Le mail du MD du BCG Russie qui passe mal
Voilà un post LinkedIn qui a fait couler pas mal d’encre : un consultant ukrainien, ex-BCG, a partagé le mail reçu de la part du managing director du BCG Russie, quatre jours après le début du conflit entre Moscou et l’Ukraine, le 28 février.
- Inflation, énergie, guerre : les consultants au cœur du retournement
- Énergie : les consultants face à la stratégie de l’incertitude
- McKinsey envoie son équipe russe au Kazakhstan
- L’ex-associée ouvre les portes de son château aux réfugiés ukrainiens
- Ukraine : les cabinets de conseil amorcent leur départ de Russie

« Incroyable. J’espère que le Boston Consulting Group reconnaîtra à quel point ce message manque d’empathie et s’excusera comme il se doit », écrit un internaute. « Soit c’est un parfait idiot, soit il ignore qui se trouve dans sa base de données mail », commente un autre. Il n’y a pas à dire, le mail envoyé par Andrej Timofeev, MD du BCG à Moscou, aux alumnis BCG – y compris aux Ukrainiens – laisse un goût amer à plus d’un. Et notamment à Kostiantyn Mishustin, consultant ukrainien qui a travaillé au sein du bureau de Kyiv de 2013 à 2016, et qui a décidé de partager sur LinkedIn ce mail plutôt maladroit, en y ajoutant une réponse des plus salées.
Dans son message intitulé « BCG family together », le MD du BCG Russie écrit : « Chers amis, nous sommes profondément attristés par la tragédie en Ukraine. Aucun mot ne suffit. En ce moment dramatique, notre première priorité est la sécurité de tous les membres du BCG et nous soutenons activement toutes nos personnes qui sont touchées par cette tragédie. Nous ressentons la plus haute responsabilité pour nos équipes en Russie, y compris notre famille d’anciens. Veuillez me contacter ou contacter votre représentant alumni si vous ou les membres de votre famille directe avez besoin d’aide. En ce qui concerne notre travail avec nos clients, nous restons déterminés à générer un impact positif. Nous avons des directives strictes pour nous assurer que le travail de nos clients est pleinement conforme à notre objectif et à nos valeurs, et conforme aux sanctions internationales. Nous les avons toujours appliqués avec diligence en Russie. Merci à tous d’être unis comme une seule famille BCG. »
Ce à quoi le consultant ukrainien a répondu : « FUCK YOU !!! ». Et d’étayer : « Vous avez permis ce régime, soutenu ces politiques, en avez profité et n’avez rien fait ces huit dernières années pour changer quoi que ce soit. Oh oui, vous avez fait quelque chose : vous avez fermé le bureau ukrainien dès que possible. Quand nous avons été assassinés dans les rues de Kyiv en 2014, vous fêtiez vos médailles d’or olympiques (gagnées en trichant) et le personnel de Moscou nous appelait “Banderites” et “nazis”. »
Kostiantyn Mishustin reproche notamment à Andrej Timofeev de « s’inquiéter soudainement » pour la sécurité des anciens du BCG Ukraine, sans pour autant avoir un mot à leur égard puisque seule l’équipe de Russie est mentionnée, tout en se montrant « complaisant » avec le régime de Moscou, écrit-il sur LinkedIn. « Il n’est même pas question de la sécurité personnelle des anciens du BCG Ukraine, alors que la liste de diffusion comprend de façon évidente des anciens du bureau de Kyiv », s’étonne une ancienne du BCG Moscou et New York.
Ce message est typique « du discours d’entreprise qui ne dit rien, ne prend pas de position claire et préserve l’ambiguïté dans une situation d’une gravité énorme et d’une pertinence immédiate pour le BCG Moscou, un cabinet soi-disant axé sur la mission avec une forte boussole ESG », complète cet autre ex-BCG du bureau de Chicago.
En rendant public ce mail et sa réponse, Kostiantyn Mishustin espérait attirer l’attention de tout BCG, et pas seulement celle du bureau de Moscou. « Si vous êtes neutres dans les situations d’injustice, vous avez choisi le camp de l’oppresseur », explique-t-il. Jeudi 3 mars, soit trois jours après l’envoi de ce mail, le BCG a annoncé suspendre ses activités en Russie (relire notre article).
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
Monde
- 31/07/25
Sept ans après un scandale lors de la présidence de Jacob Zuma, Bain vient de prendre une décision radicale : ne plus mener aucune mission en Afrique du Sud.
- 24/07/25
Le patron Monde de McKinsey sera désormais élu pour un mandat unique de 6 ans, avec un vote de confirmation des senior partners la quatrième année pour décider si le dirigeant doit achever son mandat.
- 18/07/25
Oliver Wyman a enregistré un chiffre d’affaires de 873 millions de dollars au 2e trimestre 2025, en hausse de 4 % par rapport au même trimestre de 2024.
- 11/07/25
Deux hauts dirigeants du cabinet se retirent de leurs fonctions de direction, alors que l’ONG Save The Children et le Programme alimentaire mondial suspendent leurs partenariats historiques avec le cabinet ou songent à le faire.
- 08/07/25
Selon le plaignant, Bain & Company a violé la loi fédérale sur les prestations sociales en refusant sa demande de prise en charge de traitements de fertilité en raison de son sexe.
- 07/07/25Le BCG a modélisé un plan de reconstruction de Gaza prévoyant le déplacement de 500 000 Palestiniens
Plus de 12 consultants ont travaillé sur la création et le déploiement de la très controversée Gaza Humanitarian Foundation. Ils ont aussi réalisé des modélisations financières de scénarios de reconstruction incluant le départ de 25 % de la population hors de Gaza.
- 03/07/25
C’est un partner « historique » qui vient d’être nommé Global Head du cabinet : George Sarraf avait en effet rejoint Booz Allen Hamilton en 1996, puis le spin-off de ce dernier, Booz & Co, créé en 2008, "rebrandé" Strategy& lors de son rachat par PwC en 2014.
- 26/06/25
Cette évolution s’inscrit dans le cadre « d’une rotation de leadership » : le managing partner Gilles Roucolle, plus de 28 ans de maison, copilotait jusqu’à présent la région Europe d’Oliver Wyman.
- 24/06/25
La réponse de Siméo Pont, co-auteur de l’étude « La fabrique du risque. Les entreprises face à la doxa géopolitique » de l’IFRI.