SKP s’implante en région : nouveau filon de recrutement ?

Le bureau français de Simon-Kucher & Partners a décidé de réaliser un bêta test en posant ses valises à Lyon et à Bordeaux. À l’heure de la relocalisation et du télétravail, ces antennes répondent à la fois à un système économique nécessairement plus décentralisé et à de nouvelles opportunités RH, dans un contexte général de recrutement extrêmement tendu.

Barbara Merle
10 mai. 2022 à 12:00
SKP s’implante en région : nouveau filon de recrutement ?
Wikipedia : Roboppy (cannelé) et Ji-Elle (tarte aux pralines)

Pour cet historique du pricing européen, qui s’est depuis largement ouvert aux États-Unis et qui mise aujourd’hui sur l’Asie, l’heure est aussi à la proximité. À l’instar de l’Allemagne, son berceau, et son système fédéraliste, qui dénombre six bureaux.

Le bureau parisien de Simon-Kucher & Partners, actuellement une centaine de consultants, joue donc la carte de la proximité avec l’annonce de l’ouverture de deux antennes en France, à Bordeaux (effective début avril) et à Lyon (d’ici quelques semaines). Des antennes – et non des bureaux, un détail sémantique de taille aux yeux des associés –, qui sont considérées comme des sites tests grandeur nature.

Un démarrage mesuré

Deux candidats, responsables des lieux, sont volontaires à cette délocalisation : Luc Anfray, senior director, déjà en poste à Bordeaux, et Sébastien Verrot, associé promu il y a quelques semaines (chez SKP depuis 2017), qui va s’installer sous peu à Lyon. « Nous commençons humblement en termes de ressources humaines avec deux ou trois personnes par site, et avec ensuite l’objectif de croitre rapidement pour accompagner notre développement local », relativise le nouveau Bordelais Luc Anfray. Chez SKP depuis trois ans, c’est donc un senior director (le grade avant celui d’associé) qui gère l’antenne bordelaise. « La philosophie SKP est de favoriser l’initiative entrepreneuriale, quel que soit le grade. Des consultants développent du business sur des sujets qui leur plaisent et qui ne sont pas traités aujourd’hui par exemple. Le fait que je m’occupe du bureau de Bordeaux est dans la même logique », souligne Luc Anfray.

Le Covid a changé la donne

Signe d’ouverture d’esprit de la gouvernance (et de ses deux CEO, allemand et britannique, en fonction depuis deux ans) sur les outils de croissance du cabinet : c’est bien une décision française qui a été validée par le board monde. « La question s’est posée durant la pandémie qui a bien sûr changé la donne. D’un côté l’organisation du travail de nos équipes est devenue plus hybride. Par ailleurs, nos clients se sont adaptés à travailler avec nos consultants à distance », confirme le futur Lyonnais Sébastien Verrot. « Cela s’inscrit dans une logique du cabinet qui souhaite continuer à s’étendre en France. Avec nos vecteurs de croissance qui sont à la fois sectoriels et géographiques, en allant au plus près des PME/ETI comme des grandes entreprises dont le siège social est en région », ajoute Luc Anfray.

Deux villes cibles attractives

Retour aux sources donc pour ces consultants expérimentés qui souhaitent aussi donner un second souffle à leur vie professionnelle jusqu’alors parisienne : une partie de la famille de Luc Anfray habite à Bordeaux, Sébastien Verrot est originaire de Lyon (il y est resté jusqu’aux classes prépas à l’Institution des Chartreux). Mais pas seulement. « L’idée est de proposer une alternative intéressante à nos équipes, dans des villes agréables à vivre, attractives, sources de véritable potentiel de développement commercial, et à quelque deux heures de Paris, tout en conservant une culture commune au sein des trois sites français », précise Sébastien Verrot.

Se poser en région, c’est d’abord l’occasion pour SKP (et une grosse activité consumer et retail, BtoB, TMT et life sciences) de développer un business de terrain. Lyon est un pôle économique notamment bien doté en industrie, BtoB, pharma, où le cabinet a déjà ses clients. L’antenne lyonnaise aura pour mission de renforcer ses liens locaux, de dénicher de nouveaux champions cachés, mais aussi de capter le bassin grenoblois de la French Tech, écosystème à haut potentiel dans les domaines de la pharma, de la recherche et de l’industrie. « L’ADN historique de Simon-Kucher & Partners est de pouvoir servir à la fois des grands groupes, des ETI et des PME. Notre développement en région s’inscrit totalement dans cette approche », soutient le futur patron de l’antenne basée à Lyon.

Autre pôle d’attractivité identifié par les associés de Simon-Kucher Paris alliant l’utile à l’agréable : Bordeaux. « C’est une ville où nous avons historiquement des clients, avec un mouvement de relocalisation des entreprises tech très en vue [Mirakl, Back Market – NDLR]. Ce site bordelais va nous permettre également de conforter notre présence sur des secteurs sur lesquels nous ne pesions pas assez, comme le bassin aéro de Toulouse », pointe Luc Anfray qui a emmené dans ses bagages un jeune consultant du bureau parisien.

Un défi de marque employeur

Mais la raison fondamentale de cette implantation en région reste bel et bien les ressources humaines. Avec une double problématique de fond à laquelle l’ensemble du secteur du conseil en stratégie est confronté : le recrutement et la rétention (relire nos articles dédiés ici et ). Tout est bon pour innover en termes d’attractivité RH du côté des cabinets : on augmente les salaires ou on offre du télétravail sur mesure par-ci, on double les congés pat’ ou on se verdit par-là.

Chez SKP, les associés ont décidé de proposer aux consultants de changer de vie en s’installant en région ou de rester dans sa région d’origine tout en faisant carrière. Le partnership du cabinet va ainsi utiliser une nouvelle corde à son arc pour capter de nouvelles pépites très convoitées : développer la notoriété de la marque employeur auprès des grandes écoles locales et donc de s’ouvrir à des écoles qui ne faisaient pas jusque-là partie des écoles cibles du cabinet. « Nous n’avons pas d’objectifs prédéfinis de recrutement, mais nous allons être très opportunistes et agiles en fonction des besoins de nos clients. Offrir à nos équipes une alternative innovante est un pari que nous pensons collectivement gagnant », ajuste Luc Anfray.

Dans un premier temps, en tout cas, les antennes lyonnaises et bordelaises ne vont pas dépasser trois à quatre consultants (dont le responsable). Mais le partnership de Simon Kucher a une ambition, celle de constituer des équipes équilibrées entre juniors et seniors. Question de crédibilité. « Nous pensons que cette présence senior est indispensable afin de gérer l’équipe et d’amener du knowledge management. Ainsi, nous pourrons faire venir des seniors avec un parcours au sein de SKP avec des typologies de projets complémentaires [Luc Anfray et Sébastien Verrot sont experts BtoB – NDLR] et des seniors issus d’autres cabinets parisiens, parce que nous voulons être en capacité de proposer une palette large de projets », précise Sébastien Verrot, patron de la future antenne lyonnaise.

Grâce à ce lancement en version limitée, le partnership de Simon-Kucher & Partners Paris est très serein, car il prend peu de risques : très peu d’investissements dédiés (ils fonctionnent en coworking), pas d’objectifs de chiffre d’affaires ni de recrutements. Un pari qui, s’il est réussi, donnera le La pour l’ouverture de véritables bureaux cette fois, et fera sans nul doute boule de neige dans d’autres zones géographiques à potentiel, à Marseille ou à Lille, pour ne citer qu’elles…

Simon-Kucher
Barbara Merle
10 mai. 2022 à 12:00
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France
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Simon-Kucher
2022-05-16 07:35:54
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Non
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