L’ex-Ms. Boss de McKinsey incarne « l’activisme actionnarial » de BlackRock

L’ancienne senior partner de McKinsey Londres, Sandy Boss, partie en 2014 du cabinet, prend la tête de l’engagement actionnarial de BlackRock, acteur peu connu par le grand public, mais devenu ultra-influent de la vie économique mondiale.

04 mai. 2020 à 08:40
L’ex-Ms. Boss de McKinsey incarne « l’activisme actionnarial » de BlackRock

Cette société multinationale américaine, spécialisée dans la gestion d’actifs, fondée en 1988 par l’homme d’affaires Larry Fink, est aujourd’hui le groupe de gestion d’actifs le plus puissant de la planète, avec près de 7000 milliards de dollars en cumuls d’actifs, soit plus de deux fois le PIB de la France. Le groupe est présent sur le marché français depuis 2006.

Sandra Boss, diplômée de Stanford University et de Harvard, a commencé sa carrière dans le conseil chez McKinsey& Company en 1994 – cabinet où elle restera dix ans et où elle atteindra le poste de senior partner – spécialiste des services financiers, et plus particulièrement auprès des banques d’investissement ou sur les problématiques de risques pour des clients aux États-Unis et en Europe. Alors qu’elle est encore consultante pour le prestigieux cabinet, la presse fait ses « choux gras » en révélant une histoire rocambolesque (ici Le Figaro d’avril 2013), son embarrassant mariage avec Christian Gerhartsreiter, rencontré en 1993 alors qu’elle est étudiante. Il s’avère que celui qu’elle croyait être un descendant des Rockfeller – et se faisant passer pour tel sous l’identité de Clark Rockfeller – est en fait un escroc qui sera démasqué et condamné en 2013 pour meurtre, trente ans après les faits. Dix années de « liaisons dangereuses » donc pour cette pro des services financiers.

Hasard ou pas ? Elle quitte McKinsey en 2014 pour se consacrer à des fonctions non exécutives : membre externe du comité de régulation prudentielle de la Bank of England depuis 2014, présidente du comité des risques de la banque anglaise en 2017, directrice non exécutive de Enstar Group (assurances) en 2015, et de Elementis Global (chimie) en 2017. Elle a quitté l’ensemble de ces mandats pour pouvoir prendre ses nouvelles fonctions le 1er avril 2020.

À ce poste de senior managing director de BlackRock, Sandy Boss prend le relais de Barbara Novick où elle va diriger la plus importante équipe du secteur de l’investissement – qui a plus que doublé pour atteindre quarante-sept personnes au cours des dix dernières années –, et est amenée à participer à l’engagement actionnarial mondial de BlackRock avec les sociétés dans lesquelles le groupe investit. Un engagement « vertueux » qui fait aujourd’hui débat avec des soupçons de conflits d’intérêts : son rôle d’investisseur de premier plan dans les grandes banques et les sociétés pétrolières qui seront tenues de se conformer aux normes environnementales plus rigoureuses que l’UE prévoit d’introduire pour lutter contre le réchauffement climatique qui est visé alors que le groupe vient d’obtenir une mission de conseil de 280 000 euros auprès de la Commission européenne sur un projet d’intégration de la durabilité dans la régulation bancaire. Une coalition de 92 groupes de pression, dont Greenpeace et les Amis de la Terre, a écrit une lettre cette semaine à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, lui demandant d’annuler le contrat avec BlackRock, qui n’est « pas en mesure de proposer des conseils d’experts neutres » sur les questions environnementales. « Le choix de BlackRock envoie un message extrêmement préjudiciable qui porte atteinte à la crédibilité et à la réputation du Green Deal européen et à la politique de financement durable de la Commission européenne avant même d'avoir commencé », ont aussi notifié les signataires.

Crédit : Bank of England

McKinsey
04 mai. 2020 à 08:40
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