« J’ai rejoint Oliver Wyman en grande partie en raison de son réseau LGBT »
Andrew Jakubowski est un consultant américain chez Oliver Wyman. Il fait partie des membres actifs du réseau LGBT du cabinet, appelé GLOW (Gay, Lesbian, Bisexual, Trans and Allies at Oliver Wyman). Il explique le sens de son action et du réseau.
- L’inclusion selon Bain : une « mode » qui fait la différence
- Recrutements dans le conseil en stratégie : atterrissage rapide après l’euphorie post-covid
- Entretiens de recrutement : les RH souvent hors-jeu
- Classement Consultor 2023 de l’attractivité des cabinets de conseil en stratégie
- Recrutements : pourquoi les diplômes « hors cibles » restent l’exception
- Droits LGBTQI+ : le BCG se met aux quotas
- Pour les congés, Bain ouvre la porte au multiculturalisme
- Trois consultants lauréats 2022 de la « cause LGBT »
D’où vient le réseau GLOW ?
GLOW a été créé par un groupe d’employés qui souhaitaient améliorer leur expérience au travail en tant que personnes LGBT affirmées. Peu de temps après avoir créé ce groupe, nous avons reçu un soutien en termes de leadership et financier du cabinet. Tous les membres qui travaillent – sans relâche – à des actions tangibles du réseau GLOW le font en plus de leurs heures de travail.
Combien de membres compte le réseau ?
GLOW est un réseau mondial avec plus de 200 membres (dans vingt pays différents) qui peuvent être, soit des personnes LGBT déclarées, soit des alliés non LGBT. Toutes les personnes ne dévoilent pas forcément leurs identités.
Pourquoi rejoint-on un réseau LGBT ?
Laissez-moi vous parler de l’expérience de trois de nos membres. Sam est née en Russie et y a commencé sa carrière. Elle est lesbienne et ne l’a pas dévoilée pendant de nombreuses années ; elle était dans l’incapacité de le dire à sa famille, à la plupart de ses amis et à son employeur. Quand elle a rejoint Oliver Wyman aux États-Unis, elle a pu faire son coming out d’abord au sein du réseau puis progressivement avec ses collègues et managers. Elle se dit désormais « mieux dans sa peau », « soulagée d’avoir trouvé une communauté ouverte qui la soutient », voire « une famille ».
Hailey est hétérosexuelle, membre du réseau GLOW en tant qu’alliée, car farouche défenseur des droits de l’homme et de l’égalité LGBT. Elle a été la première dans son bureau européen à se déclarer ouvertement membre du réseau, car elle a vu en GLOW le moyen de faire bouger les choses au sein de sa communauté et du bureau qui est devenu l’un des plus importants actifs du réseau.
Pour Hailey, « la diversité est un grand atout, c’est un creuset de créativité. L’inclusion offre un sentiment d’appartenance, d’amitié. Je ne peux même pas compter le nombre de personnes ou d’opportunités incroyables que j’aurais ratées si je n’avais pas cru dans ces valeurs », nous dit-elle.
Pour ma part, j’ai rejoint GLOW pour les mêmes raisons. GLOW a été une occasion formidable de me développer personnellement et professionnellement. Le fait d’être un leader de GLOW m’a permis de conforter mes compétences d’organisateur et de leader, d’élargir mon réseau professionnel au sein et au-delà d’Oliver Wyman. Cela m’a offert des possibilités de mentorat (à la fois pour moi et pour encadrer d’autres leaders émergents). J’ai rejoint Oliver Wyman en grande partie en raison de mes premiers contacts avec GLOW et je suis très heureux de poursuivre ma carrière ici et participer à ce groupe interne.
Quelles difficultés rencontrent les personnes LGBT ?
Communément, les personnes LGBT peuvent se sentir incapables de donner le meilleur d’elles-mêmes au travail en étant préoccupées par la question de leur identité. Elles ressentent le besoin de mentir sur leurs vies privées ou d’éviter certaines discussions. Les LGBT sont parfois la cible de commentaires ou plaisanteries déplacés. Ils se sentent souvent seuls, avec personne avec qui partager leur véritable identité. Au travail, on cherche souvent un mentor. Mais dans de nombreuses entreprises, il est difficile de trouver des personnes LGBT qui auraient le rôle de modèle à un niveau senior.
Dans des déplacements à l’étranger, nos collègues LGBT peuvent aussi être mis à l’écart pour des projets ou opportunités spécifiques à cause d’un client, d’un secteur ou d’un contexte géographique où s’exprime une homophobie. De telles décisions peuvent affecter leurs carrières.
On demande également souvent aux personnes LGBT de se conformer à des normes sociales : on leur dit de ne pas parler ou de s’habiller d’une certaine manière pour effacer leur identité LGBT. Enfin, il arrive aussi qu’elles soient licenciées ou poussées vers la sortie à cause de leur identité.
Pour répondre à ces problèmes, GLOW organise par exemple des sessions de « reverse monitoring » qui consistent en des discussions informelles entre des employés qui s'affirment LGBT et des seniors leaders, partners et managers. Une opportunité pour les personnes LGBT de décrire leurs expériences au travail.
GLOW a-t-il un impact sur le business ?
Le travail de GLOW et la mise en place de politiques claires en matière de non-discrimination ont un impact essentiel sur la capacité d’Oliver Wyman à être plus performant et à délivrer les meilleurs services à ses clients.
Cela augmente la propension de l’entreprise à attirer, recruter et garder les meilleurs talents. Cela améliore l’expérience personnelle des employés en leur permettant de se concentrer uniquement sur leur travail ; cela crée plus de satisfaction au travail et engage à être plus honnête et productif dans sa tâche. Cela renforce les liens avec les clients à travers des partenariats sur des sondages, des grands événements de réseautage, la participation à des conférences. Enfin, cela positionne Oliver Wyman en tant que leader sur la question grandissante de l’inclusion et de la diversité.
Thibaud Vadjoux pour Consultor.fr
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaires (7)
citer
signaler
citer
signaler
citer
signaler
citer
signaler
citer
signaler
citer
signaler
citer
signaler
France
- 14/05/24
La WWOM (Worldwide Officer Meeting) du BCG a procédé il y a quelques jours à 53 élections concernant la région EMEA et l’Amérique du Sud. 6 nouveaux associés rejoignent le bureau de Paris.
- 10/05/24
Sur le marché de l’emploi, la pratique de ces candidats à une embauche, déjà recrutés ou sur le point de l’être, qui du jour au lendemain ne donnent plus aucune nouvelle, est désormais bien identifiée. Le « ghosting » a été amplement documenté dans tous les secteurs de l’économie… au point de toucher à présent des microcosmes tels que le conseil en stratégie ? Ponctuellement, oui, disent à Consultor plusieurs partners et recruteurs. Dans un cercle aussi fermé, les risques réputationnels ne semblent pas effrayer certains candidats.
- 07/05/24
Simulacre, tel est le titre du 2e roman publié par l’alumni de Kéa, François-Régis de Guenyveau. L’ex-consultant de 35 ans, qui a passé près de 8 ans chez Kéa (jusqu’à fin 2022), se voit éditer une nouvelle fois par une maison de la place, Fayard (le premier a été publié chez Albin Michel). Une prouesse pour le jeune auteur inconnu d’un milieu littéraire très fermé.
- 26/04/24
Il avait quitté Circle Strategy en septembre dernier, annonçant alors des projets dans le domaine artistique, et plus particulièrement musical. C’est chose faite. Augustin Van Rijckevorsel, dit Gus, l’un des cofondateurs (en 2019) et ex-président du cabinet, a sorti il y a quelques jours son premier single, « Rester petit », en tant qu’auteur-interprète.
- 23/04/24
Nouveaux locaux pour les équipes du cabinet eleven, créé en 2008 et positionné à la croisée des chemins entre le conseil en stratégie, le digital, la data science et l’IA, qui a tout récemment quitté la place Victor-Hugo pour s’installer sur l’avenue Pierre-Ier-de-Serbie.
- 22/04/24
« Les cabinets de conseil en pleine incertitude » pour Les Échos, « des vagues de licenciement et des embauches gelées » pour Le Figaro, « un avenir plus cyclique pour les consultants » selon le Financial Times… Que se passe-t-il vraiment dans le monde du conseil en stratégie ? Immersion, via plusieurs cabinets, dans des terres dont on ne peut dire pour l’instant qu’elles soient « brûlées ».
- 19/04/24
C’est un partner de près de 13 ans de cabinet qui a quitté McKinsey. Ilan Rozenkopf est spécialisé dans les secteurs de l’aviation commerciale, de la défense et de l’espace. « Je concentre mon travail sur la transformation du business model dans un contexte de rupture de marché et technologique », écrit-il sur son profil LinkedIn.
- 15/04/24
Elle fait office de bras droit du CEO et de chef d’orchestre managérial. La fonction de chief of staff a débarqué en France il y a une quelques années seulement dans le monde de la tech et se développe à vitesse grand V. Un poste taillé sur mesure pour les profils de consultants en stratégie. Six d’entre eux nous font découvrir ce métier couteau suisse qui s’avère aussi un intéressant poste tremplin pour les alumni du conseil.
- 15/04/24
Après l’arrivée/la promotion de 9 partners en 2023 chez Strategy&, 2 autres associés ont quitté récemment l’entité stratégie de PwC : le partner François Aubry, arrivé en 2022 (qui a rejoint Roland Berger), et le partner Guillaume Charly, depuis 2020 au sein du cabinet (qui ne communique pas pour l’instant sur sa nouvelle destination).