Roland Berger mise sur la défense pour relancer sa croissance
Après une année 2024 délicate, Roland Berger entend bien retrouver des couleurs. Le cabinet de conseil en stratégie d’origine allemande prévoit une croissance de 5 à 10 % en 2025, un rythme supérieur à celui du marché.
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Dans une interview au Handelsblatt, le patron Monde du cabinet, Stefan Schaible, estime que ses troupes « vont nettement dépasser la moyenne du secteur ».
Deux leviers sont censés alimenter ce redressement : l’accompagnement à l’innovation et les missions de réduction de coûts. Mais surtout, un secteur concentre désormais l’attention des consultants : la défense. « Les évolutions récentes de l’industrie de l’armement constituent un moteur de croissance pour l’ensemble de l’économie, et agissent comme un petit “turbo” pour notre activité », partage Stephan Schaible.
L'opportunité « Défense » après des années de prudence
Comme l’ensemble de ses concurrents, Roland Berger a souffert du ralentissement économique mondial. Là où le BCG semble toutefois avoir résisté et communique sur une croissance de 10 % en 2024– celle d’Oliver Wyman ayant atteint 10 % également à 3,4 milliards de dollars –, Roland Berger déclare avoir enregistré « un léger recul » de son chiffre d’affaires au niveau mondial.
Pour rappel, en 2023, la croissance de Roland Berger avait atteint 15 %, son chiffre d’affaires dépassant légèrement « le milliard d’euros » – comme l’avait confié le patron France & Maroc du cabinet, Laurent Benarousse, à Consultor.
Dans un contexte beaucoup plus tendu, le boom des dépenses militaires tombe donc à pic. « Les réserves traditionnelles du monde du conseil vis-à-vis de l’industrie de défense ont disparu », constate Stephan Schaible. Les projets clients intègreraient de plus en plus souvent une réflexion sur la place que doivent occuper la défense et l’armement, non seulement dans les entreprises directement concernées, mais aussi dans l’automobile, la logistique ou l’ingénierie mécanique. Sachant que le secteur attire à la fois les capitaux publics et des start-ups innovantes.
Chez Roland Berger, cela se traduit par un renforcement de la practice « Aérospatial & Défense », qui compte aujourd’hui une cinquantaine de consultants et doit encore s’étoffer.
L’Europe, terrain de jeu stratégique
Au-delà de ce seul segment de marché, Roland Berger met en avant son identité européenne. Alors que ses grands rivaux américains (McKinsey, BCG, Bain, Accenture) dominent largement le conseil en stratégie mondial, le cabinet revendique son ancrage. Sa nouvelle campagne de communication, lancée fin août sous le slogan « Europe all in », est la première de cette ampleur depuis sa création en 1967.
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« L’Europe doit accroître ses capacités de défense et sa souveraineté industrielle. En tant que cabinet européen, nous voulons contribuer à cet effort », explique le CEO Monde de Roland Berger. Concrètement, les consultants entendent soutenir à la fois l’expansion des capacités de production existantes et le développement d’innovations issues du secteur militaire, susceptibles d’être réutilisées dans le civil.
Roland Berger ne s’en cache pas : l’effet d’entraînement sur ses autres expertises – coûts, organisation, digital – pourrait être décisif. Et Roland Berger entend rappeler au marché que, près de 60 ans après avoir été créé, il reste « la » référence européenne du conseil en stratégie.
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aéronautique - défense
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