Taxé d'exils fiscaux en douce, le BCG répond réorganisations programmées
Huit 'mobilités internationales', quatre départs et une nouvelle direction parisienne, mais aucun exil fiscal.
Le BCG défend bec et ongles l'intégrité de sa marque et nie l'exactitude d'un article paru dans Challenges.
Douze exils fiscaux "catégoriquement démentis"
Que l'on se le dise, le Boston Consulting Group n'entend pas voir sa marque abîmée, et a fortiori la réputation de ses partners parisiens. Douze d'entre eux, dont le bureau de rattachement était jusqu'alors Paris, ont été taxés par l'hebdomadaire économique Challenges de faire de l'exil fiscal maquillé, tranche marginale d'imposition à 45% et super taxe à 75% obligeraient.
"Douze associés du BCG ont déjà quitté Paris", écrivent le 22 novembre 2012 Kira Mitrofanoff et Thuy-Diep Nguyen, deux directrices en chef adjointes de Challenges, au beau milieu d'un inventaire à la Prévert des désertions fiscales supposées ou envisagées pour "fuir le fisc". Et de préciser le caractère peu "explicite" de la manœuvre en ce qui concerne le BCG : "regroupements familiaux et transferts de compétences vers les marchés émergents justifient les départs récents du bureau parisien", notent les deux journalistes. Contactées par Consultor, elles n'ont pas souhaité commenter ces informations.
Évidemment, la direction du BCG à Paris ne l'entend pas de cette oreille."La plupart de ces mouvements étaient prévus bien avant les élections et les mesures fiscales du gouvernement", indique une porte-parole du cabinet jointe par Consultor pour corroborer ces informations. Et de plaider, pour huit de ces départs, des "mobilités" et des "promotions internes" dans les bureaux de Londres et Shanghai par exemple. Ces dernières sont prévues chaque année deux ans à l'avance, pour un maximum de "3,5 mobilités par an" dont peuvent bénéficier à tour de rôle les 51 associés parisiens, détaille-t-on au sein du cabinet.
"C'est tout à fait dans le norme de rotation (des associés entre les 77 bureaux du BCG dans 42 pays, ndlr) pour soutenir le développement international du BCG. Paris est reconnu comme une 'filière d'excellence' ", explique la direction.
Les quatre autres mouvements, pour finir de justifier des 12 exils fiscaux "catégoriquement démentis", sont la conséquence de départs en retraite et de démissions, comme celle d'Olivier Tardy, nommé directeur général délégué de la CIFE (Compagnie industrielle et financière d'entreprise), après 26 ans de maison. Et de renvoyer la presse économique dans ses quinze mètres : "ces informations ont été fournies en toute transparence à Challenges qui a choisi de faire un raccourci, créant le doute pour un lecteur non averti".
Rompez le rang, y a rien à voir ! Même pas le changement de direction concomitant effectif au 1er décembre 2012 (en amont de la prise de fonction de Rich Leser comme CEO du BCG en janvier 2013) , qui ne marque que le renouvellement des mandats de direction de bureaux, prévus sur une durée de six ans. François Dalens (HEC 88), directeur associé senior depuis 2009, remplace Pascal Cotte, en tant que responsable du bureau parisien. Il sera entouré de Pierre Derieux (X 88, Ponts et Chaussées 90, directeur associé senior depuis 2012), de Sylvain Duranton (X 91, Mines 93, MBA Insead 96, directeur associé senior depuis 2011) et d'Olivier Sampieri (Ponts et Chaussées 99, Sciences Po 99, directeur associé depuis 2009).
"Possible d'étaler les rémunérations d'un partner entre les différents bureaux d'un cabinet"
L'argumentaire est le même chez les concurrents. "Nous avons eu quelques mouvements de partners au cours de la dernière année, mais leur nombre présente un caractère habituel : deux départs de partners vers des bureaux étrangers, pour poursuivre des opportunités de développement ou se rapprocher du centre de gravité de leur client, deux arrivées de partners étrangers à Paris (comme dans la practice services financiers d'Oliver Wyman, ndlr) et un départ à la retraire", indique un porte-parole de McKinsey joint par Consultor. Sur 45 associés à Paris, ces mouvements sont "en ligne avec les années précédentes". Idem chez Roland Berger et Bain : encéphalogramme plat.
De toute façon, pareilles opérations se font "de manière très discrète", analyse un autre très bon connaisseur du secteur en France. Et le seuil du million de revenus annuels ne concerne que peu de consultants, même dans le secteur pourtant très rémunérateur du conseil en stratégie : "il faut chercher du côté des quatre ou cinq grands cabinets internationaux de stratégie du type du BCG", dit Jean-François Lecole, PDG du cabinet Katalyse.
Bref, les expatriations fiscales dans le secteur du conseil en stratégie ne sont pas impossibles, mais dans les faits plutôt marginales, parce qu'elles impliquent :
- d'avoir un rôle transverse au sein du cabinet réparti sur plusieurs pays,
 - et de ne pas avoir de compte clé qui en France, qui obligerait à y passer la majeure partie de son temps.
 
L'expatriation fiscale, si elle a lieu dans quelques cas, serait donc "une marque de coquetterie" de quelques-uns, analyse un autre directeur de cabinet de conseil en stratégie.
Stéphane Eyraud, CEO de Chappuis Halder à Londres, après un passage par Hong Kong, va même plus loin : "Je ne crois pas une seconde à la possibilité d'un départ massif de plusieurs partners d'un des cabinets parisiens. Vous vous imaginez l'effet sur les clients et les équipes de consultants à voir leurs interlocuteurs référents inoccupés à Londres ou à Bruxelles par exemple ! Le premier critère de localisation d'un partner dans le conseil est véritablement son activité économique. Il serait possible, en revanche, de jouer sur la zone d'influence d'un partner et d'étaler ses rémunérations entre les différents bureaux d'un cabinet, mais je doute que cela soit la préoccupation majeure des cabinets actuellement".
Et de retourner le problème : ce ne serait pas les partners français qui prendraient la poudre d'escampette, mais plutôt ceux des bureaux étrangers qui refuseraient de passer par la case France en ce moment. "C'est beaucoup plus plausible", dit Stéphane Eyraud.
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