Le BCG en duo avec Wavestone : les dessous du projet SI de BPCE à 800 millions d’euros

C’est un chantier titanesque qui s’ouvre chez BPCE. Annoncé dans le cadre du plan stratégique Vision 2030, le projet Orion doit doter le groupe bancaire d’une plateforme technologique commune à ses deux grands réseaux, qui s’appuient actuellement sur des systèmes distincts : Equinoxe pour les Banque populaire, et MySys pour les Caisses d’Épargne. S’il est question de mutualisation, le groupe cherche à construire une infrastructure unifiée capable de soutenir ses ambitions en matière d’IA, de cybersécurité et de digitalisation des usages.

Cette refonte historique, qui mobilisera ses équipes internes ainsi que plusieurs cabinets de conseil durant « 4 ou 5 ans » – d’après nos informations – marque une nouvelle étape dans la transformation du groupe présidé par Nicolas Namias.

BCG et Wavestone, chefs d’orchestre de ce giga projet 

Le tandem sera à la manœuvre sur le cadrage, la gouvernance, la coordination des lots, le suivi du calendrier, les arbitrages techniques et budgétaires, etc.

Le BCG apportera sa connaissance des grands programmes de transformation dans la banque, Wavestone intervenant opérationnellement au plus près des équipes IT et métiers. Ensemble, ils s’assureront que le calendrier et la trajectoire financière soient respectés, tout en veillant à la cohérence entre les deux cultures historiques du groupe.

Selon un proche du dossier, une phase de transition est en cours, durant laquelle Accenture transmet progressivement le pilotage au duo BCG/Wavestone. Accenture a, en effet, mené l’étude de faisabilité préalable.

Le BCG et Wavestone vont donc désormais accompagner la direction Technologies et Opérations de BPCE, sous l’autorité de Laurent Benatar et de Ludovic Favarette, nommé en février 2025 directeur du projet Orion et devenu, à ce titre, membre du comex de BPCE.

Un possible « contre-pilotage » confié à Oliver Wyman

D’après le média spécialisé La Lettre du Conseil, une mission de ce type aurait été confiée à Oliver Wyman. Le rôle, classique lors du déploiement de grands programmes informatiques, consiste à challenger le pilotage principal, à auditer les arbitrages stratégiques et financiers et à sécuriser la gouvernance au bénéfice de la direction générale.

Contactés par Consultor, aucun des acteurs cités dans cet article n’a souhaité s’exprimer.

Focus sur les cabinets de conseil sélectionnés

Si le lot « pilotage global » a été remporté par le BCG et Wavestone, le lot « accompagnement du changement » a été confié à BPCE Consulting – le cabinet interne du groupe bancaire – en partenariat avec Very Up, une structure de conseil et de formation membre de la French Tech.

L’accompagnement des établissements a, de son côté, été attribué à trois consortiums menés par Sopra Steria d’une part, Accenture d’autre part, et Capgemini.

Au total, les 12 banques du réseau des Banque populaire vont devoir migrer vers la nouvelle plateforme, basée sur l’architecture actuelle du SI des Caisses d’Épargne, MySys. À ce stade, le projet démarrerait « doucement » d’après nos informations, les établissements choisissant parmi les cabinets de conseil référencés ceux qui vont les accompagner.

BPCE Consulting, un prestataire de confiance 

Créé en 2019, BPCE Consulting s’affirme comme un acteur clé de la transformation du groupe. Cette entité interne, qui revendique 80 consultants, accompagnerait déjà de nombreux chantiers stratégiques.

Début octobre, dans une interview au Monde des Grandes Écoles et Universités, son directeur Maxime Crespel a résumé ainsi sa mission : « BPCE Consulting a la capacité d’accompagner les métiers en mêlant le meilleur des méthodes et de la rigueur du conseil externe à une connaissance fine des enjeux internes. » Il évoquait alors la mobilisation de BPCE Consulting « sur des chantiers stratégiques pour l’avenir, comme le projet de mise en commun des systèmes d’information des Banque populaire et des Caisses d’Épargne ». 

Orion, une transformation tout aussi stratégique que sensible 

Si le projet répond à un double impératif – réduire les coûts informatiques tout en accélérant la modernisation digitale du groupe –, l’enjeu est aussi culturel : en unifiant deux réseaux historiquement distincts, BPCE doit trouver le juste équilibre entre mutualisation et respect des identités.

Ce défi n’est pas inédit dans le paysage bancaire. La Société Générale l’a relevé en 2023 lors de la fusion de son système d’information avec celui du Crédit du Nord. Plus de 2 millions de clients des 9 banques régionales du Crédit du Nord avaient alors basculé, en deux week-ends, sur la plateforme de la Société Générale, rejoignant ses 10 millions de clients existants.

Cette fusion constituait non seulement une consolidation informatique, mais aussi une évolution du SI de la Société Générale, base du système cible, et une mutualisation simultanée des fonctions et des systèmes supports du groupe (comptabilité, SIRH…). Une opération menée sans rupture de service, dans les délais et en maîtrisant les coûts.

Autant d’impératifs que l’on retrouve dans le projet de BPCE à 800 millions d’euros d’enveloppe globale.