Chez Bain, l’industrie mobilise désormais 20 % des consultants à Paris
En croissance d’environ 20 % par an selon le cabinet, la practice « Produits et services industriels de pointe » s’affirme comme l’un des pôles les plus dynamiques au sein du bureau de Paris de Bain.
Depuis 2022, selon Syntec Conseil, l’industrie est le premier secteur demandeur de conseil en France, devant les services financiers. Dans cette perspective, Bain se contente-t-il de surfer sur la vague avec la practice Advanced Manufacturing & Services (AMS) – son nom à l’international ?
Ce n’est pas l’avis de François Montaville, spécialiste de l’amélioration de la performance, qui a pris le relais de Bernard Birchler à sa tête début 2025. Ni celui d’Ali Rekik, arrivé tout droit du BCG pour piloter l’aerospace & défense en avril dernier.
Selon les deux associés, Bain dispose en effet d’un positionnement et d’atouts « distinctifs » qui expliquent le dynamisme de cette large practice.
Photo flash du pôle industriel à Paris
AMS affiche « l’une des croissances de practices les plus importantes depuis 4 ou 5 ans, souligne François Montaville, et nous ambitionnons de maintenir ce rythme dans les prochaines années. » À Paris, une dizaine de partners y contribuent, épaulés par « environ 20 % des consultants du bureau ».
À l’échelle européenne, 150 associés portent ces sujets – alors qu’au niveau mondial, le pôle est désormais « l’une des principales practices de Bain ».
AMS regroupe une dizaine de verticales couvrant « tous les secteurs industriels, de l’aerospace-défense à l’aérien ou l’automobile, des services B2B au BTP ou aux matériaux de construction, entre autres ».
Les enjeux de souveraineté, « très présents dans l’agenda des dirigeants, ce qui implique de repenser la supply chain, sous l’angle opérationnel et stratégique également, les partenariats à nouer, ou encore des questions de gouvernance », sont au cœur des motivations conduisant les organisations à solliciter Bain, d’après le leader de la practice industrielle. Tout cela alors « qu’une certaine atonie » règne sur le plan économique.
Le plus puissant moteur d’accélération : l’aérospatial et la défense
Comme le fait observer Ali Rekik, « depuis la crise du Covid, les grands donneurs d’ordre du secteur cherchent à retrouver un niveau d’activité équivalent ou supérieur à l’avant -2020 ».
En parallèle, cette crise a révélé « certaines fragilités » dans l’aéro-défense et mis en avant la notion de « résilience ». Des réflexions portent « sur le footprint mondial et/ou les tarifs, sur fond de pilotage du changement en interne ». Et ces enjeux s’imbriquent avec des questions « d’innovation, de data et de digitalisation : comment les intégrer aux process pour gagner en agilité et réduire les temps de cycle, notamment ? »
Par ailleurs, bien que les clients « maîtrisent mieux certains sujets et les internalisent, notamment sur l’IA/GenAI », selon Ali Rekik « leurs besoins se renouvellent et se sophistiquent ».
Deux autres verticales pleines de rebonds
Le deuxième moteur de croissance d’AMS relève de l’aérien, du transport et de la logistique, un secteur marqué par des « stop and go » – depuis la période Covid. Mais aussi par d’autres éléments de perturbation, d’autres enjeux, tels que « la décarbonation et les technologies qui évoluent ».
Comme l’explique François Montaville, « les entreprises doivent se préparer à différents scénarios. Cela implique de repenser leur modèle opérationnel, leurs modes de fonctionnement, pour les rendre extrêmement réactifs ». Dans ces environnements chahutés, les organisations « doivent aller chercher des opportunités de croissance, d’où des questions de modèle commercial et de pricing – sur lesquelles les nouveaux outils GenAI peuvent élargir le champ des possibles ».
Quant au post-acquisitions, le troisième pilier de la practice AMS, il rencontre le Private Equity sur lequel Bain revendique un leadership mondial. « Quand nous parlons au management des sociétés détenues par des fonds, partage François Montaville, nous avons conscience des implications de nos recommandations sur la thèse d’investissement, l’equity story ou la stratégie de sortie des fonds. »
Ce type de missions offre aux consultants une exposition plus directe aux clients. « Les sociétés concernées sont plus petites et leurs attentes de résultats rapides sont notables. La lecture de l’impact des missions est plus visible et la capacité d’influence des équipes, renforcée », poursuit-il. « Pour les consultants, cela ouvre des passerelles vers nos équipes Private Equity, voire vers les fonds eux-mêmes si certains le souhaitent. »
Comme l’indique Ali Rekik, les clients corporate sont par ailleurs « de plus en plus sensibles à ces compétences et expertises, car ils recherchent eux-mêmes une forme d’agilité – bien que tout ne soit pas transposable ».
L’articulation stratégie-opérations, au cœur de l’ADN de Bain
La singularité du cabinet, pour ses associés, tient en effet dans sa capacité à faire dialoguer les deux. « Réfléchir à une stratégie sans envisager les implications opérationnelles paraît très compliqué actuellement », estime François Montaville. À l’inverse, prendre des décisions opérationnelles lourdes sans connaître les options stratégiques qu’elles ouvrent ou ferment relèverait d’une approche court-termiste. »
Pour Ali Rekik, la fluidité, strat-ops et au-delà, fait partie intégrante de l’ADN du cabinet. « Bain malaxe et mixe des compétences qui, vues de loin, semblent disjointes, mais, une fois articulées, vont créer de l’impact. » François Montaville renchérit. « Nous sommes bien équipés pour travailler sur trois axes de transversalité : d’une géographie à l’autre ; entre opérations et stratégie ; et d’une expertise fonctionnelle à l’autre. »
Une souplesse et une intégration qui dépassent les frontières françaises. Sur l’aerospace-défense par exemple, Paris travaille « de façon étroite, synergétique, voire transparente, avec les bureaux allemands, italiens, espagnols ou britanniques », détaillent de concert François Montaville et Ali Rekik. « C’est un impératif pour servir efficacement ce type de projets. »
Pour nourrir AMS, un vivier de talents à élargir encore
Alors que la complexité atteint « des niveaux uniques », selon Ali Rekik toujours, les entreprises auraient besoin « comme jamais, de conseil et d’impact ».
Pour y répondre, Bain mise avant tout sur ses forces vives. « Nous recrutons des chefs de projets, des consultants venus d’autres cabinets et des profils issus de l’industrie, ainsi que des profils plus juniors », partage François Montaville. Sachant que les profils industriels en question ne travaillent pas nécessairement sur « leurs industries d’origine, pour apporter un regard neuf et complémentaire ».
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