Malgré une activité record, McKinsey taille dans les fonctions supports
Mardi, des sources internes apprenaient à Bloomberg que McKinsey envisage la suppression de 2 000 postes – soit 4% d’un effectif total qui a très rapidement crû ces dernières années pour atteindre 45 000 personnes. Et ce alors que le chiffre d’affaires du cabinet atteignait les 15 milliards de dollars en 2021, un record.
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Ménager la rémunération des partners : tel est l’objectif du vaste plan de réduction des effectifs envisagé par McKinsey, sous le nom de code Magnolia, selon les informations obtenues de sources internes par Bloomberg.
« Nous réorganisons la manière avec laquelle s’organise la part de nos équipes qui n’est pas en lien direct avec les clients, pour la première fois depuis dix ans. Avec l’objectif que ces équipes puissent apporter leur concours et se mettre à l’échelle de notre firme de façon efficace », a indiqué DJ Carella, porte-parole de l’entreprise interrogé par Bloomberg.
Une décision qui intervient alors les effectifs de la firme atteignent 45 000 personnes, contre 28 000 personnes il y a seulement cinq ans et 17 000 en 2012. Et, ce, mécaniquement, avec un chiffre d’affaires qui a crevé le plafond sur la même période : il atteint 15 milliards de dollars en 2021, quand le dernier chiffre connu et souvent cité était celui de Forbes, qui donnait McKinsey à 10 milliards de dollars en 2018. Une croissance dans laquelle les acquisitions externes ont joué leur part (voir notre article).
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McKinsey, leader dans les chiffres
Des chiffres qui montrent au passage : 1) que la performance économique et les recrutements du cabinet ne sont nullement affectées par les polémiques à répétition qui l’ont touché, et 2) à quel point la firme est loin devant ses principaux concurrents.
En 2021, le BCG comptait 11 milliards de dollars de chiffre d’affaires (contre 15 donc à McKinsey). De même, Bain, le second B dans MBB, l’acronyme utilisé pour décrire le trio leader dans le conseil en stratégie, affichait 5,8 milliards de dollars et 15 000 salariés.
L’annonce est d’autant plus surprenante que pareil plan social est totalement inhabituel dans les cabinets de conseil en stratégie (quelques précédents sur le marché, mais c’est l’exception, voir notre article).
Car leur croissance est plutôt stable indépendamment des cycles macroéconomiques. Ils peuvent également ménager l’évolution de leurs effectifs via un taux d’attrition en moyenne relativement important (voir notre article).
Autre effet de surprise : McKinsey et ses concurrents s’occupent souvent de diligenter les plans de réorganisation et réduction d’effectifs de leurs clients, mais ils se les appliquent rarement à eux-mêmes.
Sauf cette fois : avec, dans le viseur, les fonctions supports. Chez McKinsey, comme chez ses concurrents, les fonctions supports peuvent recouvrir une foultitude de professionnels ou de corps de métiers différents : des assistantes exécutives (ce sont des femmes à 99,9%, voir notre article) ; des personnels en charge du staffing des consultants sur les missions (voir notre article) ; les ressources humaines (voir notre article); aussi des professionnels dans des domaines aussi variés que l’IT, le marketing ou encore la communication.
Knowledge Centers en Inde ou en Pologne
Chez McKinsey, ces professionnels peuvent avoir des étiquettes plus obscures telles que research analyst, knowledge analyst ou insight specialist.
Le cabinet a regroupé ces salariés dans des centres appelés McKinsey Knowledge Center. Il y en a un en Pologne à Wroclau (à l’instar de Bain qui a également regroupé ses fonctions support en Pologne), mais également en Inde. S’y ajoutent des services center qu’on retrouve aux quatre coins du monde.
Ces professionnels peuvent avoir le sentiment d’être méconsidérés en comparaison du traitement réservé aux consultants, « les cool kids d’un côté, les paysans de l’autre », témoignait une designer en piste pour rejoindre le cabinet (voir son témoignage).
De fait, tailler dans les effectifs des fonctions support pour préserver la rémunération des partners pointe dans la même direction. De même, le cabinet s’est empressé d’indiquer à Bloomberg que ces « réorganisations » n’affecteraient pas les recrutements de consultants.
Car, jusqu’à cette annonce, on pensait les MBB totalement insatiables en matière de recrutements. Tout récemment, Bob Sternfels, le managing partner, indiquait que McKinsey avait encore fait 10 000 recrutements sur les 12 derniers mois, en ne retenant que 1% du million de CV reçus mondialement.
Pour attirer les meilleurs des meilleurs, les MBB n’hésitaient d’ailleurs pas à se tirer la bourre sur les salaires (voir notre article). Une trajectoire – fortes embauches, puis plans sociaux – qui n’est pas sans rappeler celle d’Amazon ou de Meta qui préparent eux aussi des plans de licenciements.
Tout ceci dans un contexte de rebond post-covid où le secteur du conseil a croulé sous les missions, embauchant à tour de bras et n’hésitant pas à boucher les trous avec des freelances.
Mais cette annonce pourrait marquer un tournant. Surtout qu’elle intervient quelques jours après que KPMG a annoncé qu’il allait réduire ses effectifs de conseil de 5%.
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