que le bien-être des salariés permettrait de faire gagner un point de croissance. 

« Nous avons publié un rapport en avril dernier concernant des méta-études dont il ressort que le bien-être est source de performance, à l’inverse du stress », poursuit-il. Et d’expliquer qu’en situation de stress, un individu se replie sur son cerveau reptilien avec un accès limité à ses capacités cognitives. Alors que lorsqu’il se sent bien, ses affects positifs prépareraient l’organisme psychologiquement et physiquement à davantage de performance en termes de créativité, de mobilisation, de coopération... « Tout ça est très intuitif, mais le prouver scientifiquement permet de dire que le bien-être est un vrai levier de performance. »

Après avoir testé sans toujours beaucoup de succès d’autres outils comme le lean, des entreprises le sollicitent désormais. « Action Spinoza propose des formations sur l’entreprise positive, réalise des diagnostics, accompagne les dirigeants pour développer des outils sur mesure d’évaluation du bien-être et mettre en œuvre de bonnes pratiques... On ne convainc cependant personne de l’intérêt de cette question, on ne fait que renforcer une idée déjà présente chez des personnes sensibilisées », reconnaît Alexandre Jost. Et de prédire que dans dix ans, peu d’entreprises pourront se permettre d’ignorer l’impact du bien-être au travail.

Par Gaëlle Ginibrière pour Consultor, portail du conseil en stratégie-22/02/2014

Gaelle Ginibrière
23 Fév. 2014 à 22:27
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