BCG-Gaza : le CEO fait face à la colère des consultants au Moyen-Orient
Une visite du CEO Monde Christoph Schweizer à Dubaï, à la mi-juillet, n’a pas généré l’apaisement escompté.
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La cause de l’indignation des effectifs moyen-orientaux : la participation d’une équipe US du BCG à la mise en place de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) et à l’évaluation financière du déplacement de 500 000 Gazouis, dévoilée par le Financial Times, qui a poursuivi ses révélations dans un article daté du 23 août.
L’implication de cette équipe composée « de plus de douze personnes » aurait duré sept mois.
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Plus de 12 consultants ont travaillé sur la création et le déploiement de la très controversée Gaza Humanitarian Foundation. Ils ont aussi réalisé des modélisations financières de scénarios de reconstruction incluant le départ de 25 % de la population hors de Gaza.
Un sentiment de « honte » et des sanctions jugées insuffisantes
« Comment reprendre notre quotidien en sachant que notre organisation a pris part à un plan aussi terrible ? », s’interrogeait un employé du Boston Consulting Group dans un groupe WhatsApp officieux. Un malaise encore accentué par le message d’Ihab Khalil, un associé influent au Moyen-Orient qui travaille notamment avec le fonds souverain saoudien (PIF), lequel affirme se sentir « trahi » et « honteux ». Le régime saoudien est lui-même régulièrement pointé du doigt pour ses atteintes aux droits humains.
Quoi qu’il en soit, les sanctions prises par le BCG en juin – licenciement des deux associés directement responsables du projet ; top executives écartés de leurs fonctions managériales tout en restant associés, les deux hommes ayant été "trompés" selon le cabinet ; désaveu officiel de tous les travaux de modélisation réalisés – n’ont pas suffi à éteindre l’incendie.
A Dubaï, une réunion censée apaiser les esprits vire au fiasco
Alors qu’une lettre ouverte avait été adressée par des employés au CEO Monde Christoph Schweizer – exigeant plus de transparence, des sanctions renforcées et des dons en faveur des Palestiniens –, un collectif d’alumni du BCG a également publié un texte signé par plus de 100 personnes, en majorité originaires du Moyen-Orient, dénonçant un « échec éthique stupéfiant » ainsi qu’une « faillite du jugement à plusieurs niveaux de direction ».
C’est dans ce climat délétère que Christoph Schweizer a entrepris, courant juillet, une tournée régionale. Une réunion organisée à Dubaï, où se trouvait le CEO Monde, et à Riyad et Doha en présence d’autres associés, a réuni près de 370 collaborateurs. Seules les personnes présentes physiquement sur ces trois sites ont pu y assister.
Le CEO Monde y a réaffirmé la neutralité politique du cabinet, précisant qu’il ne commenterait pas le conflit en cours. Il a toutefois rétorqué à un participant ayant qualifié le gouvernement israélien de « régime génocidaire », que ce terme était « a big word ». Plusieurs employés ont alors quitté la salle en signe de protestation.
Dans un communiqué, le cabinet a expliqué que son dirigeant souhaitait se concentrer sur « ce qui s’était passé, ce qui avait été appris et la voie à suivre », tout en exprimant sa compassion envers les victimes civiles gazaouies.
Une tache réputationnelle durable au Moyen-Orient – et des conséquences économiques significatives ?
Dans la région, certains salariés demandent au BCG de condamner publiquement l’offensive israélienne, voire de fermer son bureau de Tel-Aviv. Ce dernier n’aurait, selon le cabinet, aucun lien avec le scandale, l’équipe US impliquée ayant opéré depuis l’hôtel Sheraton Grand Tel Aviv.
Le scandale survient dans un contexte stratégique sensible : depuis une décennie, le Moyen-Orient est l’un des relais de croissance majeurs du BCG. Solidement implanté à Riyad, Dubaï, Abou Dhabi et Doha, le cabinet travaille étroitement avec de grands clients publics et privés, dont les puissants fonds souverains de la région.
Pour le géant du conseil en stratégie, cette crise n’est pas seulement une affaire interne : elle touche directement à sa réputation et à ses relations avec des marchés-clés.
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commentaires (1)
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Monde
21/11/25Dans la même promotion, un autre Français, Benjamin Tubiana, accède également au rang d'associé – à New York.
21/11/25Après avoir suspendu un partenariat historique avec le BCG en juillet dernier, Save the Children International a décidé de reprendre sa collaboration. Sa CEO se dit « convaincue » par les mesures prises par le cabinet.
07/11/25Situé à Vienne, ce 10e bureau de Cylad sera piloté par un nouvel associé, Daniel Mader.
05/11/25De 21 en 2022 à 6 (pour le moment) en 2025 : les acquisitions réalisées par des cabinets de conseil en stratégie sont en net recul. Parmi les causes possibles : la concurrence des fonds de private equity.
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30/10/25Clay Heskett, qui a commencé sa carrière à Boston avant de rejoindre le bureau londonien de L.E.K. Consulting en 2011, vient d’être réélu pour un second mandat de CEO Monde.
29/10/25Le BCG a également nommé un nouveau Chief Risk Officer, après la controverse provoquée par la participation de l’une de ses équipes à la mise en place de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF).
28/10/25Alexander De Croo, ancien premier ministre belge et alumni du BCG, s’apprête à être nommé administrateur du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD).