Croissance, stratégie sectorielle, ancrage marocain : les ambitions de Matteo Ainardi, patron France-Maroc d’Arthur D. Little
Malgré un marché du conseil en strat atone, Arthur D. Little revendique une croissance continue lui permettant « de doubler de taille tous les 4 ou 5 ans ». Le point avec son pilote pour la France et le Maroc.

Matteo Ainardi a rejoint le bureau parisien d’Arthur D. Little en 2016, après un parcours en entreprise, notamment au sein d’une division d’EADS (devenu Airbus Group) et chez l’opérateur européen Eutelsat.
Nommé managing partner pour la France et le Maroc en janvier 2024, il partage ici sa vision du cabinet, ses priorités de développement, et sa manière d’apporter un maximum de valeur aux dirigeants qu’il accompagne. En quelques années, le bureau parisien est passé d’une vingtaine à près d’une centaine de consultants.
Consultor : En 1886, c’est pour répondre aux « ruptures technologiques » qui affectent les entreprises de l’époque qu’Arthur D. Little, chimiste de formation, fonde le cabinet éponyme. Près de 140 ans plus tard, est-ce toujours le socle de vos interventions ?
Matteo Ainardi : Notre fondateur a eu, dès l’origine, l’intuition juste ; les ruptures technologiques transforment en profondeur la vie des organisations. Il a compris qu’elles ne pouvaient être traitées à la marge, mais devaient être intégrées pleinement dans le modèle économique et dans la stratégie des entreprises. Depuis, Arthur D. Little a accompagné ces transformations tout au long du XXe siècle, puis du XXIe. Cette conviction reste, aujourd’hui encore, au cœur de notre approche. Et parce que les ruptures ne sont pas seulement technologiques, nous accompagnons aussi nos clients face aux discontinuités stratégiques, réglementaires et sociétales.
Notre mission est d’accompagner les dirigeants dans ces moments clés, où l’environnement concurrentiel exige des choix forts. Notre rôle est de les aider à faire les bons arbitrages, à prioriser les initiatives les plus porteuses, à faire émerger les sujets essentiels. Cela implique d’être en permanence dans l’anticipation, l’innovation et la redéfinition des modèles d’entreprise, si nécessaire.
Environ 80 % de nos projets sont liés à la stratégie, mais, au-delà de la définition, nous intervenons aussi sur la mise en œuvre : réorganisations, transformations, création de joint-ventures… Nous intervenons dans de nombreux secteurs, mais toujours avec une exigence d’expertise pointue et ciblée, loin d’une approche généraliste.
Précisément, Arthur D. Little privilégie une approche sectorielle, les expertises fonctionnelles intervenant en complément. Pourquoi ?
Chez Arthur D. Little, nous faisons le choix assumé d’une approche sectorielle, avec des expertises fonctionnelles qui viennent en appui. Notre ambition est d’atteindre le plus haut niveau d’excellence dans chaque industrie que nous couvrons. Cette approche, qui me semble caractéristique de notre cabinet, est d’ailleurs très appréciée par nos clients.
Notre proposition de valeur repose sur une compréhension fine des dynamiques sectorielles. Face à nos clients, nous mobilisons des équipes seniors, expertes de leur secteur, capables de mener une réflexion stratégique approfondie. Nos spécialistes fonctionnels – en réorganisation, digital, transformation, etc. – interviennent en complément, apportant une expertise pointue sur des problématiques transverses. Leur rôle est d’enrichir la réflexion sectorielle, et leur contribution prend de plus en plus d’ampleur.
Ce positionnement sectoriel se reflète dans notre organisation même. Nous structurons chaque practice autour de 3 ou 4 associés, combinant expertise métier et compétences fonctionnelles ciblées, par exemple en restructurations stratégiques (« turnaround ») ou chaîne d’approvisionnement (« supply chain ») selon les besoins.
Le private equity s’inscrit dans la même logique : avec environ 25 à 30 % de notre activité, il se développe sur les secteurs où nous sommes historiquement présents, porté notamment par l’un de nos associés, Guillaume Picq.
Notre ancrage sectoriel reste marqué par une forte dimension technologique et scientifique : à Paris, nous intervenons principalement dans l’aérospatial, la défense, l’énergie, les transports, la pharma, les télécoms ou encore le secteur minier. Mais notre couverture sectorielle s’étend également aux biens de consommation, au luxe, et, via notre bureau de Casablanca, aux services financiers.
Né américain, Arthur D. Little a désormais un centre de gravité en Europe, sa structure d’actionnariat étant basée à Bruxelles : est-ce son principal axe de développement ?
Non. Toutefois, sur des secteurs tels que l’aérospatiale ou la défense que je connais bien et où la question des « actifs stratégiques » se pose significativement aujourd’hui, le fait d’être une structure indépendante, à gouvernance européenne, constitue un réel atout. C’est aussi un facteur de confiance pour des clients des transports, de la pharma ou de l’énergie.
Notre présence reste pleinement internationale avec 50 bureaux dans 40 pays. Hors d’Europe, l’un de nos axes de développement est le Maroc, où nous comptons deux associés – en complément de nos 16 associés en France. Le bureau de Casablanca, ouvert en avril 2024, rassemble déjà une dizaine de consultants.
Ce développement repose à la fois sur un projet entrepreneurial – porté par Sami Chabenne – et sur une conviction partagée : le continent africain représente un fort potentiel pour le conseil en stratégie. D’ailleurs, plusieurs de nos clients nous ont encouragés à renforcer notre engagement dans la région. Nous n’en sommes qu’aux tout débuts, mais nous menons déjà de très beaux projets.
À Paris, nous poursuivons une dynamique soutenue, avec pour priorité le renforcement de nos practices sectorielles clés, qu’elles soient historiquement fortes ou en pleine croissance.
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